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Économie Publié le lundi 28 septembre 2009 | Nord-Sud

Réparations téléphoniques : Ils transforment les téléphones cellulaires

Le développement des Nouvelles technologies de l'information et de la communication a favorisé l'éclosion d'activités informelles parmi lesquelles, la réparation de téléphone portable. De nombreux jeunes dépanneurs s'installent de plus en plus dans les communes pour proposer leurs services aux abonnés.

Activité réservée à une minorité il y a quelques années, la réparation et le décodage de téléphone portable prend aujourd'hui des proportions importantes à Abidjan. Si l'année 1996 a coïncidé avec l'arrivée du premier opérateur de téléphonie mobile, Ivoiris, aujourd'hui Orange Côte d'Ivoire, sur le marché local, les tout-premiers réparateurs qui sont restés pendant longtemps dans cette activité, en ont tiré d'énormes profits. Progressivement avec le déferlement d'autres opérateurs dans le secteur (5 actuellement et un sixième en attente), l'on constate également un «déluge» d'appareils cellulaires sur le marché avec une forte percée des mobiles chinois à moindre coût. Justement les dépanneurs de portables défectueux suivent cette tendance. Leur nombre s'accroît de façon exponentielle. Sans emploi et sans qualification au départ pour la plupart, beaucoup se sont lancés dans ce filon porteur. La remise en état des téléphones mobiles défaillants ne semble plus avoir de secret pour Bakaré Kassim. Les yeux rivés sur un portable dépouillé de sa coque, pincette à droite, fer à souder à gauche, il envoie de petites impulsions électriques sur la plaquette de l'appareil de marque Sony Ericsson. De petites étincelles jaillissent.


Ils «démystifient» les opérateurs mobiles

«Cet appareil est tombé dans l'eau. Il n'arrive plus à fonctionner parce que son circuit intégré a pris un coup. Il faut le changer intégralement», explique le jeune réparateur, assis et visiblement très occupé, ce mercredi 16 septembre dans son petit atelier à Adjamé 220 logements. Il accepte tout de même de s'ouvrir aux échanges. D'emblée, il rappelle que cela fait environ 10 ans qu'il exerce cette activité. Certainement pour montrer qu'on a affaire à quelqu'un d'expérimenté. Même s'il reconnaît qu'il n'a aucune qualification. C'est à force de côtoyer son frère qu'il s'est retrouvé dans ce secteur. «J'ai arrêté mes études après le Bepc faute de moyens. C'est en ce moment que j'ai commencé à fréquenter l'atelier de mon grand frère qui m'a appris beaucoup de choses en matière de réparation et de décodage de portable», précise-t-il. Il est aujourd'hui en mesure de faire face à n'importe quelle panne déclarée d'un portable. En plus des problèmes d'allumage, Bakaré Kassim remet en état, les écrans qui n'affichent plus rien (remplace les nappes), les cas de déprogrammation, les micros défectueux... Mais, l'une de ses principales activités demeure incontestablement le décodage ou «tropicalisation» des appareils utilisés préalablement ou venus des pays d'Europe, d'Amérique,… Son atelier dispose de ce fait d'un ordinateur à partir duquel il arrive à décoder les téléphones cellulaires. «C'est à partir d'un logiciel qu'on travaille. On est en contact avec les entreprises (conceptrices des logiciels) en Europe à travers une connexion internet. Elles nous expliquent comment le logiciel fonctionne. C'est après que nous procédons à l'acquisition. Les prix des logiciels varient entre 100.000 et 500.000 Fcfa en fonction de leur complexité», renchérit-il. Avant d'indiquer que le décodage demande un investissement financier important. Toute chose qui fait que l'abonné peut débourser jusqu'à 20.000 Fcfa pour espérer utiliser en toute sérénité un cellulaire qui lui vient d'ailleurs. Mais pour les autres catégories de panne, ces prix vont de 2.000 à 10.000 Fcfa. Selon lui, les opérateurs de téléphonie au moment de lancer de nouvelles promotions d'appareils, ont tendance à complexifier leur tâche en modifiant chaque fois leur système de codification. Mais qu'à cela ne tienne, ils arrivent à les «démystifier», eu égard à leur contact permanent avec les concepteurs de logiciels. Bakaré peut réparer au moins 10 à 20 portables par jour. Son gain mensuel avoisine 300.000 Fcfa. «C'est une activité qui nourrit celui qui veut faire du sérieux», soutient-il. Cela l'a amené à diversifier ses produits. Il revend ainsi des accessoires de portables (habillages, étuis) et de logiciels de décodage (les câbles, les boîtiers de transfert). Il emploie aujourd'hui deux autres personnes. A l'image de Bakaré Kassim, de nombreux jeunes affirment avoir donné une orientation significative à leur vie professionnelle grâce à cette activité. Parmi eux, certains ont choisi de s'installer à la gare Bassam de Treichville à proximité des vendeurs de téléphones portables neufs. Ibrahim T et Jean Jacques A. font partie de ceux qui sont propriétaires d'un atelier de réparation de portables ayant les mêmes équipements que celui de Bakaré. Ces deux jeunes forment une véritable paire. Si le premier est électronicien, le second quant à lui est un ancien étudiant qui a dû abandonner ses études en Deug 2 (Diplôme d'étude universitaire générale) au département de physique-chimie à l'université de Cocody à cause de l'année blanche en 1998. Il dit avoir été affecté négativement par cette situation qui l'a poussée à se réorienter vers d'autres horizons : le dépannage des portables. «Je ne sais pas si mes connaissances scientifiques acquises à l'université, ont favorisé très rapidement ma réadaptation. Mais, j'avoue que je n'ai pas eu de difficultés majeures pour maîtriser la technique de réparation», laisse-t-il entendre. Mais, il avoue qu'avec le développement technologique, les réparateurs éprouvent des difficultés à mieux maîtriser le fonctionnement de certains portables très sophistiqués. «Au moment où les Nokia 3310 et Siemens C25 étaient en vogue, ces appareils avaient plusieurs circuits avec différentes fonctionnalités. Les nouveaux portables qui sont sur le marché maintenant, en ont un seul, auquel sont incorporées toutes les fonctions. Si tu démontes un tel appareil, le risque est beaucoup élevé, car vous pouvez par inadvertance commettre d'autres dégâts», relève-t-il. Ces nouveaux types d'appareils exigent également du matériel adéquat pour le dépannage. Il faut par exemple à la place du fer à souder ordinaire, un fer à souder à mèche interchangeable pour éviter d'abîmer le circuit.

