Le premier magistrat communie aujourd'hui, à Yopougon, avec les jeunes de la Côte d'Ivoire. Occasion pour revenir sur le rôle joué par ces derniers dans la démocratisation de la Côte d'Ivoire. Flash back !
On ne peut pas parler de la Côte d'Ivoire de ces deux dernières décennies, sans parler des jeunes. Prosaïquement, parce qu'ils constituent, avec 70%, la majorité de la population. Et surtout, parce qu'ils ont été, ces derniers temps, au centre des mutations en terre d'Eburnie. Même si la Constitution de la première République stipulait en son article 7 que " tout Ivoirien qui le désirait pouvait former un parti politique ", l'esprit et la lettre de cet article sont restés lettre morte jusqu'en 1990. Ce ne sont pas les tentatives de le traduire dans les faits qui ont manqué. On a encore en mémoire l'épisode de 1970, où Kragbé Gnangbé Opadjéré, pour avoir voulu créer un parti, a été traqué jusqu'à ce qu'il disparaisse dans des conditions non encore élucidées. Sa tribu, les Guébié, en ont payé le prix fort. L'actuel chef de l'Etat a été contraint de s'exiler pendant 6 ans en France, de 1982 à 1988. A cause de son combat pour l'alternance démocratique en Côte d'Ivoire. Il a fallu attendre une banale coupure d'électricité dans les résidences universitaires de Yopougon I et II pour que l'histoire commence à nouveau à s'écrire. Là, les étudiants, excédés, ont bruyamment, manifesté leur mécontentement qui a vite pris une tournure politique. Le 30 avril 1990 donc, la Côte d'Ivoire revenait au multipartisme. Une demi-victoire certes, puisque le plus difficile restait à venir. Mais tout de même, une victoire à mettre à l'actif des jeunes. Dans la foulée, sous la poussée de syndicalistes de renoms tel que Marcel Etté, les jeunes s'organisent et donnent naissance à la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (Fesci). Porte-étendard de la lutte pour le bien-être des élèves et étudiants. Soupçonnée par le pouvoir Pdci d'alors d'être instrumentalisée par l'opposition historique incarnée par un certain Laurent Gbagbo, la Fesci se trouve vite dans l'œil du cyclone. L'arrestation de son premier responsable Ahipeau Martial n'a pas douché l'engagement syndical de ses camarades qui ont multiplié les mouvements de rue. Dans la nuit du 17 au 18 mai 1991, une escouade de bérets rouges, de la tristement célèbre défunte Firpac, sous le commandement de Faisan Bi Séhi, fait une expédition punitive dans les résidences universitaires de Yopougon. Bilan : de nombreux étudiants blessés, des étudiantes violées, des objets emportés. Les coupables ne seront pas condamnés. A la surprise générale. Au nom d'une boutade de feu Houphouët-Boigny : " je ne peux pas retourner mon propre couteau contre moi ". Les marches de la Fesci des 6 et 13 février 1992, seront sévèrement réprimées, toujours à la clé, de nombreux jeunes privés de libertés. Les démocrates, amenés par un certain Laurent Gbagbo, ne pouvaient pas restés les bras croisés, à ne rien faire. Avec des milliers de jeunes, ils décident de marcher pour que justice soit rendue. Le 18 février 1992, une chape de plomb s'est abattue sur la Côte d'Ivoire. La marche de protestation de l'opposition d'alors, a été réprimée dans le sang. Les organisateurs, au nombre desquels se trouvaient de nombreux jeunes sont jetés en prison. Quelques mois plus tard, le 7 décembre 1993, Houphouët-Boigny décède et est remplacé à la tête de l'Etat par Henri Konan Bédié, grâce à l'article 11 de la défunte Constitution. Ce dernier ne perd pas le temps pour abattre la foudre sur la Fesci en particulier, et les jeunes en général. Charles Blé Goudé, Guillaume Soro, actuel Premier ministre, en gardent des souvenirs douloureux. Le premier était enchaîné sur un lit d'hôpital, le second était brandi à la télévision ivoirienne comme un vulgaire bandit. On ne pourra pas passer sous silence, la féroce répression contre les jeunes, les 2 et 16 octobre 1995, lors des événements liés au boycott actif. Plusieurs jeunes sont tombés sous les balles assassines du pouvoir Bédié. C'est avec un soulagement qu'ils ont accueilli son éviction du pouvoir par " les jeunes gens " de feu Robert Guéi. A la vérité, si l'histoire de la Côte d'Ivoire ne se confond pas aux jeunes, elle ne peut s'écrire sans eux.
