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Art et Culture Publié le mardi 22 septembre 2009 | Nord-Sud

Abengourou - Bâtiments délabrés, manque de ressources… : Le centre de peinture agonise

Creuset de l’art naïf ivoirien, le Centre de peinture artistique Charles Bieth d’Abengourou a perdu son lustre après 40 ans d’existence. Une cure de jouvence s’impose.

Bâtiments dégradés, murs lézardés, le Centre de peinture artistique Charles Bieth d’Abengourou perd progressivement ses couleurs 40 ans après sa création. Les bancs et tables déjà insuffisants sont hors d’usage. Au dortoir, le constat est amer. Le tableau est terne et triste. Les lits au nombre de 86 sont d’un autre âge. C’est la seconde mort des fondateurs rentrés définitivement en France en 1993 après avoir cédé l’établissement aux jeunes qu’ils ont formés. Ce centre a été créé par le couple de coopérants français, Charles Bieth (Professeur d’histoire et géographie) et Marguerite Bieth (Médecin). Pour matérialiser leur amour pour l’art. D’où la transformation de leur résidence en une école de formation artistique et professionnelle. Très vite, le centre va acquérir une dimension internationale. Mais aujourd’hui, c’est un décor sombre qui accueille le visiteur. En ruines, le centre n’attire plus. Les élèves n’arrivent plus qu’au compte-gouttes. Sans subvention, les responsables sont essoufflés par les charges. Ils ne comptent que sur les ressources générées par les inscriptions des élèves (22.500 Fcfa par an), la location des chambres du foyer (30.000 Fcfa par an et par élève) et la vente des travaux réalisés par les élèves. Charles Bieth et son épouse étaient les principaux financiers de l’école jusqu’à leur mort respectivement en 1999 et 2000.

Un salaire de 15.000 Fcfa pour les enseignants

Conséquence, les enseignants se sont retrouvés dans une situation sociale assez difficile. « C’est du bénévolat que nous faisons en tant qu’enseignants. Nous gérons le quotidien à partir de quelques petits contrats. L’indemnité mensuelle de 15.000 Fcfa que nous percevons, est insignifiante. Nous ne voulons pas laisser le centre mourir. C’est pourquoi nous tenons à y rester malgré les difficultés», se désole Grandan, un ancien élève de l’établissement devenu formateur. Le centre artistique Charles Bieth est une œuvre sociale créée dans le but d’occuper et d’aider sainement tous les jeunes déscolarisés et sans soutien. Il est aussi ouvert aux personnes handicapées et tous ceux qui désirent apprendre les arts plastiques, afin qu’ils puissent se prendre en charge. La formation en peinture est basée sur l’art naïf (tendance picturale qui relate les réalités de la vie quotidienne africaine) dont Augustin Kassi est l’un des principaux animateurs. Malgré la somme forfaitaire imposée aux étudiants, les inscriptions tardent. «Les étudiants attendent le dernier moment pour s’inscrire, alors que nous avons de nombreuses charges. A savoir, le salaire des enseignants, l’eau, l’électricité, le téléphone, etc. Nous avons des difficultés pour joindre les deux bouts. Nous ne bénéficions ni d’une subvention de l’Etat, ni d’une aide quelconque », déplore Adoni Honora Kouacou, le directeur du centre. Séparés par une clôture, le Conservatoire régional des arts et métiers d’Abengourou (Crama) et le centre Bieth sont des établissements artistiques à l’intérieur du pays qui accueillent des exclus du système éducatif. Ils récupèrent ces enfants pour les former à moindre coût. Luttant ainsi contre le chômage et contre la délinquance. Le directeur ne comp­te pas renoncer à sa mission et est plein d’espoir. « Nous continuerons la sensibilisation des parents à inscrire leurs enfants dans notre centre. Car quoi qu’on dise, le dessin nourrit son homme. Nous projetons établir un partenariat avec l’alliance franco-ivoirienne afin d’améliorer la qualité de la formation en associant au personnel existant, des enseignants des lycées et collèges qui interviendront comme vacataires», se console-t-il.

Des autorités locales insensibles

Le passé rayonnant du centre Bieth a favorisé l’insertion socioprofessionnelle de nombreux jeunes de la cité royale. L’on peut citer en exemples Augustin Kassi, la tête de la tendance picturale naïve, Diguemdé Souleymane qui vit aujourd’hui au Sénégal, Idrissa Diara, Ligoss, pour ne citer que ceux-là. Pour cela, Adoni Honora fait appel aux autorités locales qui jusque-là sont restées indolentes face aux préoccupations du centre. « Nous avons toujours sollicité l’aide des autorités de l’Indénié, les personnes de bonne volonté et même les anciens élèves de l’école qui ont une situation sociale meilleu­re. Depuis 2007, nous attendons la promesse faite par le conseil général de nous octroyer une aide financière», espère-t-il.

Koffi Jean Luc, correspondant régional
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