John Kyffys, le roi du Zèzè Pop en Côte d'Ivoire, ne fait plus, depuis un moment, de grands concerts. Il a aussi décidé de ne pas faire sortir d'albums. Le Temps l'a rencontré. Entretien.
John Kyffys ne fait plus les grands concerts qu'on lui sconnaît. Qu'est-ce qui explique cela ?
En tant que professionnel, je travaille toujours de droite à gauche. Pour pouvoir subvenir à mes besoins. Parce que sans cela, je n'ai pas de vie. Mais seulement, je ne me lance plus dans l'organisation de spectacles comme je le faisais avant.
Et pourquoi ?
Tout simplement parce que l'espace d'expression musicale n'est pas du tout approprié. Il manque d'organisation, d'infrastructures et de personnes qui ont le sens de créer ces événements et de les orienter. Car, on ne fait pas la musique pour le plaisir. Mais pour éduquer et apporter une certaine moralité à son peuple. Donc, j'ai pris un peu de recul par rapport à tout cela. Parce que ma vision de la musique n'est pas celle-là. Pour le moment, je suis en retrait mais je fais mon métier de musicien pour pouvoir subvenir à mes besoins. Effectivement, vous ne me voyez plus dans les stades comme avant. Cela dit, je n'ai pas besoin de dilapider mon argent pour rien.
Y a-t-il un besoin d'infrastructures comme vous venez de le dire ? Pourtant, le Président de la République vous a remis le Burida qui devait aussi traiter cette question.
Le président de la République a accepté de nous remettre le Burida. Mais le décret de loi que le Président a signé n'est pas celui que nous avons choisi. Après signature du Président de la République, on se demande si ce décret que le Président de la République a signé est passé au Conseil des ministres pour vérification.
Que s'est-il passé ?
Ce que nous avons demandé n'est pas dans le décret. Aujourd'hui, le Burida est encore sous tutelle du ministère de la Culture. Or, c'est dit que le Président nous a remis notre maison. Mais en réalité, elle est gérée par le ministère de la Culture.
Soyez plus explicite…
Mais vous, en tant que journaliste demandez au ministère de la Culture pour qu'il vous donne le décret qu'a signé le Président de la République et lisez-le. Mais je vous dis que ce n'est pas le décret que nous avons choisi pour la gestion du Burida. Moi, je n'ai pas envie de faire la guerre contre les gens. Parce que, quand je parle, on dit John a dit ceci, John a dit cela. Mais je vous dis qu'il y a beaucoup de choses qui ne sont pas claires. Demandez le décret et lisez-le. Et après, vous verrez s'il n'y a pas d'anomalies.
Le problème est à quel niveau ?
Le problème est que le ministère de la Culture a toujours sa main dans les affaires des artistes. Et encore le Président de la République a donné 3 milliards aux artistes comme aide à la création. Et personne ne nous appelle pour réaliser nos projets. Alors que c'est pour réaliser nos projets que le Président de la République a débloqué cet argent. Les artistes ne peuvent pas aller quémander leur argent.
Qu'est-ce qui explique le fait que vous tardiez à faire sortir un nouvel album ?
Il n'y a pas d'explication à ça. Moi je ne tarde sur rien. Je vous dis la même chose. Moi, je ne suis pas un artiste inspiré. Donc, je ne suis pas à cours d'idées. Je suis toujours en avance, sur mon temps. Si c'est une question de créativité. J'ai fini d'écrire l'album. Le dernier album de John est déjà écrit. Il comporte 14 titres. Mais je dis que je ne le mets pas sur le marché parce qu'il n'y a pas d'infrastructures. Moi, je n'ai pas envie chaque fois de dépenser mon argent pour d'autres personnes. Est-ce que je suis idiot ? Que je prenne mon argent pour faire des disques d'anthologie, que tout le monde aime. Et que des gens en raffolent. Alors que l'argent va dans la poche d'autres personnes.
Voulez-vous parler de la piraterie ?
Absolument. Qu'on dise non à la piraterie. Et structurer le secteur de la musique en Côte d'Ivoire. Pour permettre aux artistes que nous sommes d'aller créer et envoyer les œuvres pour gagner notre vie.
Pourtant, à la dernière émission de Podium, vous avez annoncé la sortie prochaine de votre album…
Oui. Nous étions dans un domaine publicitaire. Donc, c'était pour aider les gens de Podium. Et j'ai dit cela pour leur faire plaisir. Cependant, je voulais rassurer les fans que John Kyffys reste toujours John Kyffys, quelles que soient les situations. Même après 10 ans, quand je reviendrai, je serai toujours au sommet de mon art.
A cette émission aussi, on vous a vu jouer avec vos collaborateurs blancs. Est-ce le retour de ceux-ci ou était-ce une apparition ponctuelle ?
