Conakry possède l’un des plus grands ports de pêche artisanale de la sous-région. Nous l’avons visité.
Au quartier Boulbinet, dans la commune de Kaloum, à Conakry, seule une voie bitumée sépare le gigantesque palais présidentiel, en chantier, du port de pêche artisanale de la capitale guinéenne. De part et d’autre du palais, de petits quais en béton ou en bois se suivent sur environ un kilomètre, le long de la côte rocheuse de l’océan Atlantique qui ceinture le quartier administratif. Autour de chaque quai, sur l’eau de mer rouge d’impureté, tanguent une ou plusieurs pirogues. Ce sont de petites pirogues traversées par des planches qui servent de sièges aux occupants pour pagayer, ou des pirogues moyennes avec des voiles ou des moteurs à l’un de leurs bouts. L’endroit grouille de monde à longueur de journée. Des pêcheurs fraichement revenus de la haute mer sont occupés à amarrer leurs embarcations. D’autres, arrivés plus tôt, débarquent le fruit de leur pêche. Ils sont parfois aidés dans cette tâche par de petits dockers. En réalité des badauds qui passent leurs journées au bord de la mer à des fins diverses. Pendant que des “marins” arrivent, d’autres se préparent à repartir en mer. Ceux-ci sont préoccupés à réparer des parties de leurs pirogues où, et là c’est carrément au sol, à rafistoler des filets déchirés. Des filets bien souvent à très petites mailles. Le monde, c’est surtout les clients. Des femmes pour la plupart. Certaines vont jusqu’au bout des quais pour être servies dès le débarquement. Ce sont des commerçantes. A la différence du grand port de pêche qui n’est pas très loin de là, ici, les cargaisons sont vendues au détail et les prix sont réputés plus accessibles. Boulbinet attire pour cela une foule de revendeuses qui n’osent pas s’aventurer au port moderne où les quantités et les coûts ne peuvent être supportés que par des grossistes. Chaque jour, les détaillantes viennent de Matoto, de Ratoma, de Kipé et d’autres quartiers reculés de Conakry pour avoir leurs stocks. Avec un si grand affluence dans un débarcadère où les pirogues n’arrivent qu’au compte-gouttes avec quelques coffres de poissons, les bousculades sont inévitables. Surtout qu’en plus des revendeuses, viennent également s’approvisionner des ménagères attirées par les ‘’bons’’ prix. Au brouhaha des transactions, s’ajoute le tintamarre des taxis qui klaxonnent constamment pour se frayer un passage dans le gros embouteillage du petit port. Sous des hangars de fortune, se trouvent des foules de personnes qui entourent des tas de poissons frais versés à même le sol ou sur des plastiques. Chaque tas comportent diverses espèces. Nous reconnaissons des carpes, des thons, des silures…Des poissons de moyenne et de petite taille. Certaines commerçantes préfèrent écouler sur place leurs stocks à d’autres revendeuses ou à des ménagères qui ne veulent pas, ou qui ne peuvent pas participer à la bousculade des quais. Visiblement bien organisés, les pêcheurs ne parlent pas de leur activité n’importe comment. Nous sommes conduits vers un doyen. Ya Moussa Touré, la cinquantaine, se détache momentanément du groupe avec lequel il réparait un filet pour répondre aux questions. Il affirme pratiquer la pêche depuis une vingtaine d’années. « Ce métier m’a permis de fonder une famille », précise-t-il. Les marins sont constitués en une association qui se charge de défendre leurs intérêts auprès des autorités, entretient les quais et veille au respect d’une certaine discipline dans le port. Pour le reste, chaque pêcheur ou groupe de pêcheurs se débrouillent comme ils le peuvent pour vivre de leur activité. Après avoir acquis une bonne pirogue à un coût moyen de 5.000.000.000 de francs guinéens (500.000 Fcfa), ils vont en mer deux ou trois fois par mois. Chaque voyage dure en moyenne une semaine et rapporte l’équivalent de 50.000 Fcfa. Généralement, les poissons sont vendus par douzaine. En fonction des tailles, le prix d’une douzaine varie entre 150.000 et 300.000 F.G. (30.000 Fcfa). L’argent des ventes est versé au propriétaire de la pirogue. Celui-ci peut être pêcheur ou non. A la fin du mois, des salaires qui dépassent rarement les 20.000 Fcfa sont versés aux matelots.
