40 ans que le Stade d’Abidjan, vainqueur de la prestigieuse Coupe d’Afrique des clubs champions en 1966, broie du noir au plan local. Dans cette interview vérité, le PCA du club, Abi Koffi Richmond explique tout. Une exclusivité Nuit & Jour.
Président, 40 ans que le Stade d’Abidjan court inlassablement derrière le titre de champion de Côte d’Ivoire. Votre avènement n’a pas pu stopper l’hémorragie. Que se passe-t-il à la maison bleu et rouge ?
Je crois que vous avez bien planté le décor en affirmant que le Stade d’Abidjan court après un titre de champion de Côte d’Ivoire depuis 40 ans. Cela veut dire que le mal est profond. Ce que je peux vous dire c’est que je suis arrivé à la tête de la structure au moment où elle était déjà dans des difficultés. Et lorsque vous prenez un club dans l’état où j’ai trouvé le Stade, il vous appartient de jouer pleinement votre partition et de régler chaque problème en son temps. Il y a plusieurs problèmes qui minent le Stade d’Abidjan. Le premier, c’est l’environnement interne au club qui a occasionné depuis des années des saignées de fin de saison. Nous nous sommes attaqués à ce mal et depuis près de trois (3) ans, nos joueurs ne sont plus ailleurs comme ce fut le cas par le passé. Nous avons donc réussi à stabiliser notre effectif. Voilà un élément essentiel très positif dans notre mandat. Ensuite nous avons senti au sein et en dehors de notre famille sportive que la confiance avait foutue le camp. Et cela a fait que les uns et les autres avaient commencé à banaliser le club. Nous avons décidé de gérer le Stade autrement de sorte à faire revenir la confiance au sein de la famille bleu et rouge et que cette confiance ait des répercussions sur l’image de notre club. Cela a été fait et je peux l’affirmer haut et fort. Parce que en interne, la confiance est revenue. Ce n’est pas à cause des beaux yeux de quelqu’un que les joueurs ont décidé de rester au sein du club. Nous respectons nos engagements dorénavant envers les joueurs, les encadreurs et surtout les partenaires. Les propos calomnieux que les gens tenaient en extérieur au sujet du Stade ont cessé. La confiance nous permet d’évoluer tranquillement. Nous sommes crédibles maintenant. Ce sont de bons points que les uns et les autres ne perçoivent souvent pas. Aussi, il faut mettre en place des structures pour que le club se réveille à tous les niveaux. Mais cela ne se fait pas à coups de bâtons magiques. Les gens disent que l’âme du Stade aurait été enterrée quelque part. Peut-être que c’est vrai, peut-être non. Il n’empêche, c’est à force de travail que le Stade doit rebondir. Et ce travail, depuis que je suis à la tête de ce club, je le fais tout doucement avec mes collaborateurs. Cette année, vous avez pu voir ce que vaut le Stade même si le rang que nous occupons ne reflète pas notre jeu. Nous avons animé le championnat, joué notre partition et nous faisons partie des clubs qui ont bien animé la Ligue 1. C’est un travail de longue haleine. L’autre problème du Stade, c’est l’instabilité de l’organe dirigeant et du staff technique. Ces deux éléments font que c’est un perpétuel recommencement auquel on assiste. Ailleurs, quand vous voyez que les gens ont passé 15 ans à la tête d’un club, tout de suite, tout marche. A notre niveau, cela fait quelques années (3 ans) que nous sommes aux affaires. Nous avons privilégié l’intérêt du club en mettant en place une organisation fiable. Depuis les trois ans que nous sommes là, l’équipe a progressé sur le plan du jeu, il y a de la discipline. Vous ne voyez plus les joueurs du Stade d’Abidjan accorder d’interview sans l’accord préalable des dirigeants. Ils ne sont pas cités dans les palabres. Nous avons commencé à asseoir une équipe. Mais il faut du temps pour que le Stade rebondisse.
Vous parlez de l’hémorragie stoppée mais il y a quelque chose qui saute à l’œil. Figurez-vous, l’Africa Sport d’Abidjan qui est à la rue grâce à l’impulsion du président Kuyo Téa Narcisse s’offre un double en championnat national devant l’Asec Mimosas et bien sûr le Stade d’Abidjan. Et ce, malgré le fait que les vert et rouge change d’effectif chaque saison sans oiseaux rares. Avez-vous des excuses vraiment au Stade d’Abidjan ?
