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Économie Publié le samedi 19 septembre 2009 | Nord-Sud

Terminaux téléphoniques : Les “chinetocs” bousculent le marché ivoirien

Les téléphones portables de fabrication chinoise sont de plus en plus prisés sur le marché local. Ces appareils qui sont pour la plupart des produits contrefaits sont diversement appréciés par les abonnés.

La grosse mutation qui s’opère dans le marché du mobile bouleverse progressivement les habitudes chez les abonnés. Les nouvelles offres en provenance de Chine menacent la physionomie actuelle du marché marquée par la présence des marques légales et traditionnelles telles que Nokia, Samsung, Sony Ericsson, Motorola,... Appareils contrefaits et à double carte Sim (puces), ces inventions chinoises permettent à l’abonné d’utiliser grâce à un même téléphone et simultanément, les réseaux de deux opérateurs distincts. D’ailleurs, seule la marque Samsung (D780, D880,…) produit en ce moment des portables à double carte Sim. On note à cet effet, une gamme variée de téléphones portables chinois aux options innovantes que les usagers n’hésitent plus à acquérir. L’on est émerveillé une fois à Treichville, non loin du Palais des sports, où ont été relocalisés les vendeurs d’appareils mobiles, de lecteurs Dvd-Vcd et autres accessoires téléphoniques. La disposition des magasins (de petits conteneurs aménagés) fait penser à une foire.


L’imitation des grandes marques

A l’intérieur, les portables sont bien rangés les uns à côté des autres. Il est souvent difficile de distinguer les marques originales et les marques contrefaites au nombre desquelles figure le géant finlandais Nokia, cible privilégiée des imitations chinoises. Elles sont représentées par de simples jeux de lettres pour créer souvent la confusion dans la tête du client. C’est par exemple le cas du Nokia E71 (on peut lire aussi Nokla, cela traduit la dextérité avec laquelle ces imitations sont faites) avec différentes options : un appareil photo, une camera, une radio, un écran télé, les Mp3-Mp4 et Bluetooth, une carte multimédia. Le tout à 50.000 Fcfa, contrairement à l’original dont le prix n’est pas moins de 70.000 Fcfa. Malgré ces options, la majorité de ces appareils contrefaits n’ont pas d’accès internet. Une limite.

Des blackberry et des iPhone à écran tactile sont également d’autres copies de la filière chinoise qui font rêver. Une véritable flopée qui oppose une concurrence déloyale aux entreprises inventrices et par voie de conséquence impacte négativement l’économie nationale. Ces appareils à multiples options sont vendus respectivement à 60.000 et à 50.000 Fcfa. Pourtant, pour les marques légales très en vogue du BlackBerry du fabricant canadien Research in motion (Rim) et de l’iPhone américain, les offres tournent autour de 350.000 Fcfa pour la première et 400.000 Fcfa pour la seconde. Ces clones chinois sont donc proposés aux clients avec une promesse de fiabilité mais des défauts de fabrication surviennent très souvent. «Aujourd’hui, ce sont les téléphones cellulaires chinois qui sont en vogue. Ils marchent très fort et concurrencent de plus en plus les marques originales. Au début, les clients se plaignaient beaucoup de la mauvaise qualité de ces appareils, mais au fur et à mesure, leurs récriminations diminuent. C’est le signe qu’il y a quelques améliorations. Nous prenons tout de même le soin d’accorder une semaine de garantie aux clients pour régler les cas éventuels de défaillance technique», explique Koné Abdoul, l’un des vendeurs à Treichville. Selon lui, de nombreux clients avaient du mal à manipuler ces appareils à cause des problèmes de réglage. «Quand ils reviennent nous voir, ils se rendent compte que l’appareil n’avait pas de défaut majeur. Mais, il arrive que certains appareils bien que neufs, cessent de fonctionner après quelques jours d’utilisation. Dans ce cas, on le substitue par un autre», précise le commerçant. Ses appareils proviennent par voie aérienne de la Chine et de Dubaï. Il arrive à écouler en moyenne 5 voire 10 portables chinois par jour quand le marché est favorable. Koné Abdoul reconnaît qu’avec la percée des mobiles en provenance de l’empire du Milieu, leur activité retrouve une seconde vitalité. D’autant que les appareils originaux aux options novatrices se vendent difficilement et restent par conséquent longtemps dans les rayons du fait de leur coût élevé. Simon Pierre N’Drin, un autre commerçant, tenant un box en ce lieu, soutient que sur 5 clients qu’il reçoit, au moins 3 achètent immédiatement les imitations chinoises. En plus des plagiats, ce revendeur propose aussi d’autres marques propres aux asiatiques telles que Tecno, Q7, G-tide,… des appareils livrés tous à 28.000 Fcfa, l’un. «Certains labels comme Nokia ne fabriquent pas pour le moment de portables à deux puces. Or, cela n’est plus un mystère pour les chinois. Donc, de nombreux clients préfèrent avoir ce type de portable qui est tout de même innovant. Nous livrons également des modèles chinois à une puce à 25.000 Fcfa avec des options intéressantes», souligne-t-il. Avant d’ajouter que ces appareils ont souvent de sérieux problèmes avec leurs chargeurs. Mais qu’à cela ne tienne. Ces mobiles, à bon marché, sont de plus en plus demandés par les usagers. A Koumassi tout comme au Black market d’Adjamé, la vente de portables chinois est devenue un gros marché pour les opérateurs économiques. Il est difficile de se frayer un chemin entre les magasins qui se font face. D’autant que chaque passant à tendance à ralentir ses pas et jeter un coup d’œil sur les appareils disposés derrière les vitres. Leur nombre et les différents modèles séduisent facilement. Là encore, les Gsm chinois semblent mettre les appareils originaux à rude épreuve. Le petit magasin d’Alassane Afobi (un grossiste) ne désemplit pas ce lundi 14 septembre. Les revendeurs et autres clients viennent successivement renouveler ou effectuer de nombreux achats ou des commandes.


