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Politique Publié le jeudi 29 octobre 2009 | L’expression

Konaté Sidiki (Porte-parole des FN) - “Le désarmement ne peut pas être forcé”

Le porte-parole des Forces nouvelles répond à toutes les questions d’actualité. Liste électorale, proposition de Mamadou Koulibaly, violation de l’embargo... Il n’esquive aucun sujet.

Le dernier rapport de l’Onu indique que le camp présidentiel et les Forces nouvelles continuent de s’armer. Pourquoi continuez-vous de vous armer ?
Les Forces nouvelles sont surprises par cette sortie. Nous avons signé des engagements nationaux et internationaux que nous respectons. Nous respectons l’embargo sur les armes jusqu’à preuve du contraire. Nous attendons que ce rapport nous dise en quoi les Forces nouvelles ont violé l’embargo. Ces armes ont été achetées quand et où. Elles sont entreposées où ? Nul ne peut apporter ces preuves. Nous sommes dans un accord signé pour donner la paix à la Côte d’Ivoire. Nous ne pouvons pas en tout cas être signataires d’un accord de paix pour la Côte d’Ivoire et en même temps travailler à la guerre. Ce n’est pas notre philosophie, ce n’est pas notre mode d’action. Nous attendons que ce rapport donne les éléments qui confondent les Forces nouvelles. Si ce n’est pas le cas, qu’on fasse attention à ce genre de sortie au moment où les Ivoiriens commencent à regagner la confiance. Nous restons donc à l’écoute. Mais nous voulons rassurer les Ivoiriens que le secrétaire général des Forces nouvelles, le Premier ministre Guillaume Soro, a signé un accord pour donner la paix à la Côte d’Ivoire. Son mouvement est engagé de façon entière dans cette dynamique et en aucun cas, nous n’avons d’arrière-pensée, nous ne travaillons pas à une situation de guerre.

Comme précision, il est dit que les armes viennent du Burkina Faso. Qu’en est-il ?
Nous pensons que ce sont des accusations assez graves. Quand on sait que le président du Faso est le médiateur de la crise ivoirienne, nous nous interrogeons sur, non seulement les motivations de ce rapport mais aussi sur les objectifs qu’il veut atteindre. Je continue de dire que les Forces nouvelles sont dans la paix, ne sont pas dans la guerre et en ce sens, ne travaillent en aucun cas pour préparer une guerre en Côte d’Ivoire. Nous n’avons violé aucun embargo et nous attendons des preuves.

Le président Gbagbo a dit récemment que le vrai désarmement aura lieu après les élections par les armes. Quelle est la réaction du porte-parole des Forces nouvelles ?
Il serait bon que le président de la République clarifie cette affirmation qui a surpris plus d’un et qui crée beaucoup de panique et de réserve. Pour les FN, c’est regrettable. Et nous condamnons en avance toute idée de recours ou tout recours aux armes, avant, pendant et après les élections. Ceci est valable pour tous les acteurs. Mais ne connaissant pas les tenants et les aboutissants et le contexte dans lequel ce discours a été tenu, nous le prenons avec beaucoup de réserve. Mais nous disons que si la Côte d’Ivoire sort de la guerre, elle ne peut plus entrer dans la guerre. Le désarmement n’a jamais été forcé dans un pays. Le désarmement ne peut pas être forcé. Nous pensons que la question du désarmement est en train d’être réglée. Nous avons signé un accord, cet accord prévoit comment le désarmement va se faire, comment les deux armées seront ensemble pour former une nouvelle armée, comment se fera la réinsertion. Au niveau de l’Accord de Ouaga, la création d’une nouvelle armée à partir des deux forces est préconisée tout comme la réinsertion des combattants. C’est ça le désarmement. Tout usage d’armes par le nouveau futur président qui n’est pas encore élu, ne se justifiera pas.

