Les footballeurs Ivoiriens sont désormais partout à travers le monde. Et on en trouve même au Liban. Ils sont au nombre de quatre. Découverte.
Mercredi 7 octobre. Il est presque 15h (GMT), sur la fameuse Hamra Street, en plein centre de Beyrouth, la capitale libanaise, un jeune Noir déambule avec un homme blanc en face du Café Blanc, l’un des endroits bien chics de la capitale. Ce jeune est Gueye Abel, l’ancien milieu de terrain du Réveil Club de Daloa, de l’Oryx de Yopougon (devenu Yopougon FC). Lui, qui a aussi porté les couleurs du Cidiafa de Gbonké Tia Martin. Et qui évolue désormais à Sagesse, un club chrétien en Ligue 1 au Liban. L’homme Blanc est un jeune libanais du nom de Ghassan Bahsoum, l’ancien latéral gauche de l’ex- Lazer FC de Ali Kafal vers la fin des années 1990. Nous reconnaissons Abel. Il est surpris de nous voir. « J’étais tout à l’heure avec Djakus (Jean Claude, membre de la Commission Communication de la Fédération ivoirienne de football). Je suis passé le voir au Village de la Francophonie », raconte-t-il.
Un million de Fcfa comme salaire
« Hier, nous sommes allés pousser les Eléphanteaux face au Congo (finale du tournoi de football des 6e Jeux de la Francophonie, défaite des Eléphanteaux aux tirs au but 5-3, 0-0 après le temps réglementaire) », souligne-t-il. Il nous raconte par la suite, qu’il se sent très bien au Liban. Et qu’il vient de signer son premier contrat professionnel. «Cela fait bientôt un an que je suis ici», affirme-t-il. Le week-end dernier, le championnat de Ligue 1 libanais a débuté avec 10 clubs sur le pont. Al Nejmeh de Beyrouth, le champion, a donc remis son titre en jeu. «Je ne suis pas le seul footballeur ivoirien ici», souligne Gueye. Youssouf Soumahoro, un jeune milieu de terrain de 19 ans évolue sous le maillot de Hommen (Ligue 1). Après le Cooper école football à Yopougon, il s’est retrouvé au Benin, avant de déposer ses valises au Liban. Diabaté Ibrahim, âgé de 23 ans, formé chez Gbonké Tia Martin, évolue à Zgharta (Ligue 1). Ce jeune attaquant a porté les couleurs du Rio Sport d’Anyama. Salikou Tioté est, lui, âgé de 20 ans. C’est du Maroc, que ce milieu de terrain s’est aussi retrouvé à Zgharta, un club de Ligue 1 au Liban.
Un footballeur étranger africain en Ligue 1 au Liban gagne au moins de 2 mille dollars par mois. Soit un million de Fcfa. «C’est mieux qu’en Côte d’Ivoire», fait remarquer Abel. «Et en plus du salaire, les dirigeants prennent en charge le logement, la nourriture et le transport. Pour ceux qui ont le permis, ils ont une voiture», précise l’ancien joueur de l’Oryx de Yopougon. Les primes de matches varient entre 500 et 700 dollars (soit entre 219.600 et 307.440 Fcfa) selon l’importance des matches. « Il est vrai que le niveau du football libanais n’est pas élévé. Mais c’est un tremplin pour nous », révèle Abel. Par le passé, des joueurs comme Pierre Issa (Afrique du Sud) et Joël Tchami (Cameroun) sont passé au pays du Cèdre. Et c’est du Liban, qu’ils ont attaqué l’Europe. Les Nigérians et les Camerounais sont les plus cotés. « Depuis que Didier Drogba fait des merveilles en Premier League, les gens ont un nouveau regard sur les footballeurs Ivoiriens», fait remarquer Hassan Youssef, l’un des bénévoles du Comité d’Organisation des 6e Jeux de la Francophonie, grand passionné de football, qui connaît bien Abidjan. Et c’est depuis 2000 que le football libanais a entamé sa reconstruction. « C’est une renaissance. De nombreux hommes d’affaires ont investi dans les grands clubs comme Al Nejmeeh, Al Ansar, Al Tadamon et autres. Ils achètent de bons joueurs », confie Hassan. Soulignons que le championnat du Liban est né en 1934. Mais il a beaucoup souffert de la guerre civile. Et bien évidemment, le niveau de l’équipe nationale en a pris un coup. Il n’est jamais présent au grand rendez-vous. Au début des années 1970, le football libanais avait entrepris une opération de vulgarisation. Un riche homme d’affaires, avait fait venir le roi Pelé en 1974. Ce dernier avait porté les couleurs d’Al Nejmeh Beyrouth contre une sélection locale. Et cette même année-là, Al Nejmeh a crée la sensation en battant en match amical le champion de l’ex-URSS, Ararat Erevan 1-0.
