Au milieu du cercle vicieux de la zone 4, réputé comme lieu de prostitution et de dépravation, se trouve le « JJJ », un bar chrétien.
Il est impossible d`emprunter la rue docteur Flemming de la zone 4 à Koumassi, sans être attiré par les bars qui jonchent le secteur. Même s`il n`y a pas de bruits à l`extérieur, la présence d`hôtesses et de vigiles aux entrées de ces endroits de show, dans l`attente de potentiels clients ne laisse pas indifférent. Ce vendredi, en face du « Sky bar », deux jeunes filles, la vingtaine, se tiennent débout à l`entrée d`un autre. Bottillon aux pieds, comme des sœurs jumelles, elles sont affublées de tenues noires. Des mini jupes qui laissent entrevoir le postérieur et des body qui mettent en exergue les poitrines. Cigarettes allumées entre le pouce et l`index, elles se préparent sûrement à affronter les heures chaudes de travail. À 10 mètres de cette ambiance peu catholique, même si le siège de l`église des assemblées de Dieu n`est pas aussi loin, se loge le « JJJ ». Cette dixième lettre de l`alphabet française, désigne ici l`initial de Jésus. Entendez alors « Jésus Jésus Jésus ». Un cadre qui se présente plutôt comme un glacier-restaurant. En tout cas, c`est ce qui est mentionné au fronton de l`édifice, sur un tableau lumineux. Il faut dépasser les férus de glace et le vigile qui vous sourit devant le couloir attenant au glacier pour vous rendre compte de l`existence d`un endroit chaud. C`est bel et bien un bar climatisé, comme tous les autres du secteur. La différence ici, c`est que le « JJJ » est un complexe chrétien. Le bar est béni de Dieu, pourrait-on commenter. Le client peut se permettre une partie de billard. Cependant, la règle numéro 1 et à laquelle les tenanciers tiennent le plus est qu`il ne faut pas fumer de nicotine. Notre agent de liaison a de la chance ! Il peut accéder au bar puisqu`il vient de réduire en cendre sa dernière cigarette. Règle numéro 2 : s`habiller décemment. Cela tombe bien, nous sommes dans le tempo. 20 heures 15 minutes. La salle est encore vide. C`est normal ! Les bars se fréquentent à partir de 22 heures. Ce qui paraît bizarre, c`est la présence d`ampoules en lieu et place des jeux de lumière habituels. En plus, les voyeurs seront déroutés : Il n`y a pas de barre à striptease ni des danseuses nues. Et non plus en posters ou en dessins. L`inconditionnel « caliente » (musique qui accompagne les stripteaseuses) n`a pas droit de citer en cet endroit. La musique est exclusivement chrétienne. Des musiciens apprêtent cordialement leurs instruments avec sérénité, près de la piste de danse.
Inédit !
Le batteur est là. La sonorisation s`active. Patricia, étudiante, est assise sur le premier fauteuil dès l`entrée, seule mais patiente. Elle venait d`habitude avec ses sœurs qui ne sont pas libres ce soir. Pour rien au monde, elle manquera les concerts livrés en live, tous les vendredis par des chantres bien connus comme Pasteur Guy et le groupe Schékina. « Les jeunes chrétiens peuvent s`unir sur une place extraordinaire pour écouter de la bonne musique et louer Dieu. C`est ce qui m`attire. Je croise des chantres de renom ici », fait remarquer Patricia. Roger Assogba, un jeune cadre, qui lui n`est pas chrétien, se dit à l`aise au JJJ. « Je me sens très bien dans ce bar parce que je ne supporte pas l`odeur de la cigarette. Quand je viens ici, j`oublie mes soucis », confie -t-il, visiblement heureux. Un endroit est aménagé pour le dîner, avec en prime le tapis rouge sur lequel sont installées quatre chaises par table. Les cuillères, les fourchettes et les verres attendent les éventuels gourmets, adeptes de plats africains comme le foutou, le riz ou l`attiéké. Les friands grillades pourront être servis de frites, de poulets et autres mets. Ce n`est pas encore le salon VIP. Pour y avoir accès, il faut relever le rideau qui jouxte le comptoir et la cabine de son. Surprise! Du clan Campbell, des cannettes de bière et aussi des bouteilles de vin derrière le comptoir d`un bar… chrétien ! Ici, l`alcool coule. Le salon VIP est quant à lui, ordinaire, simple même, par rapport à ce qu`on trouve dans d`autres bars. Trois salons de fauteuils en cuir, de taille moyenne, autour d`un petit guéridon. Pas de