Vous parlez de Kuyo Téa Narcisse. Je parle du stade d’Abidjan. Pourquoi ne parlez-vous pas de l’Asec Mimosas et surtout du Sewé Sport de San Pedro. Voyez l’image et comprenez où je veux en venir. Aujourd’hui, sauf revirement notoire, vous verrez l’Asec terminer championne, l’Africa Sport dauphin et le Sewé Sport, troisième. Derrière ces équipes, il n’y a pratiquement rien. Le Sewé a changé d’effectif. Ce n’est pas seulement la saignée qui pose problème. Mais si vous avez la saignée que et derrière vous avez les moyens nécessaires pour combler le vide, pour monter une équipe, forcément vous gagnez. Aujourd’hui, au Stade d’Abidjan, je ne peux pas me permettre de mettre 10 millions F CFA pour recruter des joueurs. Où pourrai-je avoir cette somme ? Ceux que je viens de citer eux ils peuvent se le permettre. C’est un problème de moyens. Bien sûr, en tant que président, je cherche les moyens, mais comment s’y prendre si toutes les entreprises vous disent qu’elles traitent avec la FIF et les Eléphants. On ne peut pas compter sur les entrées au Stade, ni sur les cotisations des supporters. Les sponsors posent problèmes. Au début de la saison, nous avons lancé 50 demandes de sponsoring. La plupart de ces entreprises ont répondu être avec l’équipe nationale de football. D’autres nous ont demandé d’attendre. C’est dans ces conditions, que devaient réagir nos membres d’honneur. Et c’est ce qui se fait ailleurs. Malheureusement, nous avons de grands membres d’honneur qui ne répondent plus. De grands membres d’honneur qui pouvaient aider le club mais hélas, rien à l’horizon depuis que nous sommes aux affaires. Et cela pénalise le club. Ceux d’en face, ont des membres d’honneur ou des personnalités qui ont pu apporter leur soutien pour telle ou telle situation en fonction de certains liens. Et portant le club regorge d’un nombre impressionnant de cadres. Il suffit qu’un seul se lève et le Stade retrouve son élan. Mais ces cadres sont assis dans leurs salons rien que pour critiquer le travail qui se fait. Rien que pour regarder les résultats et crier à la dérive. Comment veulent-ils que le club aille ? Cette année, le stade a occupé au moins deux fois la place de leader du championnat. Mais quand vous occupez le fauteuil de leader, c’est que des efforts doivent être fait pour maîtriser l’environnement. L’environnement, c’est le paiement régulier ou à temps des salaires et primes de sorte que les joueurs n’aient aucun souci matériel. Quand le joueur vous fait confiance et que vous mettez du temps pour payer son du à l’échéance prévue, en accumulant un ou deux mois d’arriérés, où il est menacé par son locataire, quelle motivation pour un tel joueur confronté à ces soucis. C’est ce que les gens ne comprennent pas.
Aujourd’hui, nous n’avons pas ce genre de problème. Mais assez souvent, nous avons payé des salaires avec des décalages parce que nous avons des difficultés. Les joueurs ont occupé la 1ère place et derrière, ils ont un retard de salaire. Comment les joueurs peuvent bien dormir. Ce n’est forcément l’âme qui avait été enterrée quelque part mais un des problèmes du club, ce sont les moyens. Si le Stade a ne serait-ce que le 1/5 des moyens que nos adversaires d’en face ont, je vous promets que le Stade rebondira. J’ai demandé à la dernière AG ordinaire à tous les Stadistes, les membres d’honneur et autres de nous aider à avoir un budget annuel de 200 millions F CFA, là où d’autres parlent de milliard afin de rebondir, personne n’a réagi. Nous avons écrit à tous les membres d’honneur et ses lettres ont été signées et Co-signées par les doyens Henri Bourgoin et le secrétaire général Tyouhoulou Félix. Ces courriers ont été déposés auprès de tous les membres d’honneur avec toutes les décharges. Aucun d’entre eux n’a daigné nous recevoir. Toutes les demandes de rendez-vous sont restées sans suite. Alors, que voulez-vous qu’on fasse ? Quand vous prenez l’Asec, Kuyo Téa Narcisse et l’Africa, qu’on le veuille ou pas, ils ont des sponsors. Une société de téléphonie donne 110 millions F CFA/ an à l’Africa Sport. Si j’ai une société qui donne 30 millions F CFA/ an au Stade, le club changera de visage avec le peu que j’y mets en ce moment. Au bilan final, vous verrez qu’au Stade notre budget annuel a tourné autour de 90 millions F CFA. Nous fonctionnons avec au plus 100 millions F CFA alors qu’en face, nos adversaires fonctionnent avec 500 millions à 1 milliard F CFA. Qu’est-ce que vous pouvez demander au Stade d’Abidjan. Voici la réalité. Que les uns et les autres comprennent que pour que le Stade reprenne sa place, tous les stadistes doivent se sentir concernés par la vie du club.
