Gnoan M'Bala Roger, cinéaste et ancien réalisateur à la Rti, a été honoré l'année dernière par le peuple N'Zima pour avoir porté haut sa culture à travers le monde. Le cinéaste a reçu plusieurs prix dont l'Etalon du Yennega à Ouagadougou. Dans cet entretien, il nous parle de l'Abissa, ce qu'elle représente pour le peuple N'Zima.
•L'Abissa a-t-elle connu un changement dans le temps ?
Il faut voir dans l'Abissa plusieurs aspects. Un aspect secret, qui n'est pas livré à tout le monde et qui est donc réservé aux initiés. Un aspect festif qui est populaire et enfin un autre qui concerne les rencontres des familles. Si on prend l'aspect secret, c'est-à-dire traditionnel et initiatique, je ne pense pas que l'Abissa ait changé. Parce que les tam-tams, la rythmique, la gestuelle, toutes les actions qu'on mène pour aboutir à l'Abissa n'ont pas changé depuis la nuit des temps. Et nous sommes les héritiers de cette culture. Au plan des rencontres avec les familles, elles n'ont pas changé. Les sept familles existent comme les N'zima au départ de leur exode. Les familles sont là avec leurs attributs, leur composition et leur manière de vivre. Au plan organisationnel, les N'Zima n'ont pas changé. Partout, où ils sont, ils sont organisés en communauté de gouvernement avec à leur tête un roi. Sous le roi, il y a des chefs, sous les chefs, des chefs de famille. Les notables sont amenés à jouer des rôles à travers une certaine classification, une hiérarchie. Maintenant au plan festif, la modernité est arrivée. Au plan de la rythmique originelle, on tente d'apporter une note moderne en y intégrant la sonorité à travers l'utilisation des moyens modernes. Aujourd'hui, quand vous arrivez au niveau de l'Abissa, il y a des repas, des micros et des tribunes modernes. Ce sont des changements notables parce que l'Abissa doit s'adapter à l'évolution du temps.
•La fête suscite-t-elle aujourd'hui un engouement ?
L'Abissa, modestement, est l'une des plus grandes fêtes de la Côte d'Ivoire. Sur ce point, il n'y a pas de commentaire.
•Que recherche le peuple N'Zima à travers l'Abissa ?
L'Abissa est l'un des piliers de la société N'Zima. C'est le pilier central. C'est la nouvelle année chez les N'Zima. Elle est appelée ''èvoulèhia'' c'est-à-dire la fin de l'année. Elle marque la fin d'une année et le début de la nouvelle année. C'est donc la période des bilans, de la critique sociale où tout le monde est mis sur le même pied d'égalité, même le roi. La société s'arrête pour faire son bilan de manière communautaire. On poursuit ce qui a marché, on rectifie les erreurs et on fait des projections pour le futur. A ce niveau, l'Abissa reste un élément essentiel de la vie des N'Zima. Le peuple N'Zima sans son Abissa devient un peuple ordinaire. C'est un caractère de pérennité qu'il faut donner à l'Abissa.
•D'où part l'Abissa et où prend-elle fin ?
Aujourd'hui, on parle du Ghana et de la Côte d'Ivoire. Mais quand l'Abissa a commencé à exister, il n'y avait ni côte d'Ivoire, ni Ghana. Il n'y avait pas de frontière. Les N'Zima sont sur le littoral atlantique de l'apolloni qui part du Ghana actuel jusqu'à la Côte d'Ivoire actuelle. L'Abissa a une progression avec un début et une fin. Tous les peuples N'Zima commémorent l'Abissa. De contrée N'Zima à contrée N'Zima, elle a atteint Grand-Bassam.
•Quelle sont les variantes au niveau de l'Abissa ?
Il y a une variante dans la progression de l'Abissa. La danse n'est pas unitaire. C'est à dire que la manière de posséder l'Abissa chez d'autres catégories de N'Zima n'est pas identique à celle que nous pratiquons chez nous. Mais, les fondements de base sont les mêmes. Ce sont les mêmes tam-tams, la même rythmique, la même chanson, le même génie qui la centralise. Puisque l'Abissa est au dessus de toutes les forces occultes. A telle enseigne que lorsque nous allons frapper (jouer) l'Edo-ngbolé (tam-tam), aujourd'hui (dimanche), il n' y aura ni deuil, ni pleurs, ni sacrifice, ni danse fétichiste. Aucune féticheuse de Bassam ne pourra danser. Elles viendront faire soumission à l'Abissa.
•Le ministère de la Culture s'implique t-il dans l'organisation de l'Abissa ?
Ce que je sais, c'est que les Ivoiriens reconnaissent l'Abissa. Parce que, ce sont eux-mêmes qui nous interpellent chaque fois pour nous demander à quel moment nous allons célébrer cette fête. C'est une danse qui est à la disposition de la Côte d'Ivoire. Elle est reconnue comme une danse fondamentale parce qu'elle fait partie de l'agenda culturel du pays. Je crois que le ministère de la Culture, à travers l'Abissa apporte son concours. Je le pense.
• Au delà de la célébration de cette fête, qu'est-ce qui est prévu au niveau des cadres ?
Lorsqu'on parle d'Abissa, même le roi est considéré comme un citoyen N'Zima. Que vous soyez cadre, cultivateur, commerçants, vous êtes concerné. Vous êtes imprégné de l'Abissa et vous vous intégrez dans la mouvance. C'est une occasion pour que des corps constitués se retrouvent pour discuter avec le roi et lui parler d'un certain nombre de projets. Une occasion de rencontrer des amis étrangers, non N'Zima, qui nous font l'amitié de venir danser. L'Abissa est strictement réservé aux N'Zima mais offre une ouverture à tous les autres peuples.