(Rire). Non c'était un peu pour faire taire les gens qui bavardent. Parce qu'ils disent beaucoup de choses. On a entendu dire que les Blancs de John Kyffys l'ont quitté. Moi, je n'ai pas besoin que les Blancs soient avec moi. Je ne suis pas tenu par les Blancs. C'est pour dire que, si je veux que mon orchestre soit toujours composé de blancs, ça se fera.
Tout à l'heure, vous parliez de problème d'infrastructures …
Quand je parle d'infrastructures, ce n'est pas du matériel musical dont il est question. C'est-à-dire moi, en tant que musicien, j'ai du matériel. Pour faire mon travail. Tout le temps, je travaille. Mais je n'ai pas payé tout ça, pour rester à la maison. Maintenant où sont les infrastructures qui doivent nous servir pour les spectacles ? Si je veux faire un spectacle au Palais de la culture, il faut que je paie 2 millions de Fcfa pour la salle. Mais, les deux millions, où voulez-vous que je les prenne si les disques que je vends sont piratés ?
Vous voulez dire que la salle du Palais de la Culture coûte aussi cher ?
Effectivement, c'est cher. Parce que ces choses-là, ne se gèrent pas comme ça. Si on veut aider les artistes de Côte d'ivoire le Palais de la Culture doit penser à recenser les différents artistes et les programmer sur l'année. Et chaque artiste capable de faire quelque chose dans ce pays doit avoir une date au Palais de la Culture. Et par rapport à cette date, il se prépare. Au moins, on lui donne une chance de pouvoir s'exprimer un jour. La gestion est faite par la maison. C'est-à-dire que la maison fait la promotion de cet artiste, vend les billets, prend ses charges en compte et paye l'artiste. Mais en même temps, la maison aura donné un espace d'expression à l'artiste. Et lui aura permis d'avoir un peu d'argent sans qu'il ne débourse 5 Fcfa. C'est le rôle d'un Palais de la Culture. Par contre, on dit qu'un artiste a du talent et il n'a pas les moyens pour organiser un spectacle. On lui demande par exemple 2 millions pour faire son spectacle. Cela dit, cet artiste ne va jamais se produire.
Est-ce que le contentieux entre John Kyffys et Gadji Céli est vidé ?
Moi, je ne peux pas parler de ça aujourd'hui. Parce que j'estime que ce sont des choses dépassées. Il y a trop de choses qui ont été dites. Non, non, je ne vais rien dire. Gadji Céli et moi, nous ne sommes pas des ennemis. Donc ça s'arrête là. Nous sommes dans une corporation. On peut voir différemment les choses. Et c'est ce qui se passe. Sinon, Gadji Céli n'est pas mon ennemi.
Interview realisée par Renaud Djatchi.
John Kyffys ne fait plus les grands concerts qu'on lui sconnaît. Qu'est-ce qui explique cela ?
En tant que professionnel, je travaille toujours de droite à gauche. Pour pouvoir subvenir à mes besoins. Parce que sans cela, je n'ai pas de vie. Mais seulement, je ne me lance plus dans l'organisation de spectacles comme je le faisais avant.
Et pourquoi ?
Tout simplement parce que l'espace d'expression musicale n'est pas du tout approprié. Il manque d'organisation, d'infrastructures et de personnes qui ont le sens de créer ces événements et de les orienter. Car, on ne fait pas la musique pour le plaisir. Mais pour éduquer et apporter une certaine moralité à son peuple. Donc, j'ai pris un peu de recul par rapport à tout cela. Parce que ma vision de la musique n'est pas celle-là. Pour le moment, je suis en retrait mais je fais mon métier de musicien pour pouvoir subvenir à mes besoins. Effectivement, vous ne me voyez plus dans les stades comme avant. Cela dit, je n'ai pas besoin de dilapider mon argent pour rien.
Y a-t-il un besoin d'infrastructures comme vous venez de le dire ? Pourtant, le Président de la République vous a remis le Burida qui devait aussi traiter cette question.
Le président de la République a accepté de nous remettre le Burida. Mais le décret de loi que le Président a signé n'est pas celui que nous avons choisi. Après signature du Président de la République, on se demande si ce décret que le Président de la République a signé est passé au Conseil des ministres pour vérification.
Que s'est-il passé ?
Ce que nous avons demandé n'est pas dans le décret. Aujourd'hui, le Burida est encore sous tutelle du ministère de la Culture. Or, c'est dit que le Président nous a remis notre maison. Mais en réalité, elle est gérée par le ministère de la Culture.
Soyez plus explicite…
Mais vous, en tant que journaliste demandez au ministère de la Culture pour qu'il vous donne le décret qu'a signé le Président de la République et lisez-le. Mais je vous dis que ce n'est pas le décret que nous avons choisi pour la gestion du Burida. Moi, je n'ai pas envie de faire la guerre contre les gens. Parce que, quand je parle, on dit John a dit ceci, John a dit cela. Mais je vous dis qu'il y a beaucoup de choses qui ne sont pas claires. Demandez le décret et lisez-le. Et après, vous verrez s'il n'y a pas d'anomalies.