Il faut qu’ils soient fouettés dans leur orgueil personnel, qu’ils se lèvent comme un seul homme pour apporter leur contribution pour bâtir le club. Tout seul, le PCA que je suis, avec mes amis, on ne pourra rien faire de très grand pour le Stade d’Abidjan.
Ne trouvez-vous pas que le club a une donnée congénitale dans la mesure où les anciens dirigeants notamment Koffi Godeau, Amany Goli et autre Me Mondon Konan avaient pris à bras le corps le club. Peut-être c’est cela qu’attendent les Partenaires d’Abi Richmond…
C’est ce que je fais. Je cherche les moyens et je n’hésite pas à approcher les supporters et les membres d’honneur. On a saisi les membres d’honneur pour qu’ils réagissent mais depuis trois ans que je suis là, rien à noter. Peut-être que c’est ma personne qui pose problème. Ce que je peux expliquer sur la démotivation de certains membres d’honneur, c’est qu’ils ont été déçus de la gestion opaque du club avant notre arrivée. Cela nous a été rapporté. Les cadres ne sentaient pas de la visibilité dans la gestion qui se faisait et ont pris du recul. C’est cet élément qui m’a poussé à prendre la tête du Stade d’Abidjan pour gérer ce club autrement. Et depuis que je suis aux affaires, je le gère autrement. Si quelqu’un apporte une contribution au Stade, elle rentre automatiquement dans la comptabilité du club. Et lors du bilan, cela apparaît clair et net et la personne en reçoit une copie. A la dernière assemblée générale, on a présenté le rapport avec des documents bien fiables. Ce qui a d’ailleurs réjoui le doyen Henri Bourgoin qui a remarqué que c’était la première fois qu’il voyait un travail bien agencé au Stade. Cela veut dire, qu’il y a eu un changement. Ce n’est plus la même équipe. Ils devraient donc mettre un peu d’eau dans leur vin en revenant à la maison pour essayer d’apporter une petite contribution comme un ballon d’essai.
Le Stade d’Abidjan n’a plus de supporters en plus de la démotivation des membres d’honneur. Un autre problème ?
Ce n’est pas l’envie d’organiser les supporters qui manque. Mais je me pose la question de savoir au juste, que veulent les Partenaires ? Au sein des structures mises en place, il existe la vie associative. C’est un organe qui est chargé d’organiser les supporters et qui est dirigé par Koffi John. Avec son indisponibilité du fait de son travail basé à l’intérieur. Il a donc délégué ses pouvoirs à Amary pour mobiliser les Partenaires. Et il se bat corps et âme pour que les supporters soient. Il convoque des réunions, les gens ne viennent pas. Il va même dans certaines communes où il connaît des noyaux de supporters, au dernier moment les gens désistent. Récemment quand on a commencé à avoir de bons résultats, les gens se sont réveillés et ont même exigés la mise sur pied des cartes de supporters et des comités. Ce sont seulement deux à trois comité qui ont été installés. Parlant de l’opération des cartes de supporters, elle est restée lettre morte. Malgré le fait que tout ce monde soit informé. Actuellement, ce sont peut-être quelques partenaires qui ont leur carte de supporters. Que veulent alors les supporters du Stade d’Abidjan ? C’est la question que je me pose. Durant le mercato, on avait convoqué les supporters pour leur dire que le Stade est sur la bonne voie puisqu’on occupait un bon rang en Ligue 1 et qu’il fallait qu’ils viennent en aide au club en se mobilisant. C’était à la mairie du Plateau. Il n’y avait pas plus de dix personnes dans la salle. Je ne comprends pas les stadistes. Peut-être attendent-ils que le Stade soit champion pour revenir ? Parce qu’ils disent que la mise en place d’une organisation dépend des résultats sportifs.