sceau de champagne ni de cendrier. Juste un pot de fleurs. Les toilettes sont à côté, sur 1 mètre carré. Pas de distinction homme/ femme. Le bar est fréquenté par des stars. Meiwey, Guei vêh, y ont déjà fait un tour. Et ce vendredi soir, la fille du président de la République est annoncée. Si l`alcool coule, ce n`est pas à flot « La parole de Dieu dit qu`on ne doit pas s`enivrer d`alcool. Ce qui veut dire qu`on peut boire sans se soûler. Nous n`interdisons pas l`alcool, tout comme dans la bible. Nous recevons même des pasteurs», ajoute pour sa part, Oswald Kouamé, le gérant du coin. La sécurité ne se fait pas prier pour évacuer celui qui est suspecté soûlé. Si la boisson est plus chère qu`ailleurs, c`est pour soutenir les chantres surtout ceux qui ne sont pas en vogue. Pour le gérant, il fallait trouver un cadre pour s`amuser aisément dans le seigneur. D`ailleurs, il attend les non-chrétiens pour les convertir. Pour cela, des brochures sont distribuées pendant les prestations de chantres. Et même des fois, on marque une pause pour faire passer des messages de Dieu. Charles Alao, lead vocal du groupe Schékina, rencontré dans le bar parle d`une libération. « Les jeunes chrétiens ont envie de sortir aussi la nuit. Mais à cause du qu`en dira-t-on, ils se cloîtrent à la maison, ou même se cachent pour sortir. Il y a des couples chrétiens qui font les cents pas en bordure de route. Ils veulent manger quelque chose mais la musique qui se joue n`est pas conforme à leur religion. Désormais ils sont libérés, ils ne se cacheront plus. Ils peuvent bavarder ensemble, la nuit, dans un endroit convivial. C`est une révolution que nous sommes en train de mener», argumente-t-il. Aux détracteurs, Charles répond tout simplement qu`ils sont vieux jeux.
N.D
Il est impossible d`emprunter la rue docteur Flemming de la zone 4 à Koumassi, sans être attiré par les bars qui jonchent le secteur. Même s`il n`y a pas de bruits à l`extérieur, la présence d`hôtesses et de vigiles aux entrées de ces endroits de show, dans l`attente de potentiels clients ne laisse pas indifférent. Ce vendredi, en face du « Sky bar », deux jeunes filles, la vingtaine, se tiennent débout à l`entrée d`un autre. Bottillon aux pieds, comme des sœurs jumelles, elles sont affublées de tenues noires. Des mini jupes qui laissent entrevoir le postérieur et des body qui mettent en exergue les poitrines. Cigarettes allumées entre le pouce et l`index, elles se préparent sûrement à affronter les heures chaudes de travail. À 10 mètres de cette ambiance peu catholique, même si le siège de l`église des assemblées de Dieu n`est pas aussi loin, se loge le « JJJ ». Cette dixième lettre de l`alphabet française, désigne ici l`initial de Jésus. Entendez alors « Jésus Jésus Jésus ». Un cadre qui se présente plutôt comme un glacier-restaurant. En tout cas, c`est ce qui est mentionné au fronton de l`édifice, sur un tableau lumineux. Il faut dépasser les férus de glace et le vigile qui vous sourit devant le couloir attenant au glacier pour vous rendre compte de l`existence d`un endroit chaud. C`est bel et bien un bar climatisé, comme tous les autres du secteur. La différence ici, c`est que le « JJJ » est un complexe chrétien. Le bar est béni de Dieu, pourrait-on commenter. Le client peut se permettre une partie de billard. Cependant, la règle numéro 1 et à laquelle les tenanciers tiennent le plus est qu`il ne faut pas fumer de nicotine. Notre agent de liaison a de la chance ! Il peut accéder au bar puisqu`il vient de réduire en cendre sa dernière cigarette. Règle numéro 2 : s`habiller décemment. Cela tombe bien, nous sommes dans le tempo. 20 heures 15 minutes. La salle est encore vide. C`est normal ! Les bars se fréquentent à partir de 22 heures. Ce qui paraît bizarre, c`est la présence d`ampoules en lieu et place des jeux de lumière habituels. En plus, les voyeurs seront déroutés : Il n`y a pas de barre à striptease ni des danseuses nues. Et non plus en posters ou en dessins. L`inconditionnel « caliente » (musique qui accompagne les stripteaseuses) n`a pas droit de citer en cet endroit. La musique est exclusivement chrétienne. Des musiciens apprêtent cordialement leurs instruments avec sérénité, près de la piste de danse.
