Il était un virtuose de l’art. Producteur d’artiste, arrangeur et musicien hors pair, Marcellin Yacé a favorisé, jusqu’à sa mort tragique ce jour du 19 septembre 2002, l’éclosion de nombreux talents sur la scène musicale ivoirienne et africaine. 7 ans après la disparition de celui qui était considéré comme un ‘’génie’’ par ses contemporains, l’IA a décidé de faire un flash back sur la vie de l’homme. Mais, est-il possible de parler de la vie de Marcellin Yacé sans parler de son aventure avec le groupe ‘’Woya’’ ? Décryptage d’une vie au service de l’art. 19 septembre 2002-19 septembre 2009. Sept années se sont déjà écoulées depuis que Marcellin Yacé a tragiquement quitté la Terre des Hommes. Né le 5 juin 1963 à Treichville, Marcellin est issu d’une famille de six enfants, dont trois sœurs et deux frères. Avec un père musicien saxophoniste qui a présidé à sa formation musicale dès le bas âge, Marcellin aura eu un boulevard tout tracé vers la destination musique. Et c’est tout naturellement que, mu par cette passion, il met en place et encadre dans les années 1980, à l’initiative de feu Konian Kodjo Félicien, ancien maire de Divo, un groupe de jeunes talents ruraux, afin d’animer la commune de Divo et de la représenter lors des compétitions artistiques nationales. Au nombre de ces jeunes loups qui deviendront plus tard des références sur la scène musicale ivoirienne, on note David Tayorault et Manou Gallo qui n’avait que 13 ans lorsqu’elle intégrait le groupe en 1985. Mais déjà, avec ce groupe, Marcellin venait là, d’amorcer une nouvelle aventure qui le conduira quelques années après au summum de son art. En 1984, la bande qu’il dirige est renforcée par des artistes beaucoup plus expérimentés, dont Marino (paix à son âme), Billy Syncop, Ano César et Tiane (Detchéké Christiane). Managé de main de maître par François Konian, « Le Boss », ce groupe devient un super groupe appelé ‘’Woya’’ qui sillonnera pendant toute une décennie la sous-région ouest africaine pour livrer des spectacles avec un succès remarquable qui sort, de son ornière, la musique de fanfare ivoirienne. A preuve, des titres phares comme « Kacou Ananzè » et « Chèque sans provision » ont joué, des années durant, sur des milliers de postes de radio en Afrique de l’ouest. Vers 1988, le groupe se disloque, et Marcellin et Manou Gallo (sa fille spirituelle et artistique) s’en vont pour Abidjan. En 1993, quand Manou Gallo dépose ses valises auprès de la grande prêtresse de la culture, Wêrê Wêrê Liking, dans le ‘’Village Ki-Yi’’, Marcellin, lui, se consacre à la promotion des jeunes artistes ivoiriens. Il marquera de son empreinte de génie et par sa créativité, plusieurs générations de musiciens et de mélomanes. Sa solide formation musicale a fait de lui un musicien, dit-on, très versatile pouvant aisément créer, non seulement, tout un album de hit Zouglou ou Reggae, comme ce fut le cas avec ‘’Les poussins chocs’’ et Serges Kassy; mais aussi pouvant assurer les arrangements et l’exécution des parties de flûtes, saxophones, et synthétiseurs lors des concerts. Marcellin Yacé a assuré la production sous divers labels de hits dans le studio familial à la Cité des Arts de Cocody, et la liste des artistes ayant bénéficié de son génie musical, est même très longue. Jusqu’à sa mort brutale en septembre 2002, Marcellin s’est construit et a su maintenir au plus haut niveau, une réputation « d’arrangeur à la touche magique » de « faiseur de hits ». Pour Khady Bomou, promotrice d’art ivoirienne, un artiste de la trempe de Marcellin Yacé ne doit pas mourir complètement avec ses œuvres. Marcellin, explique-t-elle, était un artiste complet. Son humilité, son professionnalisme et son amour pour le travail bien fait forçaient l’admiration. Se souvenir de lui pour célébrer les valeurs et les qualités artistiques qu’il a incarnées, est d’autant plus important que son parcours peut même servir d’exemple aux générations actuelles et futures. C’est donc à juste titre qu’un festival portant son nom et destiné à lui rendre hommage est organisé cette année (du 19 septembre au 3 octobre 2009) afin de célébrer la créativité et l’excellence dans l’art. La mort de Marcellin Yacé restera plus que jamais gravée dans la mémoire de tous les Ivoiriens et même du monde entier. Pour rappel, Marcellin Yacé a été tué d’une balle aux premières heures de la crise armée, le jeudi 19 septembre 2002, à 4 h du matin à la Cité des Arts de Cocody. Il se raconte même que, sorti de sa voiture, Marcellin s’est traîné jusqu’à 6 heures, de porte en porte pour demander de l’aide, mais aucune ne s’est ouverte. Hélas ! Mille fois hélas !
Réalisé par DY
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