Entretien réalisé par Emmanuelle Kanga, à Grand Bassam
•L'Abissa a-t-elle connu un changement dans le temps ?
Il faut voir dans l'Abissa plusieurs aspects. Un aspect secret, qui n'est pas livré à tout le monde et qui est donc réservé aux initiés. Un aspect festif qui est populaire et enfin un autre qui concerne les rencontres des familles. Si on prend l'aspect secret, c'est-à-dire traditionnel et initiatique, je ne pense pas que l'Abissa ait changé. Parce que les tam-tams, la rythmique, la gestuelle, toutes les actions qu'on mène pour aboutir à l'Abissa n'ont pas changé depuis la nuit des temps. Et nous sommes les héritiers de cette culture. Au plan des rencontres avec les familles, elles n'ont pas changé. Les sept familles existent comme les N'zima au départ de leur exode. Les familles sont là avec leurs attributs, leur composition et leur manière de vivre. Au plan organisationnel, les N'Zima n'ont pas changé. Partout, où ils sont, ils sont organisés en communauté de gouvernement avec à leur tête un roi. Sous le roi, il y a des chefs, sous les chefs, des chefs de famille. Les notables sont amenés à jouer des rôles à travers une certaine classification, une hiérarchie. Maintenant au plan festif, la modernité est arrivée. Au plan de la rythmique originelle, on tente d'apporter une note moderne en y intégrant la sonorité à travers l'utilisation des moyens modernes. Aujourd'hui, quand vous arrivez au niveau de l'Abissa, il y a des repas, des micros et des tribunes modernes. Ce sont des changements notables parce que l'Abissa doit s'adapter à l'évolution du temps.
•La fête suscite-t-elle aujourd'hui un engouement ?
L'Abissa, modestement, est l'une des plus grandes fêtes de la Côte d'Ivoire. Sur ce point, il n'y a pas de commentaire.
•Que recherche le peuple N'Zima à travers l'Abissa ?
L'Abissa est l'un des piliers de la société N'Zima. C'est le pilier central. C'est la nouvelle année chez les N'Zima. Elle est appelée ''èvoulèhia'' c'est-à-dire la fin de l'année. Elle marque la fin d'une année et le début de la nouvelle année. C'est donc la période des bilans, de la critique sociale où tout le monde est mis sur le même pied d'égalité, même le roi. La société s'arrête pour faire son bilan de manière communautaire. On poursuit ce qui a marché, on rectifie les erreurs et on fait des projections pour le futur. A ce niveau, l'Abissa reste un élément essentiel de la vie des N'Zima. Le peuple N'Zima sans son Abissa devient un peuple ordinaire. C'est un caractère de pérennité qu'il faut donner à l'Abissa.
•D'où part l'Abissa et où prend-elle fin ?
Aujourd'hui, on parle du Ghana et de la Côte d'Ivoire. Mais quand l'Abissa a commencé à exister, il n'y avait ni côte d'Ivoire, ni Ghana. Il n'y avait pas de frontière. Les N'Zima sont sur le littoral atlantique de l'apolloni qui part du Ghana actuel jusqu'à la Côte d'Ivoire actuelle. L'Abissa a une progression avec un début et une fin. Tous les peuples N'Zima commémorent l'Abissa. De contrée N'Zima à contrée N'Zima, elle a atteint Grand-Bassam.
•Quelle sont les variantes au niveau de l'Abissa ?
Il y a une variante dans la progression de l'Abissa. La danse n'est pas unitaire. C'est à dire que la manière de posséder l'Abissa chez d'autres catégories de N'Zima n'est pas identique à celle que nous pratiquons chez nous. Mais, les fondements de base sont les mêmes. Ce sont les mêmes tam-tams, la même rythmique, la même chanson, le même génie qui la centralise. Puisque l'Abissa est au dessus de toutes les forces occultes. A telle enseigne que lorsque nous allons frapper (jouer) l'Edo-ngbolé (tam-tam), aujourd'hui (dimanche), il n' y aura ni deuil, ni pleurs, ni sacrifice, ni danse fétichiste. Aucune féticheuse de Bassam ne pourra danser. Elles viendront faire soumission à l'Abissa.
•Le ministère de la Culture s'implique t-il dans l'organisation de l'Abissa ?
Ce que je sais, c'est que les Ivoiriens reconnaissent l'Abissa. Parce que, ce sont eux-mêmes qui nous interpellent chaque fois pour nous demander à quel moment nous allons célébrer cette fête. C'est une danse qui est à la disposition de la Côte d'Ivoire. Elle est reconnue comme une danse fondamentale parce qu'elle fait partie de l'agenda culturel du pays. Je crois que le ministère de la Culture, à travers l'Abissa apporte son concours. Je le pense.
• Au delà de la célébration de cette fête, qu'est-ce qui est prévu au niveau des cadres ?
Lorsqu'on parle d'Abissa, même le roi est considéré comme un citoyen N'Zima. Que vous soyez cadre, cultivateur, commerçants, vous êtes concerné. Vous êtes imprégné de l'Abissa et vous vous intégrez dans la mouvance. C'est une occasion pour que des corps constitués se retrouvent pour discuter avec le roi et lui parler d'un certain nombre de projets. Une occasion de rencontrer des amis étrangers, non N'Zima, qui nous font l'amitié de venir danser. L'Abissa est strictement réservé aux N'Zima mais offre une ouverture à tous les autres peuples.
Entretien réalisé par Emmanuelle Kanga, à Grand Bassam