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Société Publié le samedi 17 octobre 2009 | L’expression

Post Scriptum : Démission collective

Le ministre Désiré Tagro a annoncé, lundi, aux Imams la mesure de suppression des auditions à la sûreté nationale des demandeurs du passeport biométrique dont les noms ne luisaient pas dans le miroir de l’hideuse ivoirité. En raison de ces auditions qui empêchaient généralement les nordistes de se faire établir le passeport, le nombre des pèlerins a chuté. Sur 3000 pèlerins attendus, seuls 1800 s’étaient signalés au moment où le ministre de l’Intérieur levait la mesure discriminatoire qui frappait une partie de la population. La compagnie nationale Air Ivoire qui a déjà conclu en France et en Grèce des accords pour transporter 3000 personnes à la Mecque, en tenant compte du quota attribué à la Côte d’Ivoire, risque de sortir perdante de cette opération.
Mais, au-delà, l’aboutissement de ce combat, mené par votre quotidien et les responsables du Conseil supérieur des imams( Cosim), remet au goût du jour la question du contre-pouvoir dans un pays. Depuis l’avènement du commissaire Gisèle Blé à la sous-direction de la Police de l’air et des frontières, des Ivoiriens n’avaient de cesse de dénoncer les pratiques discriminatoires qui sévissaient à la sûreté. Mais, les partis politiques sont restés de marbre. Tout comme les Ong et tous les mouvements dits de la société civile qui ont pourtant, pour vocation de contribuer au bien-être de la population. Nul n’a osé lever le doigt ou faire une déclaration pour interpeller les autorités sur les mauvaises pratiques qui avaient cours dans les baraques de la direction de la police. Silencieusement et individuellement, les Ivoiriens souffraient. A juger par les messages de félicitations parvenus à notre rédaction au lendemain de la mesure de suppression des auditions, on peut dire que le problème avait atteint un seuil critique. Finalement, le citoyen lambda peut objectivement se demander quel est le rôle des partis politiques ? Ne sont-ils pas concernés par les graves problèmes sociaux que vivent leurs militants au quotidien ? Résultats catastrophiques aux examens de fin d’année, grève intempestives dans la santé et dans les écoles, incendies suspects des marchés et des bureaux sensibles, augmentations sauvages des prix du carburant et des denrées de premières nécessités, blocages des subventions existentielles des communes des zones Centre Nord et Ouest, racket des populations et des transporteurs sur les routes, augmentation des attaques à mains armées, détention arbitraire des honnêtes citoyens dans les geôles… Aucun de tous ces problèmes n’émeut les partis politiques. Leurs animateurs donnent trop souvent le sentiment de ne pas voir ce qui se trame autour d’eux.
Ils sont, tous, focalisés sur la conquête du pouvoir, rien que par cette quête. Assurément, c’est une grossière erreur. La meilleure façon de conquérir le cœur des électeurs, c’est de s’approprier leur combat quotidien. Plus que toutes les promesses, en cas de victoire, l’électeur est en phase avec celui qui partage ses joies et peines au jour le jour. En aucun cas, les partis politiques ne sauraient assister en spectateur passif au malheur et à la souffrance de ceux qu’ils aspirent gouverner. Dénoncer cette démission collective n’est pas se poser contre qui que ce soit. André Gide l’a dit en 1944 : « C'est souvent lorsqu'elle est le plus désagréable à entendre qu'une vérité est le plus utile ».


Par Traoré M. Ahmed
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