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Politique Publié le jeudi 22 octobre 2009 | Le Patriote

Soutien affiché des médias d’etat à la candidature de Laurent Gbagbo : La RTI et Frat Mat déraillent

Une première en Côte d’Ivoire. Un parti politique, le PDCI en l’occurrence, interdit l’accès à ses activités, aux équipes de la Télévision nationale. Le fait est passé sans grand bruit. Mais il est assez sérieux pour être souligné. Le parti de Bédié s’insurgeait contre le traitement partiel accordé à ses activités. Une réaction extrême qui, au lieu d’interpeller les dirigeants du média de service public, les a plutôt confortés dans leur posture, reléguant au second plan, les activités des opposants au régime en place, duquel tous se réclament. Pendant ce temps, la Direction de la RTI, presque éblouie devant le chef de l’Etat, désormais candidat à sa propre succession, déroule le tapis rouge, en fait plus, au-delà des faits.

Exemples encore frais : hier, après la couverture de la cérémonie de présentation de l’équipe de campagne du candidat Laurent Gbagbo, les reporters de la RTI se sont tous retrouvés… au Palais présidentiel. C’est là-bas que sont désormais montés les éléments et dictés les analyses et commentaires. Resultat, la présentation de l’équipe de campagne du candidat Gbagbo a eu droit à plus de 10 mn dans le file du journal d’hier soir.

Le vendredi 16 octobre dernier, jour du dépôt de la candidature du chef de l’Etat, la Direction de la RTI avait programmé une retransmission en direct. Il a fallu la fermeté de la CEI pour que ce zèle ne devienne que pure fantasme.

Dans la mouvance du dépôt de cette candidature, la Télévision s’est engagée dans un traitement défiant toute l’éthique et la déontologie des médias que les journalistes ivoiriens se sont eux-mêmes donnés: déséquilibre dans le traitement de l’information, mauvais traitement de l’information et manipulation de l’information. En effet, le dimanche 18 octobre dernier, trois jours après le dépôt de candidature de Laurent Gbagbo, la Rédaction de la Première a invité Malick Coulibaly, son directeur de campagne, au Plateau du journal de 20h. Mais il n’y avait pas que lui. Gbagbo était présent sur les écrans au prétexte d’une cérémonie à Libouli. Après ses deux sujets sur le conducteur, il y a eu successivement la rencontre des mouvements dits houphouétistes à Yamoussoukro, le lancement du site internet de la Présidence, un meeting de Yao Koffi Serges de la Mouvance présidentielle à Gonaté. En tout, plus d’une vingtaine de minutes consacrées aux activités du camp présidentiel.

Pendant ce moment, les principaux opposants dont personne ne peut douter du poids sur l’échiquier politique, eux aussi, candidats à l’élection présidentielle, sont royalement ignorés. Henri Konan Bédié était en meeting à Port-Bouët le samedi et Alassane Ouattara, ce même jour, mobilisait des dizaines de milliers de personnes au stade Ali Timité de Bondoukou. Il aura fallu près de 72 heures pour que les hommes de Brou Amessan daignent accorder quelques secondes aux activités des membres du RHDP sur les ondes. Pourtant, la RTI continue de fonctionner grâce à l’apport de tous les citoyens, de tous bords politiques, de toutes les régions et de toutes les confessions. Sur les factures d’électricité, l’Etat ne prélève-t-il pas 2000 FCFA mensuellement pour une « redevance »?

Du côté du journal gouvernemental, Fraternité Matin, lui aussi média de service public, l’atmosphère est la même. Tenu aujourd’hui par de fieffés partisans de Laurent Gbagbo, ce journal qui se dit « ni neutre ni partisan » perd, de plus en plus, la dose de crédibilité qui est actuellement la sienne. Car, ce ne sont pas quelques interviews ou des comptes-rendus des activités politiques des leaders de l’opposition qui masqueront le parti-pris de ce « journal de tous les Ivoiriens ». Commentaires, éditoriaux, analyses tendancieuses sont écrits pour présenter Gbagbo et ses hommes sous leurs plus beaux jours. Exemples : A propos du déjeuner que le Président américain Barack Obama a accordé à ses pairs africains au nombre desquels Laurent Gbagbo, il n’y a eu que Fraternité Matin pour voir que non seulement Gbagbo avait été invité spécialement mais qu’il avait eu un entretien avec l’homme fort de la Maison Blanche. Information bien entendue démentie par le compte-rendu du déjeuner disponible sur le site internet de la Maison Blanche (www.whitehouse.gov).

Ensuite, les Ivoiriens ont lu récemment dans Fraternité Matin, des articles concernant les fameux sondages dont raffolent les quotidiens pro-FPI. L’information certes, mais des plumes parmi la direction, montent au créneau pour orienter l’opinion avec des analyses qui ne tiennent que sur des suppositions. En effet, le jour du dépôt de la candidature d’ADO à la CEI, le Quotidien ouvrait avec : « à six semaines de la date du 29 novembre, les intentions de vote demeurées identiques à celles de juin : Gbagbo toujours en tête, selon un deuxième sondage Tns-Sofrès ». Comme pour étouffer l’effet de la candidature du Président du RDR. Puis, Frat Mat a poursuivi, de concert avec la presse bleue, avec une série d’articles, commandités depuis l’INS sur le fichier électoral présentant les cas « litigieux » comme des cas de « fraude ».

Pourtant, le traitement de l’information en période électorale (puisque nous y sommes) obéit à des critères. En effet, le Code électoral précise en son article 30 que « les candidats retenus ont un égal accès aux organes officiels de presse écrite, parlée et télévisée ».

Des accords de paix signés depuis Pretoria insistent aussi sur le traitement équitable des candidats et des partis politiques. Qu’on ne s’y méprenne pas. Laurent Gbagbo est déclaré candidat à l’élection présidentielle. La marge entre sa fonction de chef d’Etat et son ambition de conquérir, pour une fois dans des conditions démocratiques, le suffrage de ses compatriotes est très mince.

Le CNCA et le CNP qui se veulent les gendarmes de la presse et de l’audiovisuel, devraient veiller à ce que ces vecteurs de communication et d’information au service de l’intérêt général ne soit pas utilisé à des fins de propagandes politiques et d’intoxication comme c’est le cas aujourd’hui. Le journalisme a des règles. La RTI gagnerait à cesser d’être la « Télévision des grands énervements ».

Charles Sanga
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