Selon le même rapport onusien, des risques d’affrontements existent dans cette élection. Qu’en pensez-vous ?
C’est normal. Toute élection est source de passion, de crispation et de frustration en Côte d’Ivoire comme partout ailleurs. Donc, il est évident que nous sortons d’une crise par les élections où il y a beaucoup d’enjeux. Il y a des risques. Mais, en même temps, nous travaillons à minimiser ces risques. C’est le sens donc du travail du secrétaire général des Forces nouvelles qui est le Premier ministre. Quand nous suivons l’avancée du processus, nous pensons qu’après avoir réglé la question sociopolitique de la crise qui est la question de l’identification, nous prendrons donc les quelques jours qui nous restent avant d’aller aux élections pour travailler exclusivement sur la question militaire, la sécurité avant, pendant et après les élections. Nous n’avons aucune inquiétude en ce qui concerne les préparatifs pour éviter des risques graves à la Côte d’Ivoire.

Le Mamadou Koulibaly a souhaité récemment que les personnes sur la liste flottante soient intégrées sur la liste parce que c’est le problème identitaire qui a causé la guerre en Côte d’Ivoire. Qu’en pensez-vous ?
Nous attendons que le Pr Mamadou Koulibaly soit plus précis, au risque de considérer ses propos comme de la pure propagande. La question de l’identification demeure la question centrale de la crise ivoirienne qu’il faut résoudre. Et nous sommes en train de la résoudre. La phase actuelle du processus d’identification est à comprendre par l’ensemble des Ivoiriens et mérite assez de calme et de sérieux et de sérénité. Après l’opération d’enrôlement, le croisement des différentes données a mis de côté pour le moment, un certain nombre d’inscrits à l’enrôlement. Nous sommes en train de comprendre pourquoi ces personnes ont été rejetées du système de croisement. Le principe est le suivant : ne doit figurer sur la liste électorale qu’un électeur ivoirien. La liste que nous préparons est provisoire. Pour le moment, laissons les techniciens continuer leur travail et lorsqu’ils rendront les conclusions des travaux, en fonction de ceux qui ont été rejetés, nous pourrons analyser, voir quel est donc leur statut et qu’est-ce qu’il faut faire. Je pense qu’il y a un cadre qui existe pour apporter des solutions au moment opportun. Maintenant, si nous devons nous prononcer sur la sortie du Pr Mamadou Koulibaly, pour nous, il faut aller au-delà. S’il voit la question de l’identification comme une question centrale, on pouvait même lui demander pourquoi ne pas fermer les frontières ivoiriennes pour permettre à tous ceux qui sont sur le territoire et qui le désirent d’être Ivoiriens. On aurait réglé en même temps beaucoup de problèmes. Pour nous, Forces nouvelles, laissons l’opération se terminer, ensuite nous saurons les raisons pour lesquelles certaines personnes ne sont pas sur la liste. Et quel est leur statut. Nous prendrons ensuite, les décisions idoines qui s’imposent. En ce qui concerne la question globale de la nationalité, nous avons des propositions.

Le contentieux qui va s’ouvrir ne risque-t-il pas de plomber le chronogramme qui est établi, vu les passions qui se déchainent actuellement?
Je pense que la phase de réclamation ou le contentieux ne doit pas être vue comme une phase de polémique. Une opération technique a été faite. Il appartient à chacun d’entre nous d’aller à la phase de vérification et aller à la réclamation au cas où, on estime qu’il y a des éléments techniques qui manquent dans l’appréciation de notre dossier. Dans cette optique, il ne faut pas passionner le débat autour de la liste. Cette phase se fera comme les autres se sont faites. Souvenez-vous lorsqu’on partait à l’enrôlement il y a eu beaucoup de suspicion. Même lors des audiences foraines, il y a eu beaucoup de débats et même des affrontements. Mais les audiences foraines se sont tenues et le ciel n’est pas tombé sur la Côte d’Ivoire.

