Dans un style simple, descriptif et plein de réalisme, « Les sous-sols du paradis », dernier roman de Désiré Anghoura, passe au scanner la vie des immigrés africains en France. A travers une belle histoire sur l’immigration, l’auteur fait voyager son lecteur dans les rues de la capitale française où vivent de nombreux africains à la recherche du bonheur, « le paradis ». Il scrute les difficultés auxquelles sont confrontés ces candidats au bonheur. Incapables d’atteindre leur objectif et face à la réalité parisienne, ceux-ci tentent de survivre dans une ville qui leur est hostile à plusieurs niveaux. « La neige tombait sans arrêt, et dire que le gardien faisait le pied de grue pendant huit heures bien comptées… Une vieille dame qui passait le salua et ajouta : « Monsieur, il fait froid. Un froid à ne pas mettre un chien dehors. Vous avez tort de laisser votre soleil d’Afrique… ». Le jeune gardien est Sery Bi Kouagny. Comptable de profession, il a quitté sa terre natale pour le pays des Blancs pour « passer son Brevet de technologie supérieur » (Bts) en comptabilité. Un rêve qui se transforme en cauchemar. Incapable d’avoir des papiers parce qu’il n’a pas de travail et vice versa, la réalité l’oblige à vivre dans la clandestinité, « le noir ». L’histoire de Sery Bi Kouagny est semblable à celle de nombreux aventuriers dans le pays des Blancs. Le style « N’zassa » dont se réclame l’auteur permet à travers une écriture regroupant prose et vers, le tout coloré d’un réalisme appuyé, de mettre en relief les difficultés auxquelles sont confrontés les chercheurs du paradis. Au fin fond de Paris, ils font tout pour ne pas se faire prendre et sont parfois exploités par leurs confrères à qui ils doivent leur présence à Paris. Sans logis, avec de faux papiers, ils vivent dans les sous-sols de la ville lumière. Où la vie s’oppose à la survie et la galère au bonheur. Et quand leur chemin rencontre celle de la police, il s’en suit un discours, qui de loin favorise le clandestin : « Où est ton titre de séjour ? Quel titre ? Quel séjour ? Vous appelez cela séjour ?... ». Et la fin des échanges se déroule parfois dans un avion charter en direction de l’Afrique. Cette Afrique que les chercheurs de bonheur ont blâmée et évitée, car synonyme de honte et de raillerie. Ceux qui n’arrivent pas à supporter l’affront, deviennent des fous car, engloutis par leur rêve et leur bonheur qui se brisent. Sery bi Kouagny fait partie de ceux-là.
S.A.
S.A.