Cissé Sindou (Envoyé spécial en Guinée)
Au quartier Boulbinet, dans la commune de Kaloum, à Conakry, seule une voie bitumée sépare le gigantesque palais présidentiel, en chantier, du port de pêche artisanale de la capitale guinéenne. De part et d’autre du palais, de petits quais en béton ou en bois se suivent sur environ un kilomètre, le long de la côte rocheuse de l’océan Atlantique qui ceinture le quartier administratif. Autour de chaque quai, sur l’eau de mer rouge d’impureté, tanguent une ou plusieurs pirogues. Ce sont de petites pirogues traversées par des planches qui servent de sièges aux occupants pour pagayer, ou des pirogues moyennes avec des voiles ou des moteurs à l’un de leurs bouts. L’endroit grouille de monde à longueur de journée. Des pêcheurs fraichement revenus de la haute mer sont occupés à amarrer leurs embarcations. D’autres, arrivés plus tôt, débarquent le fruit de leur pêche. Ils sont parfois aidés dans cette tâche par de petits dockers. En réalité des badauds qui passent leurs journées au bord de la mer à des fins diverses. Pendant que des “marins” arrivent, d’autres se préparent à repartir en mer. Ceux-ci sont préoccupés à réparer des parties de leurs pirogues où, et là c’est carrément au sol, à rafistoler des filets déchirés. Des filets bien souvent à très petites mailles. Le monde, c’est surtout les clients. Des femmes pour la plupart. Certaines vont jusqu’au bout des quais pour être servies dès le débarquement. Ce sont des commerçantes. A la différence du grand port de pêche qui n’est pas très loin de là, ici, les cargaisons sont vendues au détail et les prix sont réputés plus accessibles. Boulbinet attire pour cela une foule de revendeuses qui n’osent pas s’aventurer au port moderne où les quantités et les coûts ne peuvent être supportés que par des grossistes. Chaque jour, les détaillantes viennent de Matoto, de Ratoma, de Kipé et d’autres quartiers reculés de Conakry pour avoir leurs stocks. Avec un si grand affluence dans un débarcadère où les pirogues n’arrivent qu’au compte-gouttes avec quelques coffres de poissons, les bousculades sont inévitables. Surtout qu’en plus des revendeuses, viennent également s’approvisionner des ménagères attirées par les ‘’bons’’ prix. Au brouhaha des transactions, s’ajoute le tintamarre des taxis qui klaxonnent constamment pour se frayer un passage dans le gros embouteillage du petit port. Sous des hangars de fortune, se trouvent des foules de personnes qui entourent des tas de poissons frais versés à même le sol ou sur des plastiques. Chaque tas comportent diverses espèces. Nous reconnaissons des carpes, des thons, des silures…Des poissons de moyenne et de petite taille. Certaines commerçantes préfèrent écouler sur place leurs stocks à d’autres revendeuses ou à des ménagères qui ne veulent pas, ou qui ne peuvent pas participer à la bousculade des quais. Visiblement bien organisés, les pêcheurs ne parlent pas de leur activité n’importe comment. Nous sommes conduits vers un doyen. Ya Moussa Touré, la cinquantaine, se détache momentanément du groupe avec lequel il réparait un filet pour répondre aux questions. Il affirme pratiquer la pêche depuis une vingtaine d’années. « Ce métier m’a permis de fonder une famille », précise-t-il. Les marins sont constitués en une association qui se charge de défendre leurs intérêts auprès des autorités, entretient les quais et veille au respect d’une certaine discipline dans le port. Pour le reste, chaque pêcheur ou groupe de pêcheurs se débrouillent comme ils le peuvent pour vivre de leur activité. Après avoir acquis une bonne pirogue à un coût moyen de 5.000.000.000 de francs guinéens (500.000 Fcfa), ils vont en mer deux ou trois fois par mois. Chaque voyage dure en moyenne une semaine et rapporte l’équivalent de 50.000 Fcfa. Généralement, les poissons sont vendus par douzaine. En fonction des tailles, le prix d’une douzaine varie entre 150.000 et 300.000 F.G. (30.000 Fcfa). L’argent des ventes est versé au propriétaire de la pirogue. Celui-ci peut être pêcheur ou non. A la fin du mois, des salaires qui dépassent rarement les 20.000 Fcfa sont versés aux matelots.
Cissé Sindou (Envoyé spécial en Guinée)