L’apport des agents de joueurs
Comment Gueye Abel, Youssouf Soumahoro, Kouyaté Ibrahim et Salikou Tioté se sont retrouvés au Liban ? «J’ai débarqué à Beyrouth grâce à Ghassan Bassoum», souligne Abel. C’est aussi le cas des autres. Ils ont quitté la Côte d’Ivoire avec l’aide de certains intermédiaires sportifs. «Au pays, c’est trop dur. Et certains dirigeants ne se préoccupent pas des athlètes. Ils ne s’occupent pas du joueur. Ils sont plus préoccupés par leurs propres intérêts », déclare encore Gueye. « Nous avons choisi le foot comme métier. Nous devons pouvoir vivre de ce métier. J’encourage mes camarades, qui sont restés au pays, à partir pour gagner leur vie en quittant la misère », ajoute-t-il. En tout cas, lui et les autres ont pris date avec l’histoire. Ils sont les pionniers d’une aventure dans un pays, qui a un lien historique avec le football ivoirien, car c’est à Tyr, une ville dans le Sud-Liban, que repose Ibrahim Baroud, l’ex-ancien membre d’honneur de l’Asec Mimosas. Et c’est ce dernier, qui avait fait venir Laurent Pokou, l’homme d’Asmara, au Liban dans les années 1970. L’ancien redoutable buteur de l’Asec et des Eléphants avait été fait citoyen d’honneur de cette ville, chargée d’histoire. Moh Emmanuel avait lui aussi effectué ce voyage. Après plus de deux heures d’échanges, ce mercredi 7 octobre, au Café Blanc, Gueye Abel est reparti rejoindre son agent. La nuit est tombée. Mais la célèbre Hamra Street grouille toujours de monde.
Choilio Diomandé, Envoyé spécial à Beyrouth
Mercredi 7 octobre. Il est presque 15h (GMT), sur la fameuse Hamra Street, en plein centre de Beyrouth, la capitale libanaise, un jeune Noir déambule avec un homme blanc en face du Café Blanc, l’un des endroits bien chics de la capitale. Ce jeune est Gueye Abel, l’ancien milieu de terrain du Réveil Club de Daloa, de l’Oryx de Yopougon (devenu Yopougon FC). Lui, qui a aussi porté les couleurs du Cidiafa de Gbonké Tia Martin. Et qui évolue désormais à Sagesse, un club chrétien en Ligue 1 au Liban. L’homme Blanc est un jeune libanais du nom de Ghassan Bahsoum, l’ancien latéral gauche de l’ex- Lazer FC de Ali Kafal vers la fin des années 1990. Nous reconnaissons Abel. Il est surpris de nous voir. « J’étais tout à l’heure avec Djakus (Jean Claude, membre de la Commission Communication de la Fédération ivoirienne de football). Je suis passé le voir au Village de la Francophonie », raconte-t-il.
Un million de Fcfa comme salaire
« Hier, nous sommes allés pousser les Eléphanteaux face au Congo (finale du tournoi de football des 6e Jeux de la Francophonie, défaite des Eléphanteaux aux tirs au but 5-3, 0-0 après le temps réglementaire) », souligne-t-il. Il nous raconte par la suite, qu’il se sent très bien au Liban. Et qu’il vient de signer son premier contrat professionnel. «Cela fait bientôt un an que je suis ici», affirme-t-il. Le week-end dernier, le championnat de Ligue 1 libanais a débuté avec 10 clubs sur le pont. Al Nejmeh de Beyrouth, le champion, a donc remis son titre en jeu. «Je ne suis pas le seul footballeur ivoirien ici», souligne Gueye. Youssouf Soumahoro, un jeune milieu de terrain de 19 ans évolue sous le maillot de Hommen (Ligue 1). Après le Cooper école football à Yopougon, il s’est retrouvé au Benin, avant de déposer ses valises au Liban. Diabaté Ibrahim, âgé de 23 ans, formé chez Gbonké Tia Martin, évolue à Zgharta (Ligue 1). Ce jeune attaquant a porté les couleurs du Rio Sport d’Anyama. Salikou Tioté est, lui, âgé de 20 ans. C’est du Maroc, que ce milieu de terrain s’est aussi retrouvé à Zgharta, un club de Ligue 1 au Liban.
