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Politique Publié le vendredi 23 octobre 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Contribution - Laurent Gbagbo, le sens d`une candidature : Face au passé, se lève l`avenir

Le 16 octobre 2009 sonne le glas d`une époque avachie par les idéologies de reniement. Laurent Gbagbo, certainement de bon gré, mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, sous la pression des franges représentatives de la société ivoirienne a fait acte de candidature à la prochaine élection présidentielle. Pression des chefs de canton, de province, rois et autres sultans, des syndicalistes, de la jeunesse, des cadres et enfin des partis politiques. Pourquoi cède-t-il ? Historiquement parlant, la lutte coloniale aussi, malgré des idées reçues, a trouvé son fondement souvent dans le refus des chefs traditionnels d`être de simples auxiliaires du colonisateur. Représentant leurs populations, ils ont pu se mettre quelquefois au-dessus des idéologies, des ethnies, des religions. Véritables rassembleurs, ils sont à l`écoute d`une population plurielle et polyvalente. Si les syndicats sont partisans, ils n`oublient jamais dans leur lutte perpétuelle, ceux des hommes capables de prendre la pleine mesure de leur avenir grâce à une vision nette de leur devenir. Mieux, les partis politiques, véritables associations privées, n`ont de compagnons de partage que ceux qui "drive" vers un horizon qui couve leurs objectifs. Quand toutes ces synergies (les partis l`étant par essence) convergent vers un seul homme, pour atteindre les objectifs qu`ils se sont assignés, c`est qu`ils partagent profondément la même vision. Ainsi Laurent Gbagbo, face au cataclysme politique qui se préparait, face au désarroi des populations, à l`affreux gâchis humain, face aux brasiers, véritables vecteurs des déliquescences ethniques couvant sous la cendre, n`a ni abandonné, ni baissé les bras, ne s`est assoupi, tenant toujours debout le gouvernail du navire ivoirien sur les eaux tumultueuses d`un typhon qui ne disait pas son nom. Ce choix de faire face à l`adversité au moment où bien d`autres avaient bouclé valises et cantines est certes chargé sémantiquement et symboliquement, mais surtout trouve-t-il son fondement dans la constance d`un nationaliste engagé dans le combien difficile et passionnant combat de la liberté et la démocratie. En choisissant de faire front, Laurent Gbagbo a su affirmer la volonté d`Indépendance de la Côte d`Ivoire face aux velléités déstabilisatrices. Il a fondé sa revendication de l`Indépendance sur l`affirmation des droits fondamentaux en tête desquels s`inscrivent non seulement le droit des Ivoiriens à exister et à défendre l`intégrité de leur territoire, mais aussi leur désir ardent de vivre libres en prenant en main leur propre destin. Il a mis en mouvement le processus d`un sentiment de fierté sans brusquer, ni écorcher le monde, en s`appropriant, historien qu`il est, du sort qui fut réservé à Mossadegh, Lumumba, Nkrumah, ces nationalistes précurseurs. Sans jamais se laisser impressionner outre mesure par les sempiternelles oiseuses pressions internationales, il a compris que le plus impérieux et le plus sacré des devoirs, était de défendre l`intégrité d`un pays, son pays, notre pays, en proie aux convoitises et aux appétits insatiables des anciens maîtres et leurs vassaux. Il s`est surtout convaincu qu`il ne suffit pas que disparaisse la guerre pour que règne l`égalité, et que soient assurés les droits fondamentaux. Ce faisant, l`Homme en pleine crise, s`échine à établir une chaîne fraternelle de cohésion au-delà des clivages politiques et idéologiques, avec une foi inébranlable en la personne humaine, en l`homme ivoirien. L`Homme, si tant il est vrai que ce ne soit pas les individus qui font l`Histoire, s`est vite saisi du jeu profond des forces politiques, sociales, économiques, protagonistes ou antagonistes en présence, estimant qu`il faudra toujours des hommes pour l`accoucher. Laurent Gbagbo a vite compris aussi que le territoire pouvait être source de gloire, mais aussi de déboires. L`essentiel était d`user d`intelligence pour l`en sortir. Le territoire s`affirmant par excellence comme le lieu où la liberté individuelle, l`esprit de solidarité, l`opiniâtreté et le courage, où la nature offre à tout homme de vertu les moyens d`accéder au bien-être, à condition qu`il ait la volonté et la force de se battre contre les forces du mal.
Ce constat fait, Laurent Gbagbo a invité les Ivoiriens à s`approprier un combat qu`ils ne percevaient de prime abord comme le leur. Pour y parvenir, il a su se débarrasser des scories de l`a priori idéologique. Et fonder son invite sur des bases indestructibles, à savoir la liberté de la patrie. Ainsi, la crise du 19 septembre n`offrant qu`une alternative, soit s`offrir les moyens de mener la guerre jusqu`à son terme, soit de rassembler les moyens d`une paix réconciliatrice ; Laurent Gbagbo choisira la seconde voie, ayant compris que les séquelles et les effets collatéraux d`une victoire militaire pourraient être incalculables et irréparables. L`Homme s`attellera donc à marier agitation et association en transformant positivement les divergences en convergences. Aussi s`efforcera-t-il à révolutionner et à radicaliser la manière de gouverner en période de crise en faisant fi de l`ego et de l`orgueil mal placé. Il s`emploiera à faire connaître la vérité, car les peuples sont avides de connaître la vérité, sachant depuis l`aube des temps que connaître la vérité fait toujours des hommes, des hommes libres. Laurent Gbagbo, dès l`aube de la crise, s`est fixé la mission impérieuse de sortir la Côte d`Ivoire de la nuit de l`exil. Face à ceux qui veulent de nouveau saper les fondements encore mal assurés de cette paix fragile avec des ardeurs insensées, il ne pouvait que plier à la volonté populaire en se portant candidat pour achever sa mission. Y renoncer, ce serait trahir des milliers et des milliers d`Ivoiriens qui fondent leur espoir à une paix, seul salut pour une Côte d`Ivoire nouvelle. Etre candidat au-dessus de la mêlée par la volonté de milliers et de milliers des composantes de la société comme les "cantons", c`est aussi empêcher les démons d`hier et d`aujourd`hui de se transformer en anges-lumière alors qu`ils continuent de couver les desseins lugubres d`ogres à l`affût.

