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Showbizz Publié le jeudi 29 octobre 2009 | L’expression

Billy Billy (Chanteur rap) - “Pourquoi j’ai refusé de me faire enrôler”

Nouvelle égérie du rap ivoirien, Billy Billy vient de mettre sur le marché discographique son deuxième album « Réunion 2 famille ». Toujours engagé, le chanteur décrit, avec des mots incisifs, la galère des Ivoiriens et fustige les hommes politiques qui utilisent la jeunesse pour accéder au pouvoir.

Comment se comporte votre dernier album : « Réunion 2 famille » sur le marché ?
L’album se comporte bien. Je suis « meilleure vente » chez les pirates. C’est dommage mais, on n’y peut rien. Il est dans toutes les maisons de Côte d’Ivoire. Les mélomanes me soutiennent et continuent de l’acheter. Je chante pour la jeunesse, je chante pour le peuple (...) Le 1er novembre je serai en concert-dédicace à l’espace Ficgayo à Yopougon.

Le « Coq » est resté toujours engagé…
Ce sont toujours les mêmes réalités que je décris. Je parle surtout de la pauvreté. Ce sont des messages forts à l’endroit de nos dirigeants politiques parce que je suis de ceux qui pensent que quand il y a un problème dans une maison, c’est vers le père de famille qu’on se dirige. Je me tourne vers nos dirigeants politiques parce que ce sont eux nos responsables et ce sont eux les responsables de ce qui nous arrive.

Vous vous essayez aussi aux featurings
Ce ne sont pas des featurings en tant que tels. Certaines personnes ont été sollicitées pour chanter juste des refrains. Les seuls featurings ont été faits avec Didier Awadi, Mariam du groupe « Zagazougou » et Atito Kpata, un artiste zouglou. Je suis très ouvert en matière de musique. J’écoute tout. C’est toujours dans le contexte d’« ivoiriser » le rap, pour lui donner une couleur assez atypique, une couleur originelle et originale.

Vous ne ménagez pas les dirigeants politiques. Mais c’est tout le monde qui est responsable de la situation de crise
Quand on va à l’école et qu’il y a un livre qui manque, c’est vers le père de famille qu’on se tourne. Ce sont ceux qui nous dirigent qui doivent subvenir à nos besoins. C’est cette pauvreté que je décris pour qu’ils découvrent qu’avant de déloger une famille qui vit dans un quartier précaire, il faut prévoir un autre logis. C’est la cherté de la vie qui fait que les gens vivent dans des maisons de 2.500Fcfa qu’ils n’arrivent même pas à payer. Je chante pour le peuple car c’est lui qui amène les gens au pouvoir.

Vous interpellez également la jeunesse à travers plusieurs titres. Qu’attendez-vous des jeunes ivoiriens ?
La jeunesse, c’est l’avenir du pays. Il faudrait qu’elle comprenne qu’à travers Billy Billy, l’on peut partir de rien et réussir sa vie. On peut dormir dans le salon de quelqu’un et héberger quelqu’un d’autre demain. Elle doit comprendre qu’aujourd’hui, on ne doit pas suivre un politicien parce qu’il donne un T-shirt. L’œil et l’esprit doient être ouverts. Les jeunes doivent se dire qu’ils sont maîtres de leur destin. Le titre « Bété a réussi » a été politisé par des gens. Je ne fais pas de politique, mais on dit quand tu ne fais pas la politique, la politique te fait. A’salfo du groupe Magic system disait qu’on peut commencer à Anoumabo et finir aux II Plateaux. Moi, je dis qu’on peut commencer à Wassakara et finir à la Riviera. C’est le travail qui paie et il faut que les jeunes le comprennent et se battent pour réussir.

Vous sentez-vous suffisamment fort pour être le porte-voix de ces nombreux sans voix ?
Quand le peuple est derrière toi, c’est Dieu qui est derrière toi parce que la voix du peuple, c’est la voix de Dieu. Tant que le peuple est derrière moi, je peux continuer mon combat et ma carrière. Maintenant, pour ceux qui pensent que je n’ai rien à chanter, il faut qu’ils sachent que dans tous les pays, le peuple souffre. Celui qui chante la souffrance du peuple sera toujours inspiré. Parce qu’il y a toujours des réalités à chanter. Cela ne fait que m’encourager et c’est pourquoi à la fin de mes chansons, je conclus toujours par une phrase : le combat continue.

