Qu’on l’aime où qu’on ne l’aime pas, force est de reconnaître que Mamadou Koulibaly ne fait pas partie de cette race d’intellectuels qui n’osent pas dire ce qu’ils ressentent. Le président du Parlement dit haut et fort ce que certains à sa place murmurent. Quand il n’est pas d’accord, il dit non. En janvier 2003, à la table ronde de Linas Marcoussis, dans la banlieue parisienne, il a claqué la porte estimant que les débats étaient biaisés et ne convenaient pas à sa vision d’intellectuel. Il a refusé de rester jusqu’au bout des discussions et cautionner ainsi les conclusions des travaux. Maintenant sa logique de boycott de Marcoussis, il a pratiqué la politique de la chaise vide à l’Assemblée nationale. Il a laissé sa vice-présidente, Marthe Agoh, occuper le perchoir du Parlement durant les débats qui ont validé les textes de Marcoussis. Encore une fois, il vient de prendre ses responsabilités devant l’histoire en demandant que les deux millions de personnes dont on ne retrouve pas les noms dans les fichiers historiques soient intégrés dans le corps électoral. Il prend cette position à un moment où au sein de son parti, le Fpi, la tendance est au repli identitaire et à la préférence nationale. Il demande aux Ivoiriens de ne pas avoir peur des étrangers et invite ses compatriotes à construire avec eux, un état fort. Naturellement, il prendra des coups puisque dans le clan présidentiel dont il est l’une des figures de proue, ce discours d’ouverture passe difficilement. L’histoire retiendra que Mamadou Koulibaly aura courageusement pris position. Au cours d’une réunion du comité central du Fpi tenue récemment, la question des 2, 7 millions de personnes a été posée. Nul n’a pris ouvertement position, tous préférant s’en remettre à la décision de Laurent Gbagbo. C’est ce genre d’attitude que Koulibaly refuse. Au cours interview qu’il nous a accordée le 23 janvier 2009, il a été on ne peut plus clair : «Un intellectuel qui craint les représailles d’un régime auquel pourtant il participe n’est pas un intellectuel qui dit la vérité. C’est quelqu’un qui a des défaillances au niveau de son intellect et vit dans le mensonge. Il use des subterfuges pour apaiser sa conscience. L'intellectuel se doit d'être honnête et de s'imposer un devoir de vérité». Sans commentaires.
Traoré M. Ahmed
Traoré M. Ahmed