Inédit !
Le batteur est là. La sonorisation s`active. Patricia, étudiante, est assise sur le premier fauteuil dès l`entrée, seule mais patiente. Elle venait d`habitude avec ses sœurs qui ne sont pas libres ce soir. Pour rien au monde, elle manquera les concerts livrés en live, tous les vendredis par des chantres bien connus comme Pasteur Guy et le groupe Schékina. « Les jeunes chrétiens peuvent s`unir sur une place extraordinaire pour écouter de la bonne musique et louer Dieu. C`est ce qui m`attire. Je croise des chantres de renom ici », fait remarquer Patricia. Roger Assogba, un jeune cadre, qui lui n`est pas chrétien, se dit à l`aise au JJJ. « Je me sens très bien dans ce bar parce que je ne supporte pas l`odeur de la cigarette. Quand je viens ici, j`oublie mes soucis », confie -t-il, visiblement heureux. Un endroit est aménagé pour le dîner, avec en prime le tapis rouge sur lequel sont installées quatre chaises par table. Les cuillères, les fourchettes et les verres attendent les éventuels gourmets, adeptes de plats africains comme le foutou, le riz ou l`attiéké. Les friands grillades pourront être servis de frites, de poulets et autres mets. Ce n`est pas encore le salon VIP. Pour y avoir accès, il faut relever le rideau qui jouxte le comptoir et la cabine de son. Surprise! Du clan Campbell, des cannettes de bière et aussi des bouteilles de vin derrière le comptoir d`un bar… chrétien ! Ici, l`alcool coule. Le salon VIP est quant à lui, ordinaire, simple même, par rapport à ce qu`on trouve dans d`autres bars. Trois salons de fauteuils en cuir, de taille moyenne, autour d`un petit guéridon. Pas de sceau de champagne ni de cendrier. Juste un pot de fleurs. Les toilettes sont à côté, sur 1 mètre carré. Pas de distinction homme/ femme. Le bar est fréquenté par des stars. Meiwey, Guei vêh, y ont déjà fait un tour. Et ce vendredi soir, la fille du président de la République est annoncée. Si l`alcool coule, ce n`est pas à flot « La parole de Dieu dit qu`on ne doit pas s`enivrer d`alcool. Ce qui veut dire qu`on peut boire sans se soûler. Nous n`interdisons pas l`alcool, tout comme dans la bible. Nous recevons même des pasteurs», ajoute pour sa part, Oswald Kouamé, le gérant du coin. La sécurité ne se fait pas prier pour évacuer celui qui est suspecté soûlé. Si la boisson est plus chère qu`ailleurs, c`est pour soutenir les chantres surtout ceux qui ne sont pas en vogue. Pour le gérant, il fallait trouver un cadre pour s`amuser aisément dans le seigneur. D`ailleurs, il attend les non-chrétiens pour les convertir. Pour cela, des brochures sont distribuées pendant les prestations de chantres. Et même des fois, on marque une pause pour faire passer des messages de Dieu. Charles Alao, lead vocal du groupe Schékina, rencontré dans le bar parle d`une libération. « Les jeunes chrétiens ont envie de sortir aussi la nuit. Mais à cause du qu`en dira-t-on, ils se cloîtrent à la maison, ou même se cachent pour sortir. Il y a des couples chrétiens qui font les cents pas en bordure de route. Ils veulent manger quelque chose mais la musique qui se joue n`est pas conforme à leur religion. Désormais ils sont libérés, ils ne se cacheront plus. Ils peuvent bavarder ensemble, la nuit, dans un endroit convivial. C`est une révolution que nous sommes en train de mener», argumente-t-il. Aux détracteurs, Charles répond tout simplement qu`ils sont vieux jeux.
N.D