Vous n’avez pas les moyens, les membres d’honneur et les supporters ne jouent pas leur rôle. Il est donc clair que le Stade ne retrouvera pas son lustre d’antan…
Si rien ne change dans les deux ans à venir au niveau des dirigeants que nous sommes, si on n’a pas l’aide des partenaires, si on n’a pas la possibilité de transférer un ou deux joueurs hors du pays, le Stade va patauger. Dieu merci, il n’y a pas d’inquiétudes. Au moment où je vous parle, on vient entrer en contentieux de transfert sur trois dossiers. Il s’agit le Tia Olivier qui est en ce moment au Gatar, Jean-Baptiste Akassou Akran qui est en Thaïlande et de Kambou Ollo qui est en Birmanie. Ce sont des dossiers s’ils dont le dénouement va permettre au Stade de vivre. Il y a aussi Mansou Kouakou qui ira à Anderlecht en Belgique d’ici décembre. Il y a des lueures d’espoir avec les contacts que nous sommes en train de multiplier.
Certes le titre de champion nécessite d’énormes moyens à vous en croire mais pourquoi le Stade n’arrive t-il pas à décrocher une place africaine en terminant 3e de la Ligue 1 ?
Le Stade peut-être champion de Côte d’Ivoire. Cette année, nous avons vu que notre effectif était faible. Il y avait certes les moyens mais certains de nos joueurs nous ont induit en erreur. Surtout les attaquants. Heureusement qu’on a pu recruter au dernier moment Alidou Garba. Les jeunes gens qu’on a eus pendant le recrutement et les entraînements, nous ont trompé sur leur valeur, surtout en attaque. Et pourtant, pendant les matches amicaux, ils nous ont donné satisfaction. En tout cas, on a eu un problème d’effectif. N’eut été l’arrivée d’Alidou Garba, on aurait fait une pire saison. En 5 rencontres, il a inscrit 7 buts avant de se blesser. Nous savons quoi faire la saison prochaine. Nous allons maintenir le staff technique avec peut-être des réaménagements à un certain niveau. Nous allons conserver les meilleurs éléments de l’effectif procéder à un dégraissage pour ne retenir que 18 joueurs qui seront complétés par quatre bons éléments. Nous verrons s’il faut aller chercher au moins quatre joueurs de qualité. Car le groupe que nous avons est bon mais il a besoin d’attaquants et d’un meneur de jeu qui peut distiller des passes.
C’est peut-être le problème de fétichisme qui agit depuis sur votre club d’autant plus que la rumeur enfle sur le fait qu’un féticheur Malien avait été trahi en 1966 après le sacre en coupe africaine. Et pour se venger, il aurait avalé l’âme du club…
Tout est possible. Mais à ma connaissance, aucun ancien dirigeant n’a évoqué cette question. Je vais la leur demander pour savoir ce qui se passe. Car tout le monde parle de cette situation. S’il est possible que des sacrifices soient faits pour déterrer l’âme du club, nous sommes prêts. Nous sommes en Afrique et l’on ne doit pas tout négliger. La preuve, il y a des stadistes qui aiment le club mais qui travaillent contre le Stade. Il est arrivé des moments où nos joueurs une fois sur la pelouse, se sentaient lourds et bafouaient leur football. Mais quelque chose a été faite pour y remédier. Il y a des gens qui ne veulent pas que le Stade rebondisse malheureusement.
Etes-vous déçu ?
Très déçu de l’attitude des membres d’honneur et des supporters. Il y a un travail qui est en train de se faire et nous devons nous souder pour bâtir le club. Ce n’est pas en prenant du recul que le stade va rebondir. Nous y avons laissé nos plumes et le comble, c’est que nous ne sentons pas un minimum de reconnaissance des stadistes. Quand je ne serai plus le PCA du club, je ferai comme mon frère Konan Kanga qui n’a jamais tourné dos au Stade. Parce que c’est le club que j’aime vraiment. Que les membres d’honneur acceptent nos doléances et tout le monde sera satisfait.
D’aucuns disent que vous ne maîtrisiez pas l’environnement du football ivoirien ?
De quel environnement parlent ces sportifs. Je ne donnerai jamais de l’argent à un arbitre pour gagner une rencontre. De par ma fonction de liquidateur, je ne peux m’adonner à la corruption. Et puis, que ressentirai-je après le gain d’une rencontre payée ? Je sais ce qui se fait mais je ne le ferai jamais. Je l’ai maintes fois répété à la FIF, aux arbitres. Si j’ai les moyens, je préfère motiver mes joueurs pour gagner la rencontre. Certes, je peux aider un arbitre financièrement s’il sollicite mon aide ; Le Stade n’entrera jamais de ce genre de combine qui n’honore pas le football ivoirien.
Que peut-on attendre du Stade d’Abidjan la saison prochaine, puisque cette année, c’est un autre fiasco ?
Il faut réorganiser le Stade. Je suis un légaliste. Et par courtoisie, je ferai un rapport financier de ce que j’ai dépensé pour le club. Je ferai le point de mon argent mis au service du club aux supporters. Et comme ce sera lors de la fin de mon mandat, on verra.