Tché Bi Tché
zanbi05641405@yahoo.fr
On ne peut pas parler de la Côte d'Ivoire de ces deux dernières décennies, sans parler des jeunes. Prosaïquement, parce qu'ils constituent, avec 70%, la majorité de la population. Et surtout, parce qu'ils ont été, ces derniers temps, au centre des mutations en terre d'Eburnie. Même si la Constitution de la première République stipulait en son article 7 que " tout Ivoirien qui le désirait pouvait former un parti politique ", l'esprit et la lettre de cet article sont restés lettre morte jusqu'en 1990. Ce ne sont pas les tentatives de le traduire dans les faits qui ont manqué. On a encore en mémoire l'épisode de 1970, où Kragbé Gnangbé Opadjéré, pour avoir voulu créer un parti, a été traqué jusqu'à ce qu'il disparaisse dans des conditions non encore élucidées. Sa tribu, les Guébié, en ont payé le prix fort. L'actuel chef de l'Etat a été contraint de s'exiler pendant 6 ans en France, de 1982 à 1988. A cause de son combat pour l'alternance démocratique en Côte d'Ivoire. Il a fallu attendre une banale coupure d'électricité dans les résidences universitaires de Yopougon I et II pour que l'histoire commence à nouveau à s'écrire. Là, les étudiants, excédés, ont bruyamment, manifesté leur mécontentement qui a vite pris une tournure politique. Le 30 avril 1990 donc, la Côte d'Ivoire revenait au multipartisme. Une demi-victoire certes, puisque le plus difficile restait à venir. Mais tout de même, une victoire à mettre à l'actif des jeunes. Dans la foulée, sous la poussée de syndicalistes de renoms tel que Marcel Etté, les jeunes s'organisent et donnent naissance à la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (Fesci). Porte-étendard de la lutte pour le bien-être des élèves et étudiants. Soupçonnée par le pouvoir Pdci d'alors d'être instrumentalisée par l'opposition historique incarnée par un certain Laurent Gbagbo, la Fesci se trouve vite dans l'œil du cyclone. L'arrestation de son premier responsable Ahipeau Martial n'a pas douché l'engagement syndical de ses camarades qui ont multiplié les mouvements de rue. Dans la nuit du 17 au 18 mai 1991, une escouade de bérets rouges, de la tristement célèbre défunte Firpac, sous le commandement de Faisan Bi Séhi, fait une expédition punitive dans les résidences universitaires de Yopougon. Bilan : de nombreux étudiants blessés, des étudiantes violées, des objets emportés. Les coupables ne seront pas condamnés. A la surprise générale. Au nom d'une boutade de feu Houphouët-Boigny : " je ne peux pas retourner mon propre couteau contre moi ". Les marches de la Fesci des 6 et 13 février 1992, seront sévèrement réprimées, toujours à la clé, de nombreux jeunes privés de libertés. Les démocrates, amenés par un certain Laurent Gbagbo, ne pouvaient pas restés les bras croisés, à ne rien faire. Avec des milliers de jeunes, ils décident de marcher pour que justice soit rendue. Le 18 février 1992, une chape de plomb s'est abattue sur la Côte d'Ivoire. La marche de protestation de l'opposition d'alors, a été réprimée dans le sang. Les organisateurs, au nombre desquels se trouvaient de nombreux jeunes sont jetés en prison. Quelques mois plus tard, le 7 décembre 1993, Houphouët-Boigny décède et est remplacé à la tête de l'Etat par Henri Konan Bédié, grâce à l'article 11 de la défunte Constitution. Ce dernier ne perd pas le temps pour abattre la foudre sur la Fesci en particulier, et les jeunes en général. Charles Blé Goudé, Guillaume Soro, actuel Premier ministre, en gardent des souvenirs douloureux. Le premier était enchaîné sur un lit d'hôpital, le second était brandi à la télévision ivoirienne comme un vulgaire bandit. On ne pourra pas passer sous silence, la féroce répression contre les jeunes, les 2 et 16 octobre 1995, lors des événements liés au boycott actif. Plusieurs jeunes sont tombés sous les balles assassines du pouvoir Bédié. C'est avec un soulagement qu'ils ont accueilli son éviction du pouvoir par " les jeunes gens " de feu Robert Guéi. A la vérité, si l'histoire de la Côte d'Ivoire ne se confond pas aux jeunes, elle ne peut s'écrire sans eux.
Tché Bi Tché
zanbi05641405@yahoo.fr