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Art et Culture Publié le samedi 19 septembre 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Bito - La fin des illusions

Que de chroniques et d’articles de journaux ont porté ce titre ! Et même des ouvrages. Mais je n’avais pas le choix. C’est le seul titre valable pour ma chronique. Souvenez-vous de 1999. Yaguine, 14 ans et Fodé, 15 ans, quittent leur pays, la Guinée, « accrochés au train d’atterrissage d’un Airbus de la SABENA «Ils resteront, à jamais, le symbole de l’échec de l’immigration. Dans les lettres trouvées dans leurs poches ils écrivaient que l’Afrique était trop difficile. A cet âge ! Dieu n’a pas voulu qu’ils voient cet eldorado tant rêvé. Ils seraient revenus de leur illusion. Et Omar Ba, un Sénégalais, 29 ans, étudiant en sociologie, et travaillant dans une ONG, tente de convaincre les jeunes Africains que l’Europe n’est pas le paradis dont il rêve. « Je veux faire comprendre aux jeunes d’Afrique que cette Europe ne vaut pas de risquer sa vie, car on y vit, comme partout ailleurs, avec des souffrances, des impasses et des échecs récurrents. » Il vient de publier aux éditions Max Milo, un ouvrage intitulé : « Je suis venu, j’ai vu, je n’y crois plus. » Par ce livre, il veut soulager sa conscience et dire la vérité à ses frères sur cet eldorado imaginaire et démystifier l’Occident et tous les immigrés qui viennent en vacances renforçant davantage l’illusion d’une jeunesse africaine désemparée par le chômage et le manque d’emploi. Dommage qu’Oumar Ba se fasse publier en Europe, rendant, par le prix, son livre inaccessible aux jeunes africains auxquels son livre est destiné. Toutefois, des Etats Africains peuvent racheter les droits et reproduire ce livre à des millions d’exemplaires pour les distribuer gratuitement. Mais quel Etat africain ? Ils sont presque tous englués dans les difficultés de trésorerie. Le livre n’est pas leur priorité. Les salaires et les remboursements des dettes sont leur priorité et un peu le football, véritable opium du peuple. Oumar Ba nous présente un tableau triste de la vie que mènent, en Europe, les Africains et les Européens. Une vie de souffrance, de solitude et de toutes les difficultés. Il prend pour preuve les médicaments antidépresseurs consommés comme des bonbons dans ces pays. Comme il l’écrit, les gens étouffent dans ces paradis qui ressemblent à des enfers. Dans son sous chapitre : « Les Européens ne sont pas riches. » le jeune auteur sénégalais écrit : « En Europe, ils sont tels des prisonniers, aussi bien chez eux que dans leur travail. Certains se suicident, sombrent dans la drogue ou les anxiolytiques. » Tout comme en Amérique où les gens étouffent de dettes et de factures, les travailleurs en Europe noient sous les dettes et un travail inhumain. Il en veut à tous ces immigrés africains qui reviennent en vacances au pays, faire le faro, après s’être endettés pour des mois ou des années. Surtout qu’ils sont adulés par les jeunes filles et les femmes. Alors, ils ne disent rien de leur vraie situation, en France ou ailleurs, renforçant l’illusion de la jeunesse africaine sur la possibilité de réussir en France ou ailleurs. Ainsi, des jeunes Africains continuent de mourir, chaque jour, dans la mer. Alors, Ousmane Ba veut parler, jouer franc-jeu pour éviter l’assassinat de toute une génération. Il accuse le système éducatif d’avoir fortement contribué à l’illusion de cette jeunesse. Pour lui, les ouvrages ne font que montrer le côté positif de l’Occident. Dans son livre, il revient assez souvent sur ce thème. A mon avis, la faute ne revient pas aux manuels scolaires mais à la télévision principalement. Il en parle un tout petit peu par une proposition. « Il faudra par exemple réfléchir à des programmes télévisés plus réalistes qui n’hésitent pas à montrer les défauts de l’Europe tandis que d’autres devront apporter une image plus positive de l’Afrique, en donnant enfin des exemples d’initiatives qui fonctionnent sur le continent noir. » Quelle télévision africaine oserait le faire ? La réaction de l’Occident sera brutale. Des crédits seront coupés à nos pays. On sera tous au « Zimbabwé » ou la Guinée de Sékou Touré. Le «petit» sénégalais termine son livre par de nombreuses pages sur le retour en Afrique. Il a décidé de contribuer à la propagande sur le retour au pays. Il prend des exemples de certains qui ont bien réussi ce retour. Il propose de donner aux jeunes diplômés de retour le même salaire que nos Etats donnent aux expatriés. Une usine à Saint-Louis a été obligée de faire venir des travailleurs de l’Ouzbékistan avec les mêmes salaires qu’on aurait pu donner aux Sénégalais partis et qui ont refusé le poste. Ces Ouzbeks ont réussi mieux que les immigrés. Et ce pays, dans tous les classements, devance tous les pays africains subsahariens. Mais, enfin , écrit-il, pourquoi les Africains acceptent d’aller travailler dans les champs en Europe et refusent de le faire chez eux ? L’auteur termine ainsi : « Il est temps de dire aux jeunes Africains que hormis l’emprunt bancaire, le seul moyen pour un émigré de faire construire une maison en moins de cinq ans au pays natal, est de se livrer à des activités douteuses en Europe : la drogue ou la prostitution. Il n’y a pas mille solutions. » Triste et révoltant. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine !
Par Biton Koulibaly
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