Réalisée par Dablemon Tasman
Président, 40 ans que le Stade d’Abidjan court inlassablement derrière le titre de champion de Côte d’Ivoire. Votre avènement n’a pas pu stopper l’hémorragie. Que se passe-t-il à la maison bleu et rouge ?
Je crois que vous avez bien planté le décor en affirmant que le Stade d’Abidjan court après un titre de champion de Côte d’Ivoire depuis 40 ans. Cela veut dire que le mal est profond. Ce que je peux vous dire c’est que je suis arrivé à la tête de la structure au moment où elle était déjà dans des difficultés. Et lorsque vous prenez un club dans l’état où j’ai trouvé le Stade, il vous appartient de jouer pleinement votre partition et de régler chaque problème en son temps. Il y a plusieurs problèmes qui minent le Stade d’Abidjan. Le premier, c’est l’environnement interne au club qui a occasionné depuis des années des saignées de fin de saison. Nous nous sommes attaqués à ce mal et depuis près de trois (3) ans, nos joueurs ne sont plus ailleurs comme ce fut le cas par le passé. Nous avons donc réussi à stabiliser notre effectif. Voilà un élément essentiel très positif dans notre mandat. Ensuite nous avons senti au sein et en dehors de notre famille sportive que la confiance avait foutue le camp. Et cela a fait que les uns et les autres avaient commencé à banaliser le club. Nous avons décidé de gérer le Stade autrement de sorte à faire revenir la confiance au sein de la famille bleu et rouge et que cette confiance ait des répercussions sur l’image de notre club. Cela a été fait et je peux l’affirmer haut et fort. Parce que en interne, la confiance est revenue. Ce n’est pas à cause des beaux yeux de quelqu’un que les joueurs ont décidé de rester au sein du club. Nous respectons nos engagements dorénavant envers les joueurs, les encadreurs et surtout les partenaires. Les propos calomnieux que les gens tenaient en extérieur au sujet du Stade ont cessé. La confiance nous permet d’évoluer tranquillement. Nous sommes crédibles maintenant. Ce sont de bons points que les uns et les autres ne perçoivent souvent pas. Aussi, il faut mettre en place des structures pour que le club se réveille à tous les niveaux. Mais cela ne se fait pas à coups de bâtons magiques. Les gens disent que l’âme du Stade aurait été enterrée quelque part. Peut-être que c’est vrai, peut-être non. Il n’empêche, c’est à force de travail que le Stade doit rebondir. Et ce travail, depuis que je suis à la tête de ce club, je le fais tout doucement avec mes collaborateurs. Cette année, vous avez pu voir ce que vaut le Stade même si le rang que nous occupons ne reflète pas notre jeu. Nous avons animé le championnat, joué notre partition et nous faisons partie des clubs qui ont bien animé la Ligue 1. C’est un travail de longue haleine. L’autre problème du Stade, c’est l’instabilité de l’organe dirigeant et du staff technique. Ces deux éléments font que c’est un perpétuel recommencement auquel on assiste. Ailleurs, quand vous voyez que les gens ont passé 15 ans à la tête d’un club, tout de suite, tout marche. A notre niveau, cela fait quelques années (3 ans) que nous sommes aux affaires. Nous avons privilégié l’intérêt du club en mettant en place une organisation fiable. Depuis les trois ans que nous sommes là, l’équipe a progressé sur le plan du jeu, il y a de la discipline. Vous ne voyez plus les joueurs du Stade d’Abidjan accorder d’interview sans l’accord préalable des dirigeants. Ils ne sont pas cités dans les palabres. Nous avons commencé à asseoir une équipe. Mais il faut du temps pour que le Stade rebondisse.
Vous parlez de l’hémorragie stoppée mais il y a quelque chose qui saute à l’œil. Figurez-vous, l’Africa Sport d’Abidjan qui est à la rue grâce à l’impulsion du président Kuyo Téa Narcisse s’offre un double en championnat national devant l’Asec Mimosas et bien sûr le Stade d’Abidjan. Et ce, malgré le fait que les vert et rouge change d’effectif chaque saison sans oiseaux rares. Avez-vous des excuses vraiment au Stade d’Abidjan ?
