Considéré par les uns comme étant un véritable bourreau pour les Ivoiriens et par les autres comme un martyr des différents régimes qui se sont succédés depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny, Alassane Dramane Ouattara, le président du RDR fait partie des personnalités énigmatiques de ce pays. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, ADO ne laisse personne indifférent. Depuis la création de son parti, le RDR en 1994, le natif de Kong a connu des fortunes diverses jusqu’à son éligibilité à une élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Décryptage !
Pratiquement inconnu des Ivoiriens jusqu’en 1989, année où il a été appelé à la rescousse du régime de Félix Houphouët-Boigny, Alassane Dramane Ouattara s’est retrouvé, quelques années seulement après, au centre des préoccupations des Ivoiriens. Nommé Premier ministre du gouvernement d’alors après avoir dirigé le comité interministériel quelques mois auparavant, ADO a entrepris des reformes qui ont suscité des réactions mitigées au sein des populations. Entre autres, il a instauré en Eburnie le paiement de la carte de séjour aux étrangers, la réduction du train de vie de l’Etat, l’interdiction stricte et rationnelle aux cadres et autres fonctionnaires de circuler avec les véhicules de l’Etat pendant les jours non ouvrables et fériés, etc. En clair, le plan ADO a apporté de réels changements en Côte d’Ivoire.
La ‘’ guerre’’ ADO-Bédié
Et les Ivoiriens, sans doute conscients de cette nouvelle donne, ont somme toute, pris la résolution de s’y adapter. Surtout que le fils de Nabintou Cissé bénéficiait réellement de la confiance et du soutien inconditionnel du ‘’vieux’’ de plus en plus affaibli par l’âge et la maladie. Cependant, les choses vont se compliquer pour Ouattara le 07 décembre 1993, jour du décès de son mentor, Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro. Lorsqu’il apparaît sur le petit écran de la télévision nationale aux environs de 13h, ADO, les larmes aux yeux déclare : « mes chers compatriotes, la Côte d’Ivoire est désormais orpheline. Car le président Houphouët-Boigny est décédé ce matin même à Yamoussoukro. En ces circonstances douloureuses, j’ai la lourde responsabilité de liquider les affaires courantes jusqu’à l’inhumation du Premier président de notre pays… ». Cette déclaration du Premier ministre Ouattara provoque une crise d’urticaire au sein des partisans d’Henri Konan Bédié qui y perçoivent une manœuvre souterraine d’usurper le pouvoir. Et, telle une réponse du berger à la bergère, N’zuéba fait à son tour, une apparition au journal télévision de 20h de ce même jour pour demander au peuple de se mettre à sa disposition (sic) car, l’intérim du défunt sera valablement assuré par lui.
C’est donc le début d’une longue guéguerre entre les deux hommes qui va durer plusieurs années. De sorte qu’en 1998, après le décès du « FAMA » Djény Kobena Atta Kouamé, ADO décide de diriger le parti Républicain. Afin de se donner un appareil pour contrer Bédié et son régime. En 1999, les rapports entre les deux hommes deviennent des plus exécrables. Au point que Henri Konan Bédié et ses hommes ne se font pas prier pour lancer un mandat d’arrêt international contre le mentor des Républicains, alors contraint à l’exil en France. Au RDR, cet acte est perçu comme une véritable déclaration de guerre et amène d’ailleurs son leader à lancer à l’endroit du régime Bédié : « dites à Bédié qu’on ne provoque pas l’eau qui dort… ». Mais, l’ex-DGA du FMI ne s’arrête pas là. Car, il enfonce le clou : « lorsque je frapperai ce régime, il tombera ». La suite, on la connaît ! Car, le 24 décembre 1999, Bédié et le PDCI sont jetés aux orties par un coup d’Etat militaire mené par Robert Guéi et ses ‘’jeunes gens’’. Mais curieusement, alors même que dans l’imagerie populaire, ce putsch est censé être fait au profit de Ouattara, ses cadres seront tous chassés du gouvernement Seydou Diarra par le CNSP. Pire, certains généraux accusés aussi d’être proches du mentor tels Lansana Palenfo et Abdoulaye Coulibaly sont pourchassés par la junte militaire. En définitive, Alassane Dramane Ouattara que d’aucuns n’ont pas hésité à qualifier comme étant le vrai patron de ce pronunciamiento, ne tirera aucun dividende de cette opération. D’autant plus que sa candidature à l’élection présidentielle sera rejetée par le président de la Cour Suprême, Me Tia Koné pour « nationalité douteuse ».
