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Économie Publié le vendredi 13 novembre 2009 | Nord-Sud

Anaky Kobena à propos de la corruption généralisée : “Il faut frapper dans la justice”

Le président du Mouvement des forces d’avenir a défendu son projet de société hier devant le patronat ivoirien. Anaky Kobena a, à cette occasion, attiré l’attention des opérateurs économiques sur les problèmes qui minent le fonctionnement de l’administration ivoirienne.

Il n’a pas dérogé au ton incisif et pugnace qu’on lui connaît. Face au patronat ivoirien hier à Abidjan pour défendre son programme économique, le président du Mouvement des forces d’avenir (Mfa), Anaky Kobena, s’est révolté contre la «déliquescence» de l’Etat. Une situation qui fait naître de nombreux dysfonctionnements et entraves à la relance économique. La corruption généralisée, l’absence de transparence dans la gestion des ressources de l’Etat, notamment les recettes du pétrole, l’épineuse question du racket, …sont, entre autres facteurs qui, aux yeux de l’ancien ministre des Transports, ont dépassé le seuil du tolérable. Selon lui, l’un des secteurs qui reste une grande préoccupation, n’est rien d’autre que l’appareil judiciaire. «C’est dans la justice qu’il faut frapper d’abord.

«L’argent du racket pour nourrir les milices»

Il n’y a pas d’autres mots. Un pays où on ne peut pas compter sur la justice, n’est pas un pays. Même s’il faut dans le mois, mettre à la retraite anticipée la moitié de nos magistrats pour donner un signal fort. Les jeunes qui viendront après, sauront comment ils ont atteint ce niveau et resteront droit», a prévenu Anaky Kobena. Outre la justice, il a révélé qu’une nouvelle forme de fraude prend des proportions inquiétantes au niveau de la douane. Si l’on est satisfait du niveau actuel des recettes douanières qui, selon lui, a atteint 800 milliards de Fcfa, force est de reconnaître que malheureusement la fraude documentaire constitue un obstacle majeur à la hausse des recettes.

Elle représente un manque à gagner de plus de 60% de ce qui devrait être mobilisé.

Pour l’ancien ministre des Transports, depuis 9 ans maintenant que la «Refondation» est au pouvoir, l’on assiste le cœur meurtri, à une dégradation irréversible et à un recul abyssal. Fondé sur de nombreuses in­terrogations. Combien de milliards du café cacao, du pétrole, du gaz et du manganèse ne sont même pas déclarés au budget de l’Etat ou dans les comptes des structures en charge ? Saura-t-on toute la vérité sur l’usine de Fulton aux Usa qui aura été un gouffre de 200 milliards Fcfa perdus par les planteurs et la Côte d’Ivoire ? Au moment où il était le premier responsable du ministère des Transports, il dit avoir réussi à combattre vigoureusement la question du racket. «Lorsque j’étais ministre des Transports, toutefois qu’on lançait des actions fortes pour enrayer le racket, on a réussi à le faire sur une certaine période. Mais après, le mal revenait. Il m’est arrivé d’entendre des responsables des Forces de défense et de sécurité (Fds), dire froidement, qu’une partie de ce qui est glané au titre du racket sur les routes, va au plus haut niveau. Et que ça sert à entretenir des milices et des groupes paramilitaires », a fustigé le candidat du Mfa à l’élection présidentielle. Convaincu que le nettoyage est possible en moins d’un mois. A l’en croire, le fait que l’on paie pour être admis aux concours de l’Ecole nationale d’administration, de la Police, de la Gendarmerie et de la Douane, démontre aujourd’hui que tout le système ad­mi­nistratif ivoirien est gravement submergé par les mauvaises pratiques. Avant de dénoncer l’impunité qui règne en milieu universitaire.

L’impunité

«C’est le phénomène de la Fesci qui est à la base de cette situation. Ses éléments molestent impunément des magistrats. C’est la Fesci qui désigne les étudiants qu’on doit loger. C’est vraiment un Etat dans un Etat », a-t-il critiqué vivement. A l’en croire, c’est le même tableau que présente le District d’Abidjan dans son conflit de compétence avec l’Agence des transports urbains (Agetu). «Il ne doit pas y avoir de problème entre les deux structures. Il y a quelqu’un à la tête du district qui refuse d’appliquer ce que dit la loi en Côte d’Ivoire. Il a le soutien de ses amis. Il est hors de l’Etat et cela lui réussit. Plus jamais ça en Côte d’Ivoire », s’est offusqué Anaky Kobena, précisant qu’il faut une volonté au sommet de l’Etat pour arriver à bout de ces dysfonctionnements qui malheureusement impactent négativement l’image du pays. Le président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci), Jean Kakou Diagou, a estimé que les pouvoirs publics n’ont pas encore accordé la place qu’il faut au secteur privé. Alors qu’il demeure pourtant, le gros pourvoyeur d’impôt, qui crée des richesses et des emplois. «Lors des cérémonies de présentation de vœux de nouvel an à la présidence, on accorde plus de temps aux petits syndicats qu’au secteur privé. Nous avons le sentiment que nous ne sommes pas considérés comme nous le devons être», a dénoncé le premier responsable du patronat. Il a dressé un tableau assez préoccupant de l’appareil de production, marqué par une détérioration vertigineuse des fondamentaux de l’économie et de la société. Le secteur privé ne fonctionne plus de façon optimale. «Plusieurs secteurs d’activité tels que la mangue, l’ananas, le bois, le café enregistrent des pertes de compétitivité tragique au niveau mondial. De toute évidence, cela est dû à la déstructuration institutionnelle des filières», a planté Jean Kakou Diagou. Pour lui, les différents classements de la Côte d’Ivoire : 168 ème /183 pays au Doing business 2010, 116ème/133 pays au World economic forum et 151ème/180 pour Transparency international, sont suffisamment éloquents et attestent bien l’ampleur du recul du pays. C’est eu égard à cela que le secteur privé attend beaucoup du nouveau président qui sera élu en Côte d’Ivoire. Notons que le 17 novembre, ce sera au tour au président du Rassemblement des républicains (Rdr), Alassane Ouattara de défendre son programme économique devant le patronat ivoirien.

Cissé Cheick Ely
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