Avis partagés des abonnés

«Quelle que soit la marque chinoise que je vends, le prix n’excède pas 40.000 Fcfa. La demande s’exprime chaque jour. Donc, nous sommes obligés de répondre présent afin de faire le maximum de bénéfice. En tant que grossiste, nos appareils proviennent de Dubaï et du Nigeria où mon frère se rend souvent pour y faire des achats. Je fournis de nombreux revendeurs ici à Adjamé et à Abobo», révèle Alassane Afobi qui a failli abandonner les ventes des «chinetocs» (une boutade qui désigne les appareils chinois) à cause des nombreuses jérémiades des clients. Les avis sont toutefois partagés chez les abonnés téléphoniques au sujet de la qualité de ces appareils imités. Si certains estiment que l’on peut compter avec ces mobiles chinois, d’autres par contre, préfèrent s’en méfier pour l’instant. «J’avais beaucoup d’appréhension sur ces portables chinois à cause des commentaires négativistes et excessifs de certaines personnes. Mais j’ai voulu essayer quand même. Cela fait quasiment deux ans que j’ai acheté un téléphone de marque Tecno. J’avoue que je n’ai jamais eu de problèmes avec cet appareil. Bien qu’il ait eu à un moment donné, des chocs violents», se réjouit Koné Drissa, un opérateur économique qui tenait tout de même à troquer son téléphone portable. «Aujourd’hui, je suis venu échanger mon appareil non pas parce qu’il est défaillant, mais je voulais prendre une nouvelle marque chinoise (Nokia N71) qui, pour moi, est un peu à la mode», explique-t-il. Selon lui, du fait de leur option à double puce, ces imitations et autres mobiles chinois permettent à l’abonné de faire des économies surtout pour ceux qui ont des revenus modestes. «Imaginez que vous devez acheter deux portables originaux à multiples options à raison de 60.000 Fcfa au minimum l’un. Les deux téléphones vous reviennent à 120.000 Fcfa. Alors qu’avec 50.000 Fcfa, vous pouvez vous procurer un iPhone chinois avec deux puces. Economiquement, c’est vraiment jouable. Et c’est moins encombrant», fait remarquer Koné Drissa. D’autres amateurs du mobile considèrent que des améliorations doivent être apportées aux clones asiatiques. «Au plan visuel, il est loisible de reconnaître, par exemple, que les blackberry, iPhone et Samsung chinois sont une réussite. Mais dans la majorité des cas, ces appareils souffrent d’une sérieuse défaillance au niveau de la sonnerie qui est généralement très agressive et percutante», critique Konan Servais, contractuel en zone portuaire. Avant d’affirmer que les fabricants chinois préfèrent doubler les batteries pour leur donner plus de chance dans l’usage. «C’est une solution palliative que les chinois ont trouvée. De plus en plus, ces appareils viennent également avec des câbles, afin de permettre aux usagers de recharger leurs appareils à l’aide des ordinateurs», apprécie-t-il. Convaincu qu’elles n’ont pas encore la dimension des grandes marques mondiales. Cependant, d’au­tres abonnés jugent les «chinetocs» trop douteux et s’en détournent. C’est le cas de Coulibaly E, agent commercial, qui n’y songe même pas. Il fait preuve de rationalité. «Je ne peux pas m’aventurer dans l’achat des portables chinois. Les produits chinois ont certes des prix abordables, mais ils demeurent moins résistants et se plantent régulièrement. Donc je préfère payer un portable d’origine que je peux garder aussi longtemps que je le souhaite», laisse entendre l’agent commercial. Malgré tout, les «chinetocs» semblent faire l’affaire des économiquement faibles.

Cissé Cheick Ely
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