Cependant, les déboires d’Ado ne s’arrêtent pas là. Bien au contraire. Car, l’arrivée au pouvoir des Refondateurs, ses alliés d’hier, ne constituera pas pour autant un gage certain du règlement de son problème de nationalité et même d’éligibilité. Dans la mesure où, quoique reconnaissant qu’Ado est ivoirien, Laurent Gbagbo et ses thuriféraires ont rechigné à appliquer les résolutions du forum de la réconciliation nationale organisé à Abidjan en 2001 et qui a recommandé l’octroi du certificat de nationalité à M. Ouattara. Il a donc fallu la haute pression du Rassemblement des jeunes Républicains (RJR) mené par Joseph Odjé Tiakoré pour que ledit certificat soit enfin octroyé à l’ancien Premier ministre.
Le FPI sur les traces du PDCI et du CNSP
Mais là encore, l’ex-ministre en charge de la Décentralisation, Me Emile Boga Doudou s’est empressé de déclarer à la télévision nationale que la juge Mattoh Cissé a fait du faux en signant ledit document après que des malfrats aient fracassé les portes du parquet. Une autre déclaration qui a achevé de convaincre, même les plus sceptiques de ce que le régime FPI n’avait nullement l’intention d’appliquer les résolution du Forum de réconciliation dirigé par Seydou Elimane Diarra. Il convient aussi de rappeler qu’en décembre 2000, la candidature d’Alassane Ouattara a été rejetée alors qu’il envisageait de briguer un poste de député à Kong. Alassane Dramane Ouattara portera donc sa croix jusqu’à la signature de l’accord politique de Pretoria qui a exigé du président Laurent Gbagbo, l’usage de l’article 48 de la Constitution pour rendre éligible à une élection présidentielle, tous les signataires de l’accord de Marcoussis. Mais, pour en arriver-là, que de difficultés traversés par l’ancien gouverneur de la BCEAO. En effet, en 2002, après le déclenchement de la crise armée, Alassane Ouattara a été accusé à tort ou à raison d’être le potentiel financier de la rébellion. Ainsi donc, son domicile sis à Cocody, aux encablures de l’Ambassade d’Allemagne, a été systématiquement razzié par les affidés du régime FPI. Craignant donc les représailles de certains hommes en armes, il fut contraint de s’exiler à Paris en transitant par le Gabon. Avec lui, plusieurs membres de sa famille politique et biologique ont été, eux aussi, contraints de prendre la poudre d’escampette.
Aujourd’hui, même devenu éligible à une élection présidentielle en Côte d’Ivoire, ADO éprouve toujours du mal à se défaire de l’étau de ceux qui l’accusent d’être le véritable cerveau de l’ex-rébellion. Et de ce fait, certains continuent de faire obstacle à sa libre circulation à l’intérieur du pays en cette période électorale. Pourtant, s’il est vrai que le mentor des Républicains a pu obtenir son éligibilité grâce au concours de cette rébellion qui administre toujours la moitié Nord du pays depuis plus de sept (7) années, il n’en demeure pas moins vrai que Ouattara, souventefois, n’est pas ménagé par Soro et ses hommes. D’ailleurs, l’on se souvient qu’en 2006, lorsqu’il s’était agi de désigner le successeur de Seydou Diarra à la Primature, le RDR et les Forces Nouvelles n’avaient pas parlé le même langage. Alors que les ex-rebelles avaient jeté leur dévolu sur leur leader Guillaume Soro, Ouattara et les Républicains, eux, ont préféré Coulibaly Tiémoko Yadé. Cette divergence de vue avait d’ailleurs porté ombrage aux deux parties. Puisque finalement, c’est Charles Konan Banny qui avait hérité de ce prestigieux poste. Faut-il demander d’autres preuves pour comprendre que les FN ne sont pas en réalité, la création du fils de Nabintou Cissé ? Et que les ex-rebelles n’ont fait que récupérer les revendications des Républicains ? Comprend donc qui comprendra !
