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Politique Publié le samedi 26 septembre 2009 | Notre Voie

Hôte du centre d’études stratégiques internationales : Gbagbo séduisant à Washington

Invité du centre d’études stratégiques internationales à Washington, jeudi dernier, le président Laurent Gbagbo a fait une brillante présentation de la situation ivoirienne. Et visiblement, il a convaincu son auditoire.

Un standing ovation de près d’une minute. Une atmosphère de satisfaction générale après le mot de fin du président Laurent Gbagbo. De nombreuses congratulations et félicitations à l’endroit du président ivoirien. Jeudi dernier, Laurent Gbagbo a véritablement séduit tous les experts en développement, journalistes et autres spécialistes en tous genres qui avaient fait le déplacement au Centre d’études stratégiques internationales pour écouter le chef de l’Etat ivoirien sur le thème : «Côte d’Ivoire : défis et opportunités».

Particulièrement à l’aise devant un auditoire nourri généralement à la sauce de l’intoxication ambiante sur les sujets concernant la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo s’est d’abord employé à montrer ce qu’est réellement la Côte d’Ivoire. Devant une présentation particulièrement pessimiste de la situation en Côte d’Ivoire faite par la modératrice Jennifer Cooke, qui le prévenait des questions difficiles que l’auditoire poserait, le chef de l’Etat ivoirien s’est d’emblée voulu rassurant. «Il n’y a pas de question difficile tant qu’on dit la vérité», a précisé Laurent Gbagbo avant de dire qu’il a trouvé la présentation de Jennifer Cooke trop pessimiste, mais qu’il n’est pas surpris parce que c’est ce pessimisme qu’on véhicule souvent en Occident, à propos de la Côte d’Ivoire.

Un pays important en Afrique de l’ouest La Côte d’Ivoire, selon Laurent Gbagbo, c’est un petit pays comparé aux dimensions de la Russie, de la Chine, des Etats-Unis, etc. Mais, c’est un pays très important en Afrique de l’ouest. Le chef de l’Etat ivoirien a montré que la Côte d’Ivoire est le leader des huit pays francophones de l’Afrique de l’ouest qui ont une monnaie commune, le franc CFA. C’est elle qui garantie la monnaie commune et c’est la raison pour laquelle, a indiqué Laurent Gbagbo, c’est un Ivoirien qui est toujours le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao). Premier exportateur du cacao au monde, la Côte d’Ivoire produit également du café, de la banane et pour le moment, un tout petit peu de pétrole. «Peut-être que dans cinq ou dix ans, nous serons un grand producteur de pétrole, mais pour l’instant, nous produisons juste un peu de pétrole», a bien précisé Laurent Gbagbo. La Côte d’Ivoire dispose de trois universités et d’instituts de recherches dont le Centre national de recherches agronomiques (Cnra) auquel l’Indonésie doit son succès en matière de cacao-culture, bien sûr, après avoir fait le succès de l’agriculture en Côte d’Ivoire. Le président Laurent Gbagbo a montré que son pays dispose également d’infrastructures modernes en matière routière et portuaire. Deux ports dont celui d’Abidjan qui est le deuxième port sur la côte atlantique après Durban (Afrique du Sud) et celui de San Pedro qui est le premier port cacaoyer du monde.

Laurent Gbagbo a expliqué qu’à cause de cette position, toute crise qui affecte la Côte d’Ivoire, affecte aussi tous les autres pays de l’Afrique de l’ouest. «Un dollar investi en Côte d’Ivoire a des répercussions sur l’ensemble des autres pays de l’Afrique de l’ouest», a-t-il indiqué. Le président ivoirien a rappelé toutes les tentatives de règlement de la crise survenue en Côte d’Ivoire le 19 septembre 2002. De Lomé à Libreville en passant par Paris, Accra, Pretoria…, toutes ont échoué parce que, selon Laurent Gbagbo, tous ceux qui intervenaient voulaient imposer à la Côte d’ivoire «leur paix».

La paix aux conditions de la Côte d’Ivoire Or, a-t-il réaffirmé, «j’ai toujours dit qu’on aura la paix aux conditions de la Côte d’Ivoire, c’est-à-dire dans le respect de la Constitution». C’est dans ces conditions, a-t-il expliqué, qu’il a proposé le 19 décembre 2006, le dialogue direct à l’ex-rébellion qui l’a accepté. En mars 2007, l’accord politique de Ouagadougou était signé et le chef de l’ex-rébellion devenait Premier ministre pendant que lui-même, Laurent Gbagbo, demeurait président de la République. Depuis lors, selon lui, la guerre est totalement finie. Le recensement électoral a eu lieu et l’on s’achemine vers le premier tour de la présidentielle prévue le 29 novembre. Le président Gbagbo regrette cependant que l’on ait «conseillé» la mise en œuvre d’une procédure trop complexe et trop coûteuse pour la confection de la liste électorale. Mais, a-t-il précisé, «en Côte d’Ivoire, on est assez tranquille ; que les élections aient lieu le 29 novembre ou pas, on n’est pas angoissé par cette date». «Moi, je souhaite que les élections aient lieu le plus tôt possible parce qu’on gouverne mal quand on est mélangé», a fait savoir le président Gbagbo. Assimilant la situation actuelle à un panier où il y a des crabes, des poissons, des crapauds…

Selon le président Gbagbo, ce qui reste à faire, c’est de renforcer la sécurité. Ce qui, à son avis, peut être fait après les élections. Il pense que le grand banditisme n’est pas forcément lié à l’état de guerre, mais surtout à la grande pauvreté tout comme elle-même d’ailleurs. En tout état de cause, selon lui, la Côte d’Ivoire n’arrive qu’en cinquième position sur la liste des pays où il y a le plus de braquages et d’agressions sur les routes.

