Le président burkinabè, Blaise Compaoré, facilitateur dans la crise ivoirienne, s'est rendu le 16 septembre à Mama, village natal de Laurent Gbagbo. Un déplacement qui déclenche des critiques dans l'arrière-cour de l'opposition ivoirienne.
Lors de son récent séjour en Côte d'Ivoire le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré a pris le soin de renvoyer l'ascenseur à son hôte Laurent Gbagbo. Arrivé à Yamoussoukro le 15 septembre pour une visite d'amitié et de travail de quatre jours en terre ivoirienne, l'ancien capitaine de l'armée burkinabè s'est rendu dès le lendemain à Mama, village natal de M. Gbagbo. C'est sans doute pour montrer combien il était reconnaissant au chef de l'Etat ivoirien qui s'était rendu à Ziniaré le 28 juillet 2008, dans les mêmes conditions, c'est-à-dire lors d'une visite d'Etat. Blaise Compaoré a fait remarquer à propos du processus électoral que « l'important, c'est de ne pas bâcler le processus». Ces mots n'ont pas manqué d'irriter l'opposition ivoirienne. Alors que les principaux ténors de cette opposition ont fait du respect de la date du 29 novembre pour la tenue de l'élection présidentielle, leur cheval de bataille, cette sortie de Compaoré a agacé plus d'un parmi eux. C'est un peu comme si le président du Faso venait de jeter ainsi un trouble de plus dans l'esprit des militants, argue-t-on dans certains états-majors, ajoutant que : «Puisque le président Compaoré devait rencontrer à Abidjan la classe politique, il aurait pu faire l'économie de cette déclaration qui ne devrait intervenir au mieux qu’au terme de son séjour en Côte d'Ivoire », murmurent quelques cadres et militants de l'opposition. Poussant la critique plus loin, certains sont allés jusqu'à fustiger le fait que le facilitateur dans la crise ivoirienne ait choisi de se rendre dans le village de son homologue Laurent Gbagbo. Pour eux, ce geste de l'hôte de la Côte d'Ivoire aurait dû se dérouler tout au plus dans un cadre privé. « M. Compaoré n'est pas un simple chef d'Etat ami en visite d'Etat chez nous. Il est le facilitateur et à ce titre, il doit être neutre et impartial à l'égard de tous les protagonistes, y compris de Laurent Gbagbo. Il est vrai qu'il peut rendre la pareille à son ami qui était chez lui en 2008 mais vu sa position, il aurait pu attendre la fin de sa visite d'Etat pour se rendre à Mama à titre privé. Pour nous, en dépit des justifications convaincantes, ce voyage est suspicieux, tranche-t-on dans les rangs de l'opposition ivoirienne. Certains de nos interlocuteurs rappellent que ce sont des accointances de ce genre qui ont disqualifié l'ancien médiateur Thabo Mbéki. C'est donc à l'évidence un carton jaune que ces cadres et militants de l'opposition décernent déjà au facilitateur Blaise Compaoré.
Marc Dossa
Lors de son récent séjour en Côte d'Ivoire le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré a pris le soin de renvoyer l'ascenseur à son hôte Laurent Gbagbo. Arrivé à Yamoussoukro le 15 septembre pour une visite d'amitié et de travail de quatre jours en terre ivoirienne, l'ancien capitaine de l'armée burkinabè s'est rendu dès le lendemain à Mama, village natal de M. Gbagbo. C'est sans doute pour montrer combien il était reconnaissant au chef de l'Etat ivoirien qui s'était rendu à Ziniaré le 28 juillet 2008, dans les mêmes conditions, c'est-à-dire lors d'une visite d'Etat. Blaise Compaoré a fait remarquer à propos du processus électoral que « l'important, c'est de ne pas bâcler le processus». Ces mots n'ont pas manqué d'irriter l'opposition ivoirienne. Alors que les principaux ténors de cette opposition ont fait du respect de la date du 29 novembre pour la tenue de l'élection présidentielle, leur cheval de bataille, cette sortie de Compaoré a agacé plus d'un parmi eux. C'est un peu comme si le président du Faso venait de jeter ainsi un trouble de plus dans l'esprit des militants, argue-t-on dans certains états-majors, ajoutant que : «Puisque le président Compaoré devait rencontrer à Abidjan la classe politique, il aurait pu faire l'économie de cette déclaration qui ne devrait intervenir au mieux qu’au terme de son séjour en Côte d'Ivoire », murmurent quelques cadres et militants de l'opposition. Poussant la critique plus loin, certains sont allés jusqu'à fustiger le fait que le facilitateur dans la crise ivoirienne ait choisi de se rendre dans le village de son homologue Laurent Gbagbo. Pour eux, ce geste de l'hôte de la Côte d'Ivoire aurait dû se dérouler tout au plus dans un cadre privé. « M. Compaoré n'est pas un simple chef d'Etat ami en visite d'Etat chez nous. Il est le facilitateur et à ce titre, il doit être neutre et impartial à l'égard de tous les protagonistes, y compris de Laurent Gbagbo. Il est vrai qu'il peut rendre la pareille à son ami qui était chez lui en 2008 mais vu sa position, il aurait pu attendre la fin de sa visite d'Etat pour se rendre à Mama à titre privé. Pour nous, en dépit des justifications convaincantes, ce voyage est suspicieux, tranche-t-on dans les rangs de l'opposition ivoirienne. Certains de nos interlocuteurs rappellent que ce sont des accointances de ce genre qui ont disqualifié l'ancien médiateur Thabo Mbéki. C'est donc à l'évidence un carton jaune que ces cadres et militants de l'opposition décernent déjà au facilitateur Blaise Compaoré.
Marc Dossa