Un footballeur étranger africain en Ligue 1 au Liban gagne au moins de 2 mille dollars par mois. Soit un million de Fcfa. «C’est mieux qu’en Côte d’Ivoire», fait remarquer Abel. «Et en plus du salaire, les dirigeants prennent en charge le logement, la nourriture et le transport. Pour ceux qui ont le permis, ils ont une voiture», précise l’ancien joueur de l’Oryx de Yopougon. Les primes de matches varient entre 500 et 700 dollars (soit entre 219.600 et 307.440 Fcfa) selon l’importance des matches. « Il est vrai que le niveau du football libanais n’est pas élévé. Mais c’est un tremplin pour nous », révèle Abel. Par le passé, des joueurs comme Pierre Issa (Afrique du Sud) et Joël Tchami (Cameroun) sont passé au pays du Cèdre. Et c’est du Liban, qu’ils ont attaqué l’Europe. Les Nigérians et les Camerounais sont les plus cotés. « Depuis que Didier Drogba fait des merveilles en Premier League, les gens ont un nouveau regard sur les footballeurs Ivoiriens», fait remarquer Hassan Youssef, l’un des bénévoles du Comité d’Organisation des 6e Jeux de la Francophonie, grand passionné de football, qui connaît bien Abidjan. Et c’est depuis 2000 que le football libanais a entamé sa reconstruction. « C’est une renaissance. De nombreux hommes d’affaires ont investi dans les grands clubs comme Al Nejmeeh, Al Ansar, Al Tadamon et autres. Ils achètent de bons joueurs », confie Hassan. Soulignons que le championnat du Liban est né en 1934. Mais il a beaucoup souffert de la guerre civile. Et bien évidemment, le niveau de l’équipe nationale en a pris un coup. Il n’est jamais présent au grand rendez-vous. Au début des années 1970, le football libanais avait entrepris une opération de vulgarisation. Un riche homme d’affaires, avait fait venir le roi Pelé en 1974. Ce dernier avait porté les couleurs d’Al Nejmeh Beyrouth contre une sélection locale. Et cette même année-là, Al Nejmeh a crée la sensation en battant en match amical le champion de l’ex-URSS, Ararat Erevan 1-0.
L’apport des agents de joueurs
Comment Gueye Abel, Youssouf Soumahoro, Kouyaté Ibrahim et Salikou Tioté se sont retrouvés au Liban ? «J’ai débarqué à Beyrouth grâce à Ghassan Bassoum», souligne Abel. C’est aussi le cas des autres. Ils ont quitté la Côte d’Ivoire avec l’aide de certains intermédiaires sportifs. «Au pays, c’est trop dur. Et certains dirigeants ne se préoccupent pas des athlètes. Ils ne s’occupent pas du joueur. Ils sont plus préoccupés par leurs propres intérêts », déclare encore Gueye. « Nous avons choisi le foot comme métier. Nous devons pouvoir vivre de ce métier. J’encourage mes camarades, qui sont restés au pays, à partir pour gagner leur vie en quittant la misère », ajoute-t-il. En tout cas, lui et les autres ont pris date avec l’histoire. Ils sont les pionniers d’une aventure dans un pays, qui a un lien historique avec le football ivoirien, car c’est à Tyr, une ville dans le Sud-Liban, que repose Ibrahim Baroud, l’ex-ancien membre d’honneur de l’Asec Mimosas. Et c’est ce dernier, qui avait fait venir Laurent Pokou, l’homme d’Asmara, au Liban dans les années 1970. L’ancien redoutable buteur de l’Asec et des Eléphants avait été fait citoyen d’honneur de cette ville, chargée d’histoire. Moh Emmanuel avait lui aussi effectué ce voyage. Après plus de deux heures d’échanges, ce mercredi 7 octobre, au Café Blanc, Gueye Abel est reparti rejoindre son agent. La nuit est tombée. Mais la célèbre Hamra Street grouille toujours de monde.
Choilio Diomandé, Envoyé spécial à Beyrouth