Des cas d'arnaque !

«Tous les réparateurs ne possèdent pas ce type de matériel qui ne coûte pas moins de 70.000 Fcfa. Vous êtes obligé d'être minutieux parce que si vous créez d'autres problèmes sur le portable, le client exige qu'on le remplace. Ce sont les risques du métier», lance-t-il. Mais toutefois, pour un portable qui a été «tripoté», il préfère par précaution, demander au propriétaire d'aller ailleurs pour éviter justement des impairs. Leur atelier ne désemplit pas, à l'image des abonnés qui se succèdent en ce lieu pour des cas de portables défaillants. A ces yeux, c'est le signe qu'ils arrivent à satisfaire au mieux leur clientèle. Tagro Ali, greffier exerçant à l'intérieur du pays, est quasiment abonné chez Ibrahim et Jean Jacques. «J'ai souvent recours à leur service et dans l'ensemble, je suis satisfait. Mon portable était tombé dans l'eau, mais ils ont réussi à le remettre en état. Il y a toujours de l'affluence ici. Cela veut dire qu'ils font un travail sérieux. Nous pensons que les autorités doivent soutenir ces jeunes qui rendent d'énormes services aux populations», suggère l'homme de droit. Même si Angèle T, infirmière et également cliente de Jean Jacques soutient qu'il y a quand même beaucoup de fripouilles parmi ces jeunes. Du fait du manque d'équipement, d'autres «techniciens» sont obligés de se rendre avec les appareils défectueux chez leurs collègues qui sont plus outillés. C'est le cas d'Amidou Koara qui a aménagé dans un petit atelier construit entièrement en planche à Angré-7ème tranche. Il a flirté avec le bâtiment avant de se retrouver dans la réparation de portables. En dehors des problèmes liés à la défaillance du micro, de l'écran, il est contraint de se rendre à Adjamé pour les cas de décodage ou de reprogrammation. Puisqu'il ne dispose ni d'ordinateur ni de connexion internet pour le faire. Néanmoins, il arrive à gagner environs 20.000 Fcfa par jour. «C'est avec cette activité que j'arrive à nourrir ma petite famille de cinq personnes», affirme-t-il. Selon ces réparateurs, 80% parmi eux, ne disposent pas de matériels adéquats. Ce qui fait que certains ne font pas correctement leur travail. Ils veulent réparer tous les défauts bien qu'ils n'ont pas d'équipements en la matière. Ce sont des «bricoleurs qui ternissent notre image.» Ils pointent du doigt le marché du black d'Adjamé, tristement réputé par la propension qu'ont les réparateurs, à arnaquer leurs clients. Là encore, les dépanneurs de téléphones mobiles se sont imposés sur l'espace réservé aux vendeurs de portables neufs. D'autres n'hésitent pas à proposer aux passants des portables déjà réparés. Mais attention, vous risquez de faire une mauvaise affaire. «Les brebis galeuses existent partout. Certains parmi nos camarades, ne maîtrisent pas grand chose en matière de cellulaire. Ils ne disent pas la vérité aux clients et finissent par provoquer d'autres défauts sur leur portable. Ce n'est pas professionnel. D'autres par contre, s'amusent à revendre des portables défectueux aux clients. C'est malhonnête», fustige Bamba K, un jeune réparateur de portables au Black d'Adjamé. Pour lui, s'ils sont mieux organisés, il n'y a pas de raison que leur secteur ne puisse pas se développer et résorber le chômage. Surtout que le nombre d'abonnés du mobile, ne cesse de croître. Selon l'Agence des télécommunications de Côte d'Ivoire (Atci) en 2008, il a excédé les 6 millions et le chiffre d'affaires du secteur était autour de 1.000 milliards de Fcfa. En 2009, un 5ème opérateur est arrivé sur le marché. Cela augure des perspectives prometteuses pour le secteur et les dépanneurs de téléphones portables.


Cissé Cheick Ely
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