Bientôt les élections. Les jeunes seront courtisés par les candidats. Quel conseil pouvez-vous donner à la jeunesse pour éviter qu’elle devienne un “bétail électoral”?
Il faut que la jeunesse ouvre l’œil. L’objectif pour les jeunes doit être de s’assurer les trois repas quotidiens. A Abidjan, la vie est devenue très chère. Je ne peux pas comprendre qu’on augmente le prix du pétrole chez les Blancs, que dans des pays, on observe une augmentation de 5 Fcfa et que chez nous, on augmente de près de 400 Fcfa. Aujourd’hui, avec 2.000 Fcfa, on ne peut pas aller au marché parce que ça ne suffit pas. Les jeunes doivent prendre conscience que la vie est devenue dure et prendre leur destin en main. On ne doit pas suivre quelqu’un parce qu’on est de la même ethnie que lui. Il faut que chacun soit plus responsable et fasse plus attention. Je dis dans une de mes chansons: « Election est arrivée encore / politiciens a fini avec yeux d’amour / il veut charmer la jeunesse ». Il ne faut pas se laisser charmer. Je ne fais pas de politique, je ne participe pas aux élections. Ça ne m’intéresse pas et c’est pour cela que je ne me suis pas fait enrôler. Le jour où on dira qu’il faut se faire enrôler d’abord avant de prendre de l’argent à la banque, alors, je le ferai. Maintenant, ceux qui veulent participer aux élections, qu’ils ouvrent l’œil. Je suis comme Saint Thomas : quand je ne vois pas, je ne crois pas. J’attends celui qui va faire ses preuves et, peut-être qu’aux prochaines élections, vous me verrez mettre ma voix dans une urne. Mais pour l’instant, ouvrons l’œil.

Qu’est-ce qui vous a poussé à emprunter cette voie, celle de dénoncer les tares de la société ?
C’est mon destin, c’est la vie que j’ai vécue. J’ai connu une vie dure. Mon père était fonctionnaire mais on n’arrivait pas à joindre les deux bouts. Quand je dis dans une de mes chansons que «papa est fonctionnaire mais c’est champ de manioc il fait pour qu’on mange à la maison », c’est de mon père que je parle. Il est fonctionnaire d’Etat. C’est tout cela qui m’a poussé sur cette voie. Je suis un frustré. Je suis révolutionnaire et c’est dans cette logique que je suis. La vie est un choix, j’ai choisi de dire la vérité. Si tout ce que je dis est faux, le peuple jugera. Mais s’il continue de m’applaudir, c’est parce qu’il y a de la vérité dans mes chansons.

Ne craignez-vous pas qu’on vous accuse de montrer votre village de la main gauche?
Il faut faire la différence entre un artiste révolutionnaire comme moi et les griots. Je ne suis pas un griot. Quand tu aimes ton pays, tu chantes son bon nom. Mais quand tu aimes ton pays aussi, il faut dire ce qui ne va pas pour que le pays avance. On ne va pas continuer à faire les « atalaku » de nos pays alors que nous savons que ça ne va pas. Quand on arrive à la maison, on sait où on dort avec nos diplômes, c’est au salon. Par galanterie, on laisse le salon aux filles et on se débrouille au balcon quand il ne pleut pas. Ce sont ces réalités que je dénonce. Je ne montre pas mon pays de la main gauche, je critique. Quand je dis que dans ce pays, il y a des gens qui mangent et qui veulent qu’on les regarde manger, ce n’est pas faux. Il y en a qui mangent avec les deux mains et quand ça veut tomber, ils bloquent avec les pieds. J’ai choisi de critiquer, je critique. C’est dommage que les gens me jugent mal, me traitent d’enfant impoli parce que même Jésus, le fils de Dieu qui est venu verser son sang pour nous, n’a pas fait l’unanimité ; les gens l’ont tué. Je ne peux pas faire l’unanimité. Un peuple qui dit toujours « oui » est un peuple esclave. Il faut qu’un jour, quand même, il dise non. Il faut avoir le courage de dire quand ça ne va pas. Il a fallu quelqu’un pour dire au président Houphouët-Boigny qu’on est fatigué du parti unique. Aujourd’hui, on a le multipartisme et n’importe qui se lève dans ce pays pour parler. Il faut qu’à un certain moment, on pense à changer les choses.

Quel est, parmi les 20 prétendants, le candidat qui a le profil idéal pour diriger la Côte d’Ivoire?
Dans une de mes chansons, je dis que « politicien, c’est politicien ». Ils sont tous les mêmes. Le chat et la souris ne deviennent jamais des amis. Si ça arrive, c’est que la sauce qui va servir à cuire la souris est au feu. Je laisse la politique aux politiciens. Je ne sais pas qui est le meilleur parmi eux. Dans tous les cas, ça ne m’intéresse pas, ils font leur politique. Je vois la politique comme du business. Quand je suis devant un politicien, je me dis qu’il me considère comme un mouton. Les politiciens ne changeront pas.

Réalisée par M’Bah Aboubakar, Coll. N. Marie

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