Il ne s’agira pas de se dénoncer mutuellement

Nous sommes à une phase technique qui consiste pour chaque personne d’aller confirmer ou infirmer sa présence sur la liste. Il faut donc utiliser les mesures idoines pour régulariser ou faire un rectificatif si nécessaire. Ne voyons donc pas ça comme une phase de polémique. Il ne s’agira pas pour quelqu’un de se proclamer juge. Parce que nous attendons des scénarios rocambolesques. Il ne s’agit pas pour quelqu’un de venir dire que son voisin n’est pas Ivoirien. Ce n’est pas de ça qu’il s’agit. Allons à l’opération, si nous y sommes, c’est très bien, si nous n’y sommes pas, on va demander pourquoi et régulariser la situation. C’est cela la procédure en cours et je pense qu’elle passera comme les autres s’il plait à Dieu.

A partir de quand les Ivoiriens auront leurs cartes d’identité entre les mains puisque vous n’en parlez presque pas ?
Il ne faut pas s’étonner. L’identification est au centre du processus électoral. Nous avons décidé à Ouaga de faire l’identification sur la base de la liste électorale parce qu’il fallait commencer par là. Il ne faut pas se faire de doute que la liste que nous allons publier va permettre à la fois de régler les problèmes de cartes d’électeur et les cartes d’identité. C’est une opération complète. C’est pour ça que nous estimons qu’il ne faut pas dilapider les 1.900.000 personnes qui restent encore. Il ne faut pas voir uniquement le processus du point de vue électoral. Il faut donner la chance à toutes ces personnes qui ne se seront pas retrouvées sur la liste de justifier leur nationalité. Parce que si on ne le fait pas, demain ces personnes se retrouveront exclues de la carte d’identité nationale. C’est pour ça que nous voulons aller jusqu’au bout de cette opération tranquillement, sereinement pour qu’aucun Ivoirien ne se retrouve éjecté pour des soucis électoraux.

Il y a eu beaucoup de polémique au niveau du passeport biométrique, vous-mêmes en avez été victime. Mais, on n’a pas entendu les Forces nouvelles prendre position sur ce sujet délicat qui a même pénalisé des pèlerins cette année. Pourquoi ce silence ?
Effectivement, vous n’avez pas entendu notre position, mais nous travaillons activement sur ce dossier. Je puis vous dire que les Forces nouvelles ont passé plusieurs messages. Nous sommes solidaires de tous ceux qui ont été lésés par la procédure mise en place. Pour nous, la procédure devait être simplifiée. Il s’agissait simplement d’accepter les documents qui sont fournis, lesquels sont authentifiés par l’administration de Côte d’Ivoire. Ça aurait coupé court à beaucoup de commentaires. Cela ne s’est pas fait. Des auditions ont été instaurées qui ont conduit à des situations de tension. Nous regrettons et nous avons quand même fait des propositions. Je puis vous dire que le Premier ministre a même inscrit à l’ordre du jour du conseil de gouvernement la question du passeport et en tant que membre du gouvernement, nous attendons ce moment pour faire partager notre option afin que ce débat ne réveille pas de vilains sentiments.

Chérif Ousmane s’est demandé pourquoi avoir pris les armes étant donné que certains de ses éléments qui étaient venus faire leur passeport ont été refusés. On leur a même demandé de venir avec leurs parents. Quelle lecture en faites-vous ?
Au-delà de Chérif Ousmane, des gens à Abidjan ont été obligés d’aller chercher leurs parents aux confins du pays. Je pense que ce n’était pas nécessaire, on pouvait trouver une formule plus simple, plus consensuelle pour délivrer des passeports. Nous pensons qu’avec le recul qui a permis de supprimer les auditions, nous devons nous y engouffrer pour proposer une solution définitive pour ne frustrer personne. C’est vrai que ça a été une situation mal appréciée par l’ensemble des Ivoiriens, nous regrettons et nous sommes solidaire de tous ceux qui, à un moment donné, se sont retrouvés encore en train de vivre des scènes humiliantes que nous avons déjà connues dans ce pays. Notre rôle, ce n’est pas seulement de rester dans la complainte, c’est de travailler à faire des propositions concrètes dans l’esprit de la paix afin que ces problèmes soient jugulés. Je puis vous dire que nous avons fait des démarches et que bientôt il y aura une procédure assez simplifiée, consensuelle, qu’il n’y ait pas un distinguo entre un demandeur de passeport d’une ethnie à une autre afin de continuer de consolider l’esprit de paix. La paix dont nous parlons est une paix globale. On ne peut pas avoir la paix au niveau politique, électoral et être confronté à des situations administratives qui rappellent des situations d’exclusion ou de manipulation. Il faut rester serein, nous y travaillons.

