Filière coton : rebondissement à l’Urecos-ci - Les organes dirigeants révoqués ont été réhabilités

L’Union régionale des entreprises coopératives des Savanes (Ureco-ci) et la Société industrielle cotonnière des Savanes (Sicosa-sa) reviennent à la vie. Seydou Soro, artisan du prestige de l’outil de développement, agricole retrouve ses fonctions.

C’est un rebondissement heureux pour les producteurs de coton, membres du réseau de l’Union régionale des entreprises coopératives des Savanes de Côte d’Ivoire (Urecos-ci). Les administrateurs ont décidé d’accélérer la restructuration du secteur, affecté ces dernières années par d’interminables conflits qui avaient débouché sur le limogeage du Directeur général de la Société industrielle des Savanes (Sicosa-ci), filiale de l’Urecos-ci. Réunis en assemblée générale extraordinaire le 23 septembre à Korhogo, en vue de renouveler les organes dirigeants de la structure, ils ont, à l’unanimité, désigné Soro Soro pour diriger le conseil d’administration de l’Urecos-ci en remplacement de Bamba Kelétigui. Il semble que les changements intervenus au niveau de certains postes clés ont précipité les évènements.

En effet, après la mort de l’ancien président du conseil d’administration, Kèlètigui Bamba, les administrateurs ont jugé opportun de mettre de l’ordre. Une urgence dans la mesure où les conséquences des palabres ont débouché sur des résultats plus que décevants en dépit des potentialités énormes des coopératives affiliées. Plusieurs grandes décisions ont sanctionné les travaux. En effet, le conseil d’administration, sur proposition de son nouveau président, a décidé de l’annulation de toutes les décisions qui ont été prises, concernant la gestion de la Sicosa-sa et a rétabli dans tous ses droits, l’équipe dirigeante de la dite société qui était en fonction avant le début du conflit. Autant dire que Seydou Soro retrouve son poste de Président directeur général de la Société d’égrenage Sicosa-sa et demeure administrateur de l’Ureco-ci pour le compte de l’usine d’égrenage. Le conseil a, par ailleurs, mandaté une délégation de trois administrateurs en vue d’engager des négociations avec M. Soro Seydou dans la perspective d’une résolution définitive de la situation conflictuelle qui avait engendré sa révocation. Mais comment en est-on arrivé là ? Elus le 15 juillet 2000 pour un mandat de 3 ans, Kèlètigui Bamba et son équipe s’étaient farouchement opposés à tout renouvellement des instances par des voies démocratiques. Selon plusieurs producteurs, il espérait se maintenir indéfiniment à la tête de l’Urecos-ci et surtout mettre un homme-lige au sommet de la filiale.

Soro, un retour gagnant

Ne pouvant plus s’accommoder de l’immobilisme, les administrateurs convoquent une assemblée générale ordinaire le 17 juillet 2007 au cours de laquelle, ils accordent un délai non renouvelable de trois mois, pour l’organisation des élections. Mais plutôt que de s’en tenir à cette feuille de route, M. Bamba décide, le 8 novembre 2007, de révoquer le directeur Soro Seydou, soupçonné d’être à la base des demandes de changements exprimées par les producteurs et les coopératives. Cette crise s’étend à la Société industrielle cotonnière des Savanes (Sicosa-sa), dont le capital est détenu à 60% par la Sofineco, propriété exclusive d’Urecos-ci (actionnaire unique). Le 26 février 2009, le tribunal de Première Instance d’Abidjan Plateau prend une ordonnance de référé nommant un administrateur provisoire à la demande des administrateurs. La saisine a été introduite par plusieurs coopératives dont la Coopérative tioholo de Dikodougou (Cotidi), la Coopérative agricole Lakpolo (Colala) et la Coopérative Narnougou de Karakoro, (Conakako), toutes basées dans le Nord. La procédure d’urgence a constaté la fin du conseil d’administration de l’Urecos-ci et nommé Tiémoko Koffi, expert comptable en qualité d’administrateur provisoire. Il devait gérer les ressources de l’Urecos-ci et agir en son nom et pour son compte pendant 6 mois. En outre, il devait convoquer au terme de cette mission, une assemblée générale et doter l’Urecos.Ci d’organes de gestion et d’administration conformément aux textes en vigueur. Malheureusement, il ne prendra jamais fonction à cause notamment de l’environnement hostile créé par les partisans de Kèlètigui Bamba. En raison de ces développements et dénonçant un licenciement abusif, Seydou Soro a dû introduire une plainte en justice pour que ses droits soient respectés. Estimant la requête formulée par M. Soro fondée, le Juge a pris une ordonnance de saisie conservatoire sur la Sicosa-sa pour le paiement de ses arriérés de salaires et prêts personnels pour un montant de 578 millions de Fcfa, intérêts et frais compris. En difficulté, la Sicosa-sa a arrêté toutes ses activités, avec 240 employés qui ne travaillent plus. La paralysie totale de l’Urecos-ci et de la Sicosa-ci a privé à bon nombre de producteurs l‘accès aux intrants agricoles, les empêchant de produire du coton et du vivrier, pour la campagne 2009-2010.

Lanciné Bakayoko