Laurent Gbagbo candidat, c`est aussi l`expression de la culture politique d`un homme. Cette culture qui lui donne une grandeur d`âme et cette fermeté de courage, seyant uniquement aux hommes d`Etat ayant une vision pour leur pays. Il est indéniable que cette vision qui le rend invulnérable, grâce aux qualités de chef engagé, fait aussi de lui le rempart de la République contre les forces du mal et leur malignité. L`Homme a su se débarrasser de la rancœur dévorante et pardonner. Il a accepté de souffrir le martyr des grands Hommes pour l`avenir et le devenir de la Côte d`Ivoire. Le candidat Laurent Gbagbo demeure l`homme de conviction, de foi, d`engagement qui à un moment critique de son Histoire, a osé et cru en son pays face à des périls inédits, confronté à des dominations obscures. Alarmé par des violences insaisissables, dans un pays embarqué dans des mutations i-maîtrisées, ni les velléités identitaires, ni les passions meurtrières n`ont eu raison de sa farouche volonté de sauver la République. La libération du pays de la servitude a affermi sa foi de défenseur de la République et de serviteur d`Etat. Sa candidature trouve ainsi tout son sens dans son combat politique, une rupture avec un passé révolu qu`il est temps d`inhumer. Se libérer d`un passé aussi obsolète est toujours signe d`innovation, qui ne peut trouver toute sa plénitude et son originalité que dans la vérité. Tout un programme pour sa campagne. Cette rupture s`appréciera à la capacité du candidat à consolider toutes les voies nouvelles, tous les grands chantiers déjà ouverts. La candidature de Laurent Gbagbo en appelle à la révolte contre les habitudes qui nous asservissent intérieurement, contre également le monde extérieur qui nous asservit. La candidature de Gbagbo œuvre pour changer la pensée inhibitrice, les valeurs asservissantes. Elle est l`aube d`une nouvelle vision de la République qui passe par un changement radical des mentalités avilissantes, des liens vassalisants, et puise sa source dans une libération totale du pays. La candidature de Laurent Gbagbo exprime son refus de se figer, de se cristalliser, de s`emprisonner dans un moule quelconque. Sa candidature nous exhorte plutôt à sortir de notre douleur, et de notre solitude sans amertume. Certes, longues furent les journées de douleur passées à l`abri de ces remparts que furent son courage, son audace, et sa volonté de paix; longues furent les nuits de solitude et de désespoir; certes une crise comme celle qu`a connue la Côte d`Ivoire est un événement historique majeur. Mais avec une telle candidature, la crainte des lendemains incertains qui planait sur le pays comme une épée de Damoclès s`éloigne, et l`espoir renaît grâce à un homme dont la culture politique ne le prédestine ni à la dictature, ni à la tyrannie, ni au despotisme, voire éclairé. Renaissons donc dans l`espérance des lendemains meilleurs avec la candidature de Laurent Gbagbo.


Khalil Ali Kéïta
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