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Politique Publié le jeudi 22 octobre 2009 | Le Patriote

Attention à la RTI !

« Lorsque j’arrive à l’aéroport d’un pays, il suffit de regarder la télé pour savoir si le régime qui a cours dans ce pays est démocratique. » Ainsi s’exprimait le chef de l’Etat lorsqu’il était encore opposant. Cette phrase aujourd’hui encore sonne plus que vrai dans un pays où les médias d’Etat ont décidé de se mettre au service d’un seul individu : Laurent Gbagbo. La RTI, service public financé par la redevance payée par tous les habitants de ce pays, jouent à un jeu dangereux. Car la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne a été l’enjeu de toutes les batailles ces dernières années pour la conquête du pouvoir d’Etat. Et cela s’explique. La RTI est le seul support audiovisuel en Côte d’Ivoire. De tout temps, on n’a voulu en faire un instrument de propagande. Laurent Gbagbo, lui-même, lorsqu’il était dans l’opposition, s’est élevé contre cet état de fait. Dans ce pays, on l’a vu battre le pavé pour qu’il y ait plus d’équilibre et d’équité dans le traitement de l’information au sein de la « maison bleue ». A ce sujet, Laurent Gbagbo a d’ailleurs toujours déclaré : « la presse et précisément, la télévision est le premier pilier de la démocratie ». C’est donc pour défendre la liberté de cet instrument de démocratie que la direction du Rassemblement des Républicains avec à sa tête, le Pr. Henriette Dagri Diabaté, est allée en prison en octobre 1999. C’est à cause de cette même RTI que des gens ont été torturés, violés et assassinés en décembre 2000 à l’ex-ENS et à l’école de police. C’est toujours à cause du combat pour la liberté de la seule télévision publique que le Premier ministre Guillaume Soro, alors ministre de la Communication, a failli être assassiné dans la cour de la RTI en juin 2003 par des « jeunes patriotes ». C’est pour qu’enfin souffle un vent de liberté sur la RTI que le ministre Guillaume Soro a démissionné du gouvernement Seydou Diarra pour se réfugier à Bouaké après son assassinat manqué. Ce bras de fer avec Laurent Gbagbo, on se souvient, avait abouti à la nomination d’un professionnel Yacouba Kébé qui a donné ses véritables lettres de noblesse au petit écran. Avec lui, la RTI reflétait toutes les sensibilités politiques et religieuses de la Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens étaient fiers de leur télévision. Aujourd’hui, ils ne la reconnaissent plus. Pis, la RTI dans sa nouvelle version les répugne. Car le Palais a décidé d’en faire un instrument de propagande à la solde du régime de Laurent Gbagbo. On tombe pleinement dans la caporalisation abjecte, en plein abus de bien social. Car la RTI est une chose publique. Un bien appartenant à tous les Ivoiriens. A Laurent Gbagbo comme à Alassane Ouattara, à Henri Konan Bédié, à Albert Mabri Toikeuse ou à Innocent Anaky Kobéna. Or, ce bien commun est confisqué par un seul individu. La RTI en ce moment ne joue plus son rôle républicain. Ses responsables ont décidé de s’engager dans une relation plus hégélienne que régalienne avec le pouvoir FPI. Les Ivoiriens qui continuent de payer la redevance supportent difficilement ce qu’on fait actuellement de leur bien commun. Si Brou Amessan et ses hommes pensent pouvoir séduire les citoyens de ce pays avec les reportages, comptes rendus et autres éditons spéciales commandés et commandités depuis le Palais, ils se trompent lourdement. Leurs responsabilités dans cette cabale contre les Ivoiriens sont largement engagées. Comme Joseph Goebbels, ministre de la Propagande d’Hitler et les responsables de radio « Mille collines » au Rwanda, ils répondront au moment opportun de leurs actes s’il advenait que la Côte d’Ivoire par leurs œuvres replonge dans la violence et le chaos. Ils auront à répondre devant les tribunaux. Ce n’est pas ce que nous leur souhaitons, mais c’est à cela qu’ils s’exposent en oubliant les règles élémentaires du droit à la propriété. en matière de gestion d’un bien commun.

Jean-Claude Coulibaly
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