Laurent Gbagbo s’est dit déterminé à relever le défi de l’autosuffisance alimentaire avec un vaste programme de culture de riz qui porte déjà ses fruits. Il s’est montré soucieux de la bonne gestion des ressources du pays. «Les pays africains dont les dirigeants mettent l’argent à l’extérieur, tout le monde les connaît, mais tout le monde sait aussi que ce n’est pas moi», a-t-il déclaré pour rassurer tout le monde sur ses intentions.

Laurent Gbagbo a reconnu que son pays est lourdement endetté. Il a avoué également qu’on ne sait pas trop à quoi certaines de ces dettes ont servi. Dans tous les cas, il dit être en négociation avec tous les créanciers privés et bilatéraux de la Côte d’Ivoire pour effacer cette dette qui handicape son pays. Et, selon lui, les choses sont en bonne voie.

Les questions de l’assistance ont permis au président Gbagbo d’apporter des précisions sur certains points de son exposé.

La justice ivoirienne. Sur ce point, le président Gbagbo a reconnu que tout ne va pas bien. Puisqu’il a dû prendre, quelquefois, des décisions diplomatiques pour régler des contentieux entre partenaires d’affaires là où la justice aurait dû trancher. Il a promis de réaliser une réforme en profondeur de la justice, en cas de réélection pour que «la justice soit juste».

Les origines de la guerre. C’est la guerre des héritiers d’Houphouet-Boigny qui est à l’origine de la guerre en Côte d’Ivoire, selon Laurent Gbagbo. Il a indiqué que c’est la guerre entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié qui a occasionné le coup d’Etat de 1999. C’est aussi cette guerre qui a poussé Bédié à inventer l’ivoirité pour exclure Ouattara. Et c’est parce qu’ils se sont rendus compte qu’au moment où ils se battent un autre qui n’est pas un héritier a pris le pouvoir, qu’ils s’unissent aujourd’hui contre lui. «Nous n’avons rien à voir avec l’ivoirité», a indiqué Laurent Gbagbo. Il a rappelé son combat pour l’instauration du multipartisme qui lui a valu plusieurs fois la prison.

Les leçons de la crise. De l’avis de M. Laurent Gbagbo, la principale leçon qu’il faut tirer de cette crise, c’est qu’il faut renforcer la démocratie et le caractère républicain de l’Etat. Renforcer la démocratie pour que l’élection soit le seul moyen d’accès au pouvoir. Pour que quelqu’un ne pense pas qu’en tirant un coup de feu, il peut prendre le pouvoir. Ce qui a trompé les gens qui ont fait le coup d’Etat de 2002, a expliqué Laurent Gbagbo, c’est qu’ils ont réussi un coup d’Etat en 1999. Ils ont donc pensé qu’ils pouvaient refaire la même chose. «J’ai été élu et je ne céderai le pouvoir qu’à un président élu et non à un putschiste», a tranché le président Gbagbo. Au demeurant, Laurent Gbagbo a affirmé que contrairement à ce que certains croient, c’est lui que les élections arrangent. «Tous les sondages me donnent gagnant, donc je suis serein. Mais nous laissons la Commission électorale travailler tranquillement parce que nous ne voulons pas que les perdants trouvent des raisons de contester», a-t-il indiqué.

La collaboration avec Guillaume Soro. Laurent Gbagbo a soutenu que tout se passe bien avec son Premier ministre actuel parce que c’est le seul des Premiers ministres depuis la crise qui respecte la Constitution. «La Constitution dit que le président élu a tous les pouvoirs exécutifs, celui qui respecte cela, je suis d’accord avec lui», a affirmé Laurent Gbagbo. En tout état de cause, il ne chômera pas s’il n’est plus président. «Je suis d’ailleurs l’un des rares présidents à savoir ce que je ferai si je ne suis pas président. Je peux enseigner, écrire des livres, créer une maison d’édition, etc.», a-t-il suggéré.

L’intégration ouest-africaine. Le président ivoirien est convaincu que l’avenir de l’Afrique de l’ouest passe par l’intégration. Il s’est référé au récent accord d’amitié et de coopération signé avec le Burkina Faso pour montrer à quel point cela le préoccupe. Il a soutenu avoir proposé la création d’un Fonds d’investissement ouest-africain pour donner les moyens aux pays africains de financer leurs infrastructures. Au lieu de courir toujours vers les Occidentaux qui ne répondent pas toujours positivement.

L’invitation d’Obama. Laurent Gbagbo a expliqué qu’il ne s’agissait pas de prendre des décisions, mais de discuter. Selon lui, le président américain qui veut mettre en place une politique africaine a souhaité rencontrer ses pairs africains afin de connaître leurs préoccupations. «J’ai beaucoup aimé cette façon de faire parce c’est humble de sa part», a commenté Gbagbo. Qui a ajouté que le président Obama a situé cette rencontre dans un cadre strictement privé.

Augustin Kouyo envoyé spécial à New York
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