Le village de Kabacouma voulait que son fils Robert Guéi repose sur ses terres, auprès de ses ancêtres après sa tragique disparition en septembre 2002. C'est chose faite depuis hier. En présence du chef de l'Etat Laurent Gbagbo, le corps du "père Noël en treillis" a été remis à Franck Guéi et ses oncles pour inhumation dans la stricte intimité familiale. Mais a-t-on vraiment enterré Robert Guéi dans son village ? Le cercueil hermétiquement fermé que l'aîné de ses enfants a réceptionné hier contenait-il réellement le corps attendu ? Pour en avoir le cœur net, plusieurs personnes avaient élevé la voix pour demander l'exposition du corps comme cela se fait, habituellement. On permet ainsi aux parents et amis de dire un ultime adieu au disparu avant sa mise en terre.
C'est l'un des frères de Bob qui a posé le problème. Mais englué dans ses accointances avec Franck Guéi, il n'a pas eu le courage de poser cette légitime revendication sur la place publique. Cette mission, il l'a confiée au chef de terre Singo Momi à qui il a expliqué qu'il serait bon de s'assurer qu'il s'agit bien de Robert Guéi qui est dans le cercueil. "Je souhaite que tu exiges qu'on ouvre ce cercueil car il y va de notre honneur".
Mais le chef de terre a opposé un refus catégorique à cette demande. En effet, ce dernier n'a pas du tout supporté sa mise à l'écart des préparatifs de la cérémonie et de tout son déroulement. Ayant simplement servi de décor, Singo Momi a décidé de se taire et de laisser l'humiliation s'abattre sur son peuple. "Je ne suis pas de votre quartier. Si vous ne pouvez pas vous-mêmes exiger l'exposition de votre corps, c'est votre problème" aurait-il répondu à Sahi. Ainsi la mésentente entre les fils de Kabacouma a facilité la tâche à ceux qui ont toujours entouré l'opération d'un flou artistique. Après deux jours d'hommages grandioses à Kabacouma, l'on s'interroge toujours sur le contenu du cercueil qui a pris place dans le caveau neuf des Guéi à Kabacouma. Ce ne sont pas les Senoufos qui, voulant user du jeu d'alliance pour régler cette question, diront le contraire. Ce sont des hommes en armes très nerveux qu'ils ont trouvé en face d'eux. Ceux-là étaient loin d'être des Yacouba sensibles à la tradition.
JEAN MARC SAHI
C'est l'un des frères de Bob qui a posé le problème. Mais englué dans ses accointances avec Franck Guéi, il n'a pas eu le courage de poser cette légitime revendication sur la place publique. Cette mission, il l'a confiée au chef de terre Singo Momi à qui il a expliqué qu'il serait bon de s'assurer qu'il s'agit bien de Robert Guéi qui est dans le cercueil. "Je souhaite que tu exiges qu'on ouvre ce cercueil car il y va de notre honneur".
Mais le chef de terre a opposé un refus catégorique à cette demande. En effet, ce dernier n'a pas du tout supporté sa mise à l'écart des préparatifs de la cérémonie et de tout son déroulement. Ayant simplement servi de décor, Singo Momi a décidé de se taire et de laisser l'humiliation s'abattre sur son peuple. "Je ne suis pas de votre quartier. Si vous ne pouvez pas vous-mêmes exiger l'exposition de votre corps, c'est votre problème" aurait-il répondu à Sahi. Ainsi la mésentente entre les fils de Kabacouma a facilité la tâche à ceux qui ont toujours entouré l'opération d'un flou artistique. Après deux jours d'hommages grandioses à Kabacouma, l'on s'interroge toujours sur le contenu du cercueil qui a pris place dans le caveau neuf des Guéi à Kabacouma. Ce ne sont pas les Senoufos qui, voulant user du jeu d'alliance pour régler cette question, diront le contraire. Ce sont des hommes en armes très nerveux qu'ils ont trouvé en face d'eux. Ceux-là étaient loin d'être des Yacouba sensibles à la tradition.
JEAN MARC SAHI