Michel Ziki
Pratiquement inconnu des Ivoiriens jusqu’en 1989, année où il a été appelé à la rescousse du régime de Félix Houphouët-Boigny, Alassane Dramane Ouattara s’est retrouvé, quelques années seulement après, au centre des préoccupations des Ivoiriens. Nommé Premier ministre du gouvernement d’alors après avoir dirigé le comité interministériel quelques mois auparavant, ADO a entrepris des reformes qui ont suscité des réactions mitigées au sein des populations. Entre autres, il a instauré en Eburnie le paiement de la carte de séjour aux étrangers, la réduction du train de vie de l’Etat, l’interdiction stricte et rationnelle aux cadres et autres fonctionnaires de circuler avec les véhicules de l’Etat pendant les jours non ouvrables et fériés, etc. En clair, le plan ADO a apporté de réels changements en Côte d’Ivoire.
La ‘’ guerre’’ ADO-Bédié
Et les Ivoiriens, sans doute conscients de cette nouvelle donne, ont somme toute, pris la résolution de s’y adapter. Surtout que le fils de Nabintou Cissé bénéficiait réellement de la confiance et du soutien inconditionnel du ‘’vieux’’ de plus en plus affaibli par l’âge et la maladie. Cependant, les choses vont se compliquer pour Ouattara le 07 décembre 1993, jour du décès de son mentor, Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro. Lorsqu’il apparaît sur le petit écran de la télévision nationale aux environs de 13h, ADO, les larmes aux yeux déclare : « mes chers compatriotes, la Côte d’Ivoire est désormais orpheline. Car le président Houphouët-Boigny est décédé ce matin même à Yamoussoukro. En ces circonstances douloureuses, j’ai la lourde responsabilité de liquider les affaires courantes jusqu’à l’inhumation du Premier président de notre pays… ». Cette déclaration du Premier ministre Ouattara provoque une crise d’urticaire au sein des partisans d’Henri Konan Bédié qui y perçoivent une manœuvre souterraine d’usurper le pouvoir. Et, telle une réponse du berger à la bergère, N’zuéba fait à son tour, une apparition au journal télévision de 20h de ce même jour pour demander au peuple de se mettre à sa disposition (sic) car, l’intérim du défunt sera valablement assuré par lui.
C’est donc le début d’une longue guéguerre entre les deux hommes qui va durer plusieurs années. De sorte qu’en 1998, après le décès du « FAMA » Djény Kobena Atta Kouamé, ADO décide de diriger le parti Républicain. Afin de se donner un appareil pour contrer Bédié et son régime. En 1999, les rapports entre les deux hommes deviennent des plus exécrables. Au point que Henri Konan Bédié et ses hommes ne se font pas prier pour lancer un mandat d’arrêt international contre le mentor des Républicains, alors contraint à l’exil en France. Au RDR, cet acte est perçu comme une véritable déclaration de guerre et amène d’ailleurs son leader à lancer à l’endroit du régime Bédié : « dites à Bédié qu’on ne provoque pas l’eau qui dort… ». Mais, l’ex-DGA du FMI ne s’arrête pas là. Car, il enfonce le clou : « lorsque je frapperai ce régime, il tombera ». La suite, on la connaît ! Car, le 24 décembre 1999, Bédié et le PDCI sont jetés aux orties par un coup d’Etat militaire mené par Robert Guéi et ses ‘’jeunes gens’’. Mais curieusement, alors même que dans l’imagerie populaire, ce putsch est censé être fait au profit de Ouattara, ses cadres seront tous chassés du gouvernement Seydou Diarra par le CNSP. Pire, certains généraux accusés aussi d’être proches du mentor tels Lansana Palenfo et Abdoulaye Coulibaly sont pourchassés par la junte militaire. En définitive, Alassane Dramane Ouattara que d’aucuns n’ont pas hésité à qualifier comme étant le vrai patron de ce pronunciamiento, ne tirera aucun dividende de cette opération. D’autant plus que sa candidature à l’élection présidentielle sera rejetée par le président de la Cour Suprême, Me Tia Koné pour « nationalité douteuse ».