Vous parlez de Kuyo Téa Narcisse. Je parle du stade d’Abidjan. Pourquoi ne parlez-vous pas de l’Asec Mimosas et surtout du Sewé Sport de San Pedro. Voyez l’image et comprenez où je veux en venir. Aujourd’hui, sauf revirement notoire, vous verrez l’Asec terminer championne, l’Africa Sport dauphin et le Sewé Sport, troisième. Derrière ces équipes, il n’y a pratiquement rien. Le Sewé a changé d’effectif. Ce n’est pas seulement la saignée qui pose problème. Mais si vous avez la saignée que et derrière vous avez les moyens nécessaires pour combler le vide, pour monter une équipe, forcément vous gagnez. Aujourd’hui, au Stade d’Abidjan, je ne peux pas me permettre de mettre 10 millions F CFA pour recruter des joueurs. Où pourrai-je avoir cette somme ? Ceux que je viens de citer eux ils peuvent se le permettre. C’est un problème de moyens. Bien sûr, en tant que président, je cherche les moyens, mais comment s’y prendre si toutes les entreprises vous disent qu’elles traitent avec la FIF et les Eléphants. On ne peut pas compter sur les entrées au Stade, ni sur les cotisations des supporters. Les sponsors posent problèmes. Au début de la saison, nous avons lancé 50 demandes de sponsoring. La plupart de ces entreprises ont répondu être avec l’équipe nationale de football. D’autres nous ont demandé d’attendre. C’est dans ces conditions, que devaient réagir nos membres d’honneur. Et c’est ce qui se fait ailleurs. Malheureusement, nous avons de grands membres d’honneur qui ne répondent plus. De grands membres d’honneur qui pouvaient aider le club mais hélas, rien à l’horizon depuis que nous sommes aux affaires. Et cela pénalise le club. Ceux d’en face, ont des membres d’honneur ou des personnalités qui ont pu apporter leur soutien pour telle ou telle situation en fonction de certains liens. Et portant le club regorge d’un nombre impressionnant de cadres. Il suffit qu’un seul se lève et le Stade retrouve son élan. Mais ces cadres sont assis dans leurs salons rien que pour critiquer le travail qui se fait. Rien que pour regarder les résultats et crier à la dérive. Comment veulent-ils que le club aille ? Cette année, le stade a occupé au moins deux fois la place de leader du championnat. Mais quand vous occupez le fauteuil de leader, c’est que des efforts doivent être fait pour maîtriser l’environnement. L’environnement, c’est le paiement régulier ou à temps des salaires et primes de sorte que les joueurs n’aient aucun souci matériel. Quand le joueur vous fait confiance et que vous mettez du temps pour payer son du à l’échéance prévue, en accumulant un ou deux mois d’arriérés, où il est menacé par son locataire, quelle motivation pour un tel joueur confronté à ces soucis. C’est ce que les gens ne comprennent pas.
Aujourd’hui, nous n’avons pas ce genre de problème. Mais assez souvent, nous avons payé des salaires avec des décalages parce que nous avons des difficultés. Les joueurs ont occupé la 1ère place et derrière, ils ont un retard de salaire. Comment les joueurs peuvent bien dormir. Ce n’est forcément l’âme qui avait été enterrée quelque part mais un des problèmes du club, ce sont les moyens. Si le Stade a ne serait-ce que le 1/5 des moyens que nos adversaires d’en face ont, je vous promets que le Stade rebondira. J’ai demandé à la dernière AG ordinaire à tous les Stadistes, les membres d’honneur et autres de nous aider à avoir un budget annuel de 200 millions F CFA, là où d’autres parlent de milliard afin de rebondir, personne n’a réagi. Nous avons écrit à tous les membres d’honneur et ses lettres ont été signées et Co-signées par les doyens Henri Bourgoin et le secrétaire général Tyouhoulou Félix. Ces courriers ont été déposés auprès de tous les membres d’honneur avec toutes les décharges. Aucun d’entre eux n’a daigné nous recevoir. Toutes les demandes de rendez-vous sont restées sans suite. Alors, que voulez-vous qu’on fasse ? Quand vous prenez l’Asec, Kuyo Téa Narcisse et l’Africa, qu’on le veuille ou pas, ils ont des sponsors. Une société de téléphonie donne 110 millions F CFA/ an à l’Africa Sport. Si j’ai une société qui donne 30 millions F CFA/ an au Stade, le club changera de visage avec le peu que j’y mets en ce moment. Au bilan final, vous verrez qu’au Stade notre budget annuel a tourné autour de 90 millions F CFA. Nous fonctionnons avec au plus 100 millions F CFA alors qu’en face, nos adversaires fonctionnent avec 500 millions à 1 milliard F CFA. Qu’est-ce que vous pouvez demander au Stade d’Abidjan. Voici la réalité. Que les uns et les autres comprennent que pour que le Stade reprenne sa place, tous les stadistes doivent se sentir concernés par la vie du club.
