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Politique Publié le mercredi 16 septembre 2009 | Nord-Sud

Le président Compaoré au Parlement hier : Mamadou Koulibaly, la fausse note !

Le chef de l'Etat burkinabé, Blaise Compaoré, a communié hier avec les députés ivoiriens. Un évènement historique entaché malheureusement par l'attitude du président du Parlement, jugée «désinvolte» par plus d'un à l'endroit de l'hôte.

Assemblée nationale. Il est 12h17. Le discours du président du Faso, Blaise Compaoré, vient de s'achever. Il est salué par un standing ovation. Signe que son message de paix et d'intégration a été apprécié par les députés fortement mobilisés pour la circonstance. Ceux-ci accompagnent leur hôte en visite officielle à Abidjan depuis la veille, avec des applaudissements nourris jusqu'à ce qu'il regagne sa place. C'est à ce moment précis que Mamadou Koulibaly, président du parlement prend la parole. Premier fait notable et gênant. Pour une séance aussi solennelle, plutôt que de l'accrocher à sa veste comme cela est de coutume, M. Koulibaly tient entre le bout des doigts, comme le ferait un «DJ» à la Rue princesse, le micro cravate dont le fil pend devant lui alors qu'il parle. Deuxièmement, sur sa tenue de ville, il n'arborait aucun insigne distinctif de députés ou président (écharpes ou cocardes). Cela avait pourtant été exigé à tous par un communiqué de son institution (tout le monde l'avait sauf lui). Dans son discours qu'il n'a d'ailleurs pas pris le soin de coucher sur papier, il tente maladroitement (de façon volontaire ou par mégarde ?) de rappeler des propos que lui aurait tenus le chef de l'Etat burkinabé en aparté. En leur donnant l'allure d'un aveu de culpabilité d'un homme politique en déphasage avec les aspirations de son peuple. «Vous m'avez dit tout à l'heure en aparté que hier en Conseil des ministres à Yamoussoukro, vous avez été charmé de voir que les deux gouvernements semblaient se connaître depuis longtemps tellement ils avaient beaucoup de plaisir à travailler ensemble. Les peuples de Côte d'Ivoire et du Burkina ont aussi plaisir à travailler ensemble. Tout le monde dit que ça ne dépend que des hommes politiques. C'est aux hommes politiques de faire les grands sauts», se permet-il d'affirmer. La mauvaise exploitation de cette confidence ( ?) et le ton désinvolte avec lequel Mamadou Koulibaly s'adresse au premier des Burkinabé (il ne l'a pas désigné une seule fois par le titre protocolaire de « excellence ») a choqué plus d'un. Avant cela, plusieurs autres faits et gestes ont caractérisé la mauvaise attitude du député de Koumassi vis-à-vis de l'hôte burkinabé et de l'ensemble des personnalités présentes. Lorsqu'il prend la parole en ouverture de la session extraordinaire, M. Koulibaly ne fait aucunement mention du rôle de facilitateur joué par M. Compaoré dans le règlement de la crise ivoirienne. Un hommage que le peuple ivoirien se devrait pourtant, par la voix de ses représentants à l'hémicycle, de lui rendre ce jour. Le patron des députés omet également (cela ressemble plus à un refus) de faire mention des institutions représentées à ce rendez-vous historique (le gouvernement quasiment au grand complet et les présidents d'institutions - Ces, Conseil constitutionnel…). Tous installés au premier étage de la bâtisse, la présence de ces hauts commis de l'Etat a été totalement ignorée. Même la présence des chefs d'Etat-major des deux armées ex-belligérantes (Fds-CI et FaFn) dont il gagnait là l'occasion de relever la collaboration, gage du succès de l'Accord de Ouaga semblait lui avoir échappé. C'est surtout lorsque le président de la session extraordinaire des parlementaires s'autorise à indiquer à son hôte qu'il était en vacances avec ses collaborateurs lorsque l'on leur « a demandé» de venir l'écouter qu'il inquiète sérieusement autour de lui. «Mais, qu'est-ce qu'il raconte ?», interroge, visiblement choqué un participant dans la salle. Ce rappel très mal placé de M. Koulibaly donne fâcheusement l'impression que le plaisir qui devrait présider cette rencontre le dispute plutôt au supplice. Son comportement est d'autant plus singulier que le parti auquel il appartient (le Front populaire ivoirien) est allié depuis le mercredi 17 septembre 2008 à celui de Blaise Compaoré (Cdp - Congrès pour la démocratie et le progrès). Des gestes qui, faut-il le relever, se situent aux antipodes de ceux qu'il a été donné de voir chez son patron, Laurent Gbagbo. Le chef de l'Etat ivoirien n'avait pas hésité à faire prendre un soin particulier à la capitale politique (les drapeaux des deux pays mis au vent de l'aéroport au centre-ville - des coups de canon à l'accueil) pour dire Akwaba à son homologue. La prestation de Koulibaly hier a, elle, plutôt été perçue par beaucoup dans l'entourage du président du «Pays des hommes intègres» comme du «mépris». Pis, un «sabotage».
Cela n'aura toutefois pas empêché M. Compaoré de communier avec les députés. Il a posé avec eux pour une belle photo de famille avant de se retrouver ensemble dans la salle des fêtes autour d'un cocktail. Lieu où les échanges se sont poursuivis dans une ambiance bon enfant. Le groupe parlementaire du Fpi était représenté au grand complet à la rencontre (notamment la député d'Abobo Simone Gbagbo). Affi N'guessan était d'ailleurs le seul président de formation politique présent. Dans son allocution, le fondateur du Cdp avait transmis les «chaleureuses salutations du peuple burkinabè, qui voit en la Côte d'Ivoire (…) un partenaire et un allié irremplaçable». Il a rappelé qu'une crise secoue le monde. Et que ses conséquences dramatiques pour l'économie des pays africains «imposent de consolider les initiatives d'intégration, afin de bâtir un espace solidaire et stable capable de résister aux vicissitudes d'une mondialisation débridée».

Djama Stanislas
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