Le problème est à quel niveau ?
Le problème est que le ministère de la Culture a toujours sa main dans les affaires des artistes. Et encore le Président de la République a donné 3 milliards aux artistes comme aide à la création. Et personne ne nous appelle pour réaliser nos projets. Alors que c'est pour réaliser nos projets que le Président de la République a débloqué cet argent. Les artistes ne peuvent pas aller quémander leur argent.
Qu'est-ce qui explique le fait que vous tardiez à faire sortir un nouvel album ?
Il n'y a pas d'explication à ça. Moi je ne tarde sur rien. Je vous dis la même chose. Moi, je ne suis pas un artiste inspiré. Donc, je ne suis pas à cours d'idées. Je suis toujours en avance, sur mon temps. Si c'est une question de créativité. J'ai fini d'écrire l'album. Le dernier album de John est déjà écrit. Il comporte 14 titres. Mais je dis que je ne le mets pas sur le marché parce qu'il n'y a pas d'infrastructures. Moi, je n'ai pas envie chaque fois de dépenser mon argent pour d'autres personnes. Est-ce que je suis idiot ? Que je prenne mon argent pour faire des disques d'anthologie, que tout le monde aime. Et que des gens en raffolent. Alors que l'argent va dans la poche d'autres personnes.
Voulez-vous parler de la piraterie ?
Absolument. Qu'on dise non à la piraterie. Et structurer le secteur de la musique en Côte d'Ivoire. Pour permettre aux artistes que nous sommes d'aller créer et envoyer les œuvres pour gagner notre vie.
Pourtant, à la dernière émission de Podium, vous avez annoncé la sortie prochaine de votre album…
Oui. Nous étions dans un domaine publicitaire. Donc, c'était pour aider les gens de Podium. Et j'ai dit cela pour leur faire plaisir. Cependant, je voulais rassurer les fans que John Kyffys reste toujours John Kyffys, quelles que soient les situations. Même après 10 ans, quand je reviendrai, je serai toujours au sommet de mon art.
A cette émission aussi, on vous a vu jouer avec vos collaborateurs blancs. Est-ce le retour de ceux-ci ou était-ce une apparition ponctuelle ?
(Rire). Non c'était un peu pour faire taire les gens qui bavardent. Parce qu'ils disent beaucoup de choses. On a entendu dire que les Blancs de John Kyffys l'ont quitté. Moi, je n'ai pas besoin que les Blancs soient avec moi. Je ne suis pas tenu par les Blancs. C'est pour dire que, si je veux que mon orchestre soit toujours composé de blancs, ça se fera.
Tout à l'heure, vous parliez de problème d'infrastructures …
Quand je parle d'infrastructures, ce n'est pas du matériel musical dont il est question. C'est-à-dire moi, en tant que musicien, j'ai du matériel. Pour faire mon travail. Tout le temps, je travaille. Mais je n'ai pas payé tout ça, pour rester à la maison. Maintenant où sont les infrastructures qui doivent nous servir pour les spectacles ? Si je veux faire un spectacle au Palais de la culture, il faut que je paie 2 millions de Fcfa pour la salle. Mais, les deux millions, où voulez-vous que je les prenne si les disques que je vends sont piratés ?
Vous voulez dire que la salle du Palais de la Culture coûte aussi cher ?
Effectivement, c'est cher. Parce que ces choses-là, ne se gèrent pas comme ça. Si on veut aider les artistes de Côte d'ivoire le Palais de la Culture doit penser à recenser les différents artistes et les programmer sur l'année. Et chaque artiste capable de faire quelque chose dans ce pays doit avoir une date au Palais de la Culture. Et par rapport à cette date, il se prépare. Au moins, on lui donne une chance de pouvoir s'exprimer un jour. La gestion est faite par la maison. C'est-à-dire que la maison fait la promotion de cet artiste, vend les billets, prend ses charges en compte et paye l'artiste. Mais en même temps, la maison aura donné un espace d'expression à l'artiste. Et lui aura permis d'avoir un peu d'argent sans qu'il ne débourse 5 Fcfa. C'est le rôle d'un Palais de la Culture. Par contre, on dit qu'un artiste a du talent et il n'a pas les moyens pour organiser un spectacle. On lui demande par exemple 2 millions pour faire son spectacle. Cela dit, cet artiste ne va jamais se produire.
Est-ce que le contentieux entre John Kyffys et Gadji Céli est vidé ?
Moi, je ne peux pas parler de ça aujourd'hui. Parce que j'estime que ce sont des choses dépassées. Il y a trop de choses qui ont été dites. Non, non, je ne vais rien dire. Gadji Céli et moi, nous ne sommes pas des ennemis. Donc ça s'arrête là. Nous sommes dans une corporation. On peut voir différemment les choses. Et c'est ce qui se passe. Sinon, Gadji Céli n'est pas mon ennemi.
Interview realisée par Renaud Djatchi.