2009-2015, telle est l’échéance fixée par l’AIODM-Côte d’Ivoire pour l’atteinte des objectifs visant à réduire l’extrême pauvreté. Après le forum international - tenu les 15 et 16 octobre 2009 à Abidjan - qui a eu pour thème : « inscrire les OMD au cœur de l’action des médias », la journée internationale de l’élimination de la pauvreté a servi de prétexte pour l’installation du point focal d’Eri-Macouguié et du jumelage dudit village avec Moossou, le 17 octobre 2009. «Malgré l’importance d’une relation partenariale, nous n’allons pas attendre les 0,7% de l’aide au développement pour réaliser les défis du développement qui nous attendent. Trop d’attentes n’ont pas été satisfaites, trop d’espoirs ont été déçus. La question de la faim n’est pas une priorité mondiale dans les actes », a tenu à rappeler Mme Pascale Fressoz, présidente AIODM Suisse, pour planter le décor devant les populations d’Eri-Macouguié et la délégation de Moossou. Aussi pour illustrer l’ampleur des défis à relever avant 2015, année butoir des OMD, elle a donné des chiffres clés. Selon elle, près d’un milliard de personnes sur cette terre vivent de miettes. «Toutes les trois secondes, un enfant de moins de 5 ans meurt. Je suis effarée de voir notre capacité à nous indigner lors de la disparition d’un enfant, dans un pays riche, alors que nous restons indifférents à la mort de milliers d’enfants, de millions d’enfants dans les pays pauvres », a-t-elle déploré. Comment réussir à juguler la pauvreté qui s’enracine de plus en plus dans nos villages et villes ? Eri-Macouguié, village de la région d’Agboville, désormais village du millénaire, a bénéficié d’une somme de 1.500.000FCFA comme fonds d’appui. En plus de ce fonds, le village a reçu des dons, des kits scolaires grâce à l’amabilité de Mme Marie Laure Assandoi Kindo, pour les deux écoles primaires créées respectivement en 1965 et 1986. Quant au jumelage avec Moossou, village de la commune de Grand-Bassam, il répond, selon Désirée Djoman, au souci du partage des expériences en matière d’actions de lutte contre la pauvreté. La délégation de Moossou conduite par Nanan Bognigni Jean Baptiste, représentant du roi, a offert des présents : un tableau, des crabes poilus, des paniers d’attiéké, du ‘’koutoukou’’ (boisson locale), des ananas…à la notabilité d’Eri-Macouguié pour sceller cette alliance de travail contre la pauvreté. Au risque de voir les objectifs du millénaire se transformer en folle espérance, M. Jean Baptiste Akrou, DG de Fraternité Matin et par ailleurs inspirateur du projet ‘’Village du millénaire ‘’, a exhorté les populations de ce village au travail et à la solidarité. Pour lui, si le développement est considéré comme un immeuble à plusieurs étages, Eri-Macouguié est déjà sorti du sous-sol. Mieux, il est au huitième étage. «Quand ramasser devient facile, s’abaisser devient difficile», ce prétexte qui fait des populations des éternels assistés doit, selon lui, s’estomper à partir de cette cérémonie. M. Pierre Dimba, natif dudit village et par ailleurs parrain de la cérémonie, a traduit sa joie de recevoir une si importante délégation pour un message aussi important. «Cette initiative a permis dans d’autres contrées de faire des bonds qualitatifs. Comme le développement, c’est de passer de la situation actuelle avec nos moyens vers une situation meilleure. Nous devons être solidaires, faire en sorte que les projets communautaires puissent prendre forme et se débarrasser des clichés d’éternels assistés »,a-t-il conseillé. Pourquoi le choix d’Eri-Macouguié ? «Le choix d’Eri-Macouguié est un choix de Suisse », a déclaré Mme Désirée Djoman. Avec la crise militaro-politique qu’a connue la Côte d’Ivoire, des villages de l’ouest qui en ont le plus souffert, sont aujourd’hui des prototypes de villages à développer ou du moins des projets communautaires à forte valeur ajoutée humanitaire qui pourraient être réalisés. Lutter contre la pauvreté, c’est penser aussi aux hommes qui en ont le plus besoin. «Eri-macouguié est au huitième étage du développement». Cette phrase de M. Jean Baptiste Akrou est en phase avec l’estime que cette communauté villageoise a d’elle-même. D’ailleurs, elle n’a pas hésité à applaudir. 1500.000FCFA ont été donnés pour servir de fonds d’appui au point focal. Qu’en est-il des bourgades de l’ouest, du centre qui sont peut être au sous sol, sans eau courante, sans électricité, sans route, avec de forts taux d’analphabètes parce que la seule école à leur portée est à plus de dix kilomètres ? Pourquoi l’alliance n’a-t-elle pas fait visiter des projets concrets de lutte contre la pauvreté ? Comment réussir dans cette Côte d’Ivoire pour atteindre les huit objectifs des OMD avec cette coalition où les discours semblent avoir plus de places ? 2015 c’est la porte d’à côté et la pendule est en marche…
K.H
K.H