Il faut qu’ils soient fouettés dans leur orgueil personnel, qu’ils se lèvent comme un seul homme pour apporter leur contribution pour bâtir le club. Tout seul, le PCA que je suis, avec mes amis, on ne pourra rien faire de très grand pour le Stade d’Abidjan.
Ne trouvez-vous pas que le club a une donnée congénitale dans la mesure où les anciens dirigeants notamment Koffi Godeau, Amany Goli et autre Me Mondon Konan avaient pris à bras le corps le club. Peut-être c’est cela qu’attendent les Partenaires d’Abi Richmond…
C’est ce que je fais. Je cherche les moyens et je n’hésite pas à approcher les supporters et les membres d’honneur. On a saisi les membres d’honneur pour qu’ils réagissent mais depuis trois ans que je suis là, rien à noter. Peut-être que c’est ma personne qui pose problème. Ce que je peux expliquer sur la démotivation de certains membres d’honneur, c’est qu’ils ont été déçus de la gestion opaque du club avant notre arrivée. Cela nous a été rapporté. Les cadres ne sentaient pas de la visibilité dans la gestion qui se faisait et ont pris du recul. C’est cet élément qui m’a poussé à prendre la tête du Stade d’Abidjan pour gérer ce club autrement. Et depuis que je suis aux affaires, je le gère autrement. Si quelqu’un apporte une contribution au Stade, elle rentre automatiquement dans la comptabilité du club. Et lors du bilan, cela apparaît clair et net et la personne en reçoit une copie. A la dernière assemblée générale, on a présenté le rapport avec des documents bien fiables. Ce qui a d’ailleurs réjoui le doyen Henri Bourgoin qui a remarqué que c’était la première fois qu’il voyait un travail bien agencé au Stade. Cela veut dire, qu’il y a eu un changement. Ce n’est plus la même équipe. Ils devraient donc mettre un peu d’eau dans leur vin en revenant à la maison pour essayer d’apporter une petite contribution comme un ballon d’essai.
Le Stade d’Abidjan n’a plus de supporters en plus de la démotivation des membres d’honneur. Un autre problème ?
Ce n’est pas l’envie d’organiser les supporters qui manque. Mais je me pose la question de savoir au juste, que veulent les Partenaires ? Au sein des structures mises en place, il existe la vie associative. C’est un organe qui est chargé d’organiser les supporters et qui est dirigé par Koffi John. Avec son indisponibilité du fait de son travail basé à l’intérieur. Il a donc délégué ses pouvoirs à Amary pour mobiliser les Partenaires. Et il se bat corps et âme pour que les supporters soient. Il convoque des réunions, les gens ne viennent pas. Il va même dans certaines communes où il connaît des noyaux de supporters, au dernier moment les gens désistent. Récemment quand on a commencé à avoir de bons résultats, les gens se sont réveillés et ont même exigés la mise sur pied des cartes de supporters et des comités. Ce sont seulement deux à trois comité qui ont été installés. Parlant de l’opération des cartes de supporters, elle est restée lettre morte. Malgré le fait que tout ce monde soit informé. Actuellement, ce sont peut-être quelques partenaires qui ont leur carte de supporters. Que veulent alors les supporters du Stade d’Abidjan ? C’est la question que je me pose. Durant le mercato, on avait convoqué les supporters pour leur dire que le Stade est sur la bonne voie puisqu’on occupait un bon rang en Ligue 1 et qu’il fallait qu’ils viennent en aide au club en se mobilisant. C’était à la mairie du Plateau. Il n’y avait pas plus de dix personnes dans la salle. Je ne comprends pas les stadistes. Peut-être attendent-ils que le Stade soit champion pour revenir ? Parce qu’ils disent que la mise en place d’une organisation dépend des résultats sportifs.
Vous n’avez pas les moyens, les membres d’honneur et les supporters ne jouent pas leur rôle. Il est donc clair que le Stade ne retrouvera pas son lustre d’antan…
Si rien ne change dans les deux ans à venir au niveau des dirigeants que nous sommes, si on n’a pas l’aide des partenaires, si on n’a pas la possibilité de transférer un ou deux joueurs hors du pays, le Stade va patauger. Dieu merci, il n’y a pas d’inquiétudes. Au moment où je vous parle, on vient entrer en contentieux de transfert sur trois dossiers. Il s’agit le Tia Olivier qui est en ce moment au Gatar, Jean-Baptiste Akassou Akran qui est en Thaïlande et de Kambou Ollo qui est en Birmanie. Ce sont des dossiers s’ils dont le dénouement va permettre au Stade de vivre. Il y a aussi Mansou Kouakou qui ira à Anderlecht en Belgique d’ici décembre. Il y a des lueures d’espoir avec les contacts que nous sommes en train de multiplier.