Cependant, les déboires d’Ado ne s’arrêtent pas là. Bien au contraire. Car, l’arrivée au pouvoir des Refondateurs, ses alliés d’hier, ne constituera pas pour autant un gage certain du règlement de son problème de nationalité et même d’éligibilité. Dans la mesure où, quoique reconnaissant qu’Ado est ivoirien, Laurent Gbagbo et ses thuriféraires ont rechigné à appliquer les résolutions du forum de la réconciliation nationale organisé à Abidjan en 2001 et qui a recommandé l’octroi du certificat de nationalité à M. Ouattara. Il a donc fallu la haute pression du Rassemblement des jeunes Républicains (RJR) mené par Joseph Odjé Tiakoré pour que ledit certificat soit enfin octroyé à l’ancien Premier ministre.
Le FPI sur les traces du PDCI et du CNSP
Mais là encore, l’ex-ministre en charge de la Décentralisation, Me Emile Boga Doudou s’est empressé de déclarer à la télévision nationale que la juge Mattoh Cissé a fait du faux en signant ledit document après que des malfrats aient fracassé les portes du parquet. Une autre déclaration qui a achevé de convaincre, même les plus sceptiques de ce que le régime FPI n’avait nullement l’intention d’appliquer les résolution du Forum de réconciliation dirigé par Seydou Elimane Diarra. Il convient aussi de rappeler qu’en décembre 2000, la candidature d’Alassane Ouattara a été rejetée alors qu’il envisageait de briguer un poste de député à Kong. Alassane Dramane Ouattara portera donc sa croix jusqu’à la signature de l’accord politique de Pretoria qui a exigé du président Laurent Gbagbo, l’usage de l’article 48 de la Constitution pour rendre éligible à une élection présidentielle, tous les signataires de l’accord de Marcoussis. Mais, pour en arriver-là, que de difficultés traversés par l’ancien gouverneur de la BCEAO. En effet, en 2002, après le déclenchement de la crise armée, Alassane Ouattara a été accusé à tort ou à raison d’être le potentiel financier de la rébellion. Ainsi donc, son domicile sis à Cocody, aux encablures de l’Ambassade d’Allemagne, a été systématiquement razzié par les affidés du régime FPI. Craignant donc les représailles de certains hommes en armes, il fut contraint de s’exiler à Paris en transitant par le Gabon. Avec lui, plusieurs membres de sa famille politique et biologique ont été, eux aussi, contraints de prendre la poudre d’escampette.
Aujourd’hui, même devenu éligible à une élection présidentielle en Côte d’Ivoire, ADO éprouve toujours du mal à se défaire de l’étau de ceux qui l’accusent d’être le véritable cerveau de l’ex-rébellion. Et de ce fait, certains continuent de faire obstacle à sa libre circulation à l’intérieur du pays en cette période électorale. Pourtant, s’il est vrai que le mentor des Républicains a pu obtenir son éligibilité grâce au concours de cette rébellion qui administre toujours la moitié Nord du pays depuis plus de sept (7) années, il n’en demeure pas moins vrai que Ouattara, souventefois, n’est pas ménagé par Soro et ses hommes. D’ailleurs, l’on se souvient qu’en 2006, lorsqu’il s’était agi de désigner le successeur de Seydou Diarra à la Primature, le RDR et les Forces Nouvelles n’avaient pas parlé le même langage. Alors que les ex-rebelles avaient jeté leur dévolu sur leur leader Guillaume Soro, Ouattara et les Républicains, eux, ont préféré Coulibaly Tiémoko Yadé. Cette divergence de vue avait d’ailleurs porté ombrage aux deux parties. Puisque finalement, c’est Charles Konan Banny qui avait hérité de ce prestigieux poste. Faut-il demander d’autres preuves pour comprendre que les FN ne sont pas en réalité, la création du fils de Nabintou Cissé ? Et que les ex-rebelles n’ont fait que récupérer les revendications des Républicains ? Comprend donc qui comprendra !
Michel Ziki