Ils n'y sont pas allés de mains mortes, les honorables membres du Conseil national de la presse qui, le lundi 19 octobre dernier, se sont réunis, pour décider souverainement d'infliger une sanction pécuniaire d'une valeur de 5 millions de Fcfa. Il faut dire que les membres du conseil avaient à choisir un montant sur une échelle comprise entre un et dix millions de francs. Ils ont souverainement opté pour la moitié (5 millions) exigibles dès la notification de la décision au représentant légal du groupe de presse " Le Réveil ", M. Dénis Zion KAH. Pour une décision du second degré qui touche au patrimoine financier d'une personne morale, les membres du Conseil n'ont pas souverainement jugé nécessaire d'entendre préalablement le fautif, que dis-je, l'horrible coupable, avant de lui infliger la sanction. Est-il nécessaire de rappeller que la justice ne condamne jamais quelqu'un (même étant le plus grand criminel) sans l'avoir entendu au préalable ? Et pan ! Aucune circonstance atténuante ! 5 millions ! Affaire suivante ! ainsi en ont décidé les membres du conseil. Mais quand on lit la décision du Cnp, on éprouve immédiatement un sentiment de malaise tant les membres du conseil, dans leur souci de trouver des éléments pour justifier une décision qu'ils ont prise librement et sans aucune pression, se sont avancés sur des pistes extrêmement dangereuses pour la cohésion sociale qu'ils ont voulu (disent-ils) préserver en sanctionnant le groupe de presse " Le Réveil ". En effet, les membres du Conseil écrivent " que la faute commise fait peser des risques réels de tension sur le processus de sortie de crise, par l'exacerbation de sentiments conflictuels des mouvements politiques soutenant le Premier ministre… " Ainsi donc le Cnp a sanctionné le groupe de presse " Le Réveil " pour contenter les mouvements politiques qui soutiennent le Premier ministre ? Ainsi donc, les membres du Conseil ont rendu leur décision, non pas au nom de l'Etat de Côte d'Ivoire, mais au nom " des mouvements politiques soutenant le premier ministre " ? Devrions-nous interpréter ce passage comme une invite que fait le Cnp à tous les mouvements politiques soutenant d'autres leaders, à manifester chaque fois que d'autres journaux voueront leur leader aux gémonies ? Nous n'osons le croire ! D'autant plus que le Cnp s'est autosaisi. Comment peut-on s'autosaisir et écrire pareille chose ? Le Cnp aurait-il agi sous la pression de ces " mouvements ", les Forces nouvelles, les journalistes pro-Soro et même la Primature ? Ceci est d'une part. D'autre part, les membres du Conseil écrivent que " Le Premier ministre n'était pas en " balade en Chine " mais y était (et y est encore) en visite officielle de travail à l'invitation de son homologue chinois… ". Et c'est une chose que les membres du Conseil trouvent " injuste ". Une injustice commise par le journal à l'égard du Premier ministre et qu'ils ont décidé de sanctionner. Ainsi désormais, pour le Cnp, toute information non vérifiée est un " outrage ". Enfin dans le communiqué rendant publique la sanction infligée par le Conseil, les rédacteurs ont soigneusement( ?) dénaturé le titre du numéro du journal incriminé en faisant disparaître le mot " présidentielle " qui situe le contexte et donne un sens global au titre, pour suggérer que la seule intention de " Le Nouveau Réveil " ait été d'injurier et d'outrager le Premier ministre. Toutes ces choses, mises les unes dans les autres, nous inclinent à nous interroger gravement sur le motif réel de cette sanction. Interrogations qui ont d'ailleurs conduit le directeur du groupe " Le Réveil " Dénis Zion KAH et certains de ses collaborateurs, à rencontrer, hier en fin de soirée après avoir reçu la notification le secrétaire général du Cnp, Me René Bourgoin assisté de M. Domo et de Mlle Amoakon Sidonie. C'était une démarche citoyenne en attendant d'autres…
ASSALE TIEMOKO
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