Certes le titre de champion nécessite d’énormes moyens à vous en croire mais pourquoi le Stade n’arrive t-il pas à décrocher une place africaine en terminant 3e de la Ligue 1 ?
Le Stade peut-être champion de Côte d’Ivoire. Cette année, nous avons vu que notre effectif était faible. Il y avait certes les moyens mais certains de nos joueurs nous ont induit en erreur. Surtout les attaquants. Heureusement qu’on a pu recruter au dernier moment Alidou Garba. Les jeunes gens qu’on a eus pendant le recrutement et les entraînements, nous ont trompé sur leur valeur, surtout en attaque. Et pourtant, pendant les matches amicaux, ils nous ont donné satisfaction. En tout cas, on a eu un problème d’effectif. N’eut été l’arrivée d’Alidou Garba, on aurait fait une pire saison. En 5 rencontres, il a inscrit 7 buts avant de se blesser. Nous savons quoi faire la saison prochaine. Nous allons maintenir le staff technique avec peut-être des réaménagements à un certain niveau. Nous allons conserver les meilleurs éléments de l’effectif procéder à un dégraissage pour ne retenir que 18 joueurs qui seront complétés par quatre bons éléments. Nous verrons s’il faut aller chercher au moins quatre joueurs de qualité. Car le groupe que nous avons est bon mais il a besoin d’attaquants et d’un meneur de jeu qui peut distiller des passes.
C’est peut-être le problème de fétichisme qui agit depuis sur votre club d’autant plus que la rumeur enfle sur le fait qu’un féticheur Malien avait été trahi en 1966 après le sacre en coupe africaine. Et pour se venger, il aurait avalé l’âme du club…
Tout est possible. Mais à ma connaissance, aucun ancien dirigeant n’a évoqué cette question. Je vais la leur demander pour savoir ce qui se passe. Car tout le monde parle de cette situation. S’il est possible que des sacrifices soient faits pour déterrer l’âme du club, nous sommes prêts. Nous sommes en Afrique et l’on ne doit pas tout négliger. La preuve, il y a des stadistes qui aiment le club mais qui travaillent contre le Stade. Il est arrivé des moments où nos joueurs une fois sur la pelouse, se sentaient lourds et bafouaient leur football. Mais quelque chose a été faite pour y remédier. Il y a des gens qui ne veulent pas que le Stade rebondisse malheureusement.
Etes-vous déçu ?
Très déçu de l’attitude des membres d’honneur et des supporters. Il y a un travail qui est en train de se faire et nous devons nous souder pour bâtir le club. Ce n’est pas en prenant du recul que le stade va rebondir. Nous y avons laissé nos plumes et le comble, c’est que nous ne sentons pas un minimum de reconnaissance des stadistes. Quand je ne serai plus le PCA du club, je ferai comme mon frère Konan Kanga qui n’a jamais tourné dos au Stade. Parce que c’est le club que j’aime vraiment. Que les membres d’honneur acceptent nos doléances et tout le monde sera satisfait.
D’aucuns disent que vous ne maîtrisiez pas l’environnement du football ivoirien ?
De quel environnement parlent ces sportifs. Je ne donnerai jamais de l’argent à un arbitre pour gagner une rencontre. De par ma fonction de liquidateur, je ne peux m’adonner à la corruption. Et puis, que ressentirai-je après le gain d’une rencontre payée ? Je sais ce qui se fait mais je ne le ferai jamais. Je l’ai maintes fois répété à la FIF, aux arbitres. Si j’ai les moyens, je préfère motiver mes joueurs pour gagner la rencontre. Certes, je peux aider un arbitre financièrement s’il sollicite mon aide ; Le Stade n’entrera jamais de ce genre de combine qui n’honore pas le football ivoirien.
Que peut-on attendre du Stade d’Abidjan la saison prochaine, puisque cette année, c’est un autre fiasco ?
Il faut réorganiser le Stade. Je suis un légaliste. Et par courtoisie, je ferai un rapport financier de ce que j’ai dépensé pour le club. Je ferai le point de mon argent mis au service du club aux supporters. Et comme ce sera lors de la fin de mon mandat, on verra.
Réalisée par Dablemon Tasman