Le code de conduite est violé

Ce n’est pas parce que les Forces nouvelles ne parlent pas souvent qu’elles sont d’accord ou quelles accompagnent les choses de façon aveugle. Nous travaillons à un processus, nous avons la responsabilité de ce processus, nous agissons souvent plus que nous ne parlons et c’est à juste raison.

L’opposition se plaint du traitement de l’information à la Rti dont elle est l’objet. Quelle analyse en faites-vous, vous qui êtes garant du processus de sortie de crise ?
Il y a une question globale. Je pense qu’il faut faire confiance aux responsables de ces structures. Le ministre de la Communication, les différents responsables qui ont été nommés à la tête des différentes structures de régulation. Des reformes ont été adoptées qui doivent entrer en scène. Laissons la chance à ces reformes. Apprécions sereinement la situation. Nous allons à une campagne électorale. A partir de quand commence la période électorale, à partir de quand les normes que nous avons établies entrent en ligne de compte ? Les Ivoiriens auront la réponse bientôt. Je suis convaincu d’une chose, les médias doivent accompagner le processus. Au moment opportun, ça se fera. Tout comme les deux armées. Tout comme la classe politique a un comportement à adopter en période électorale. Nous sommes dans une phase de précampagne et de non campagne, mais lorsque nous rentrerons donc dans la phase réelle de la campagne électorale, les normes qui ont été arrêtées d’un commun accord avec l’ensemble des acteurs devront pouvoir se mettre en place sans hésitation.

Le constat qui est fait est que les hommes politiques violent leur code de bonne conduite. Quel mécanisme mettez-vous en place pour les interpeller?
Pour le moment, il y a des priorités. Si nous faisons l’état des lieux aujourd’hui, tout le monde est en flagrant délit. Tout le monde est en pleine campagne alors qu’on devrait être en pré-campagne. Il ne faut pas seulement juger une structure, il faut juger l’ensemble des acteurs. C’est pour ça que les Forces nouvelles continuent de dire qu’il faut se calmer. Elles conduisent un processus de façon sereine et impartiale et en même temps, il ne faut pas jeter la pierre à un seul camp. Il faut plutôt travailler à ramener tout le monde dans le chemin de la sortie de crise. Les fautes sont commises de part et d’autre, mais ne nous arrêtons pas sur ces fautes. Travaillons à les corriger et à avancer. En tout état de cause, je voudrais dire que les Forces nouvelles suivent le processus avec sérénité et rigueur. Nous sommes à une phase précise qui est la phase de la fin de l’opération d’enrôlement. Elle va bientôt aboutir à la phase de l’établissement d’une liste électorale définitive sur la base de laquelle, on va donner des cartes d’électeur et des cartes d’identité. C’est ce qui nous concerne pour le moment. Après cette phase, nous allons attaquer la question militaire pour régler les questions de grades, de quota, de la sécurisation des élections avant d’aller aux élections. Qu’on aille étape par étape et qu’on se donne les moyens de conduire un processus qui ne frustre pas une partie contre une autre, mais qui ne crée pas aussi la guerre. Parce que nous voulons sortir de la guerre.

Interview réalisée par Traoré M Ahmed, Coll Moise N’Guessan
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