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Politique Publié le jeudi 29 octobre 2009 | L’expression

La Rti: Une arme des gouvernants

La part belle faite par la Rti aux activités du chef de l’Etat, candidat à sa propre succession, et aux organisations satellites affiliées au Front populaire ivoirien(FPI), a atteint un pic. Notamment, après le choix de la direction nationale de campagne du candidat, Laurent Gbagbo. Or, l’on a encore souvenance qu’une situation de monopolisation des médias d’Etat a été dénoncée par Laurent Gbagbo et ses camarades alors dans l’opposition. Leur ras-le-bol, ils l’ont exprimé à maintes reprises, et ils ont, à cet effet, organisé des sit-in de protestation mémorables en 1990 et en 1995 avec le Rdr dans le cadre du Front républicain devant le siège de la télévision nationale. En son temps, l’ancien leader du Fpi, Laurent Gbagbo, martelait, sans cesse, que pour mesurer le niveau de démocratie dans un pays, il suffit de suivre le Journal télévisé. Il estimait qu’au regard des programmes servis par la Rti, la Côte d’Ivoire n’était donc pas un Etat démocratique. Pourtant, après sa désignation, ce sont plus d’une vingtaine de minutes qui ont été consacrées au directeur de campagne de Laurent Gbagbo, Coulibaly Issa Malick et un temps non négligeable accordé au candidat-président et à Charles Blé Goudé. La coupe pour les opposants est pleine. Des voix s’élèvent pour dénoncer ce déséquilibre flagrant du traitement de l’information du media public. Beaucoup de déclarations fusent au cours des meetings et dans les journaux pour fustiger cet état de fait. Les femmes issues des partis de l’opposition ont même protesté, lundi, devant le siège de l’Onuci. Un combat dans lequel l’opposition ne semble pas toujours choisir le meilleur angle.

La difficile mutation des medias d’Etat

Une situation préoccupante dans la mesure où le troisième critère, en effet, sur les cinq retenus par l’Onu pour la certification des élections est le suivant: «Un accès équitable aux medias d’Etat et ceux-ci demeurent neutres». Ensuite, une frustration de plus en plus grandissante n’est pas de nature à rassurer les populations sur le climat apaisé recherché pour ces futures élections.
C’est d’ailleurs à juste titre que le 2 septembre 2009, les partis politiques, en particulier ceux de l’opposition, ont saisi Beugré Mambé sur la question. Il avait donné des assurances aux représentants des différentes formations quant au traitement équitable par les medias publics pour toutes les chapelles politiques. Mais dès que le chef de l’Etat dépose sa demande de candidature, les Ivoiriens se retrouvent plus de 15 ans en arrière dans le traitement de l’information. Cela, met à nu l’une des plaies des médias publics. La preuve est que la responsabilité de la presse gouvernementale est jugée entière dans la crise que traverse le pays au point d’être constamment épinglée par des résolutions de l’Onu sur la Côte d’Ivoire. La radio, la télévision et le journal gouvernemental depuis plusieurs décennies, sont incapables d’opérer leur véritable aggiornamento et fonctionnent depuis quarante ans selon un reflexe de parti unique. A preuve, Kébé Yacouba à la RTI et Ibrahim Sy Savané à Fraternité-matin, qui ont tenté l’aventure du professionnalisme, ont été débarqués sans gêne.

Mamadou Doumbes
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