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Politique Publié le mardi 24 novembre 2009 | Nuit & Jour

Côte d’Ivoire - Démocratie ou développement ?

L'histoire de toute société a toujours été non seulement celle des modes d'organisation politique mais aussi celle de la quête continue et inlassable pour l'acquisition d'un plus grand bien-être. Mais si ces deux objectifs semblent fondamentaux, il n'en demeure pas moins qu'ils posent une certaine controverse quant à la place que chacun devrait occuper dans la priorité de nos Etats.
C'est la question fondamentale qui se pose en ce début de millénaire en Afrique avec l'avènement de la démocratie ;ce nouveau graal qui doit impulser la dynamique du développement, faire la promotion des droits de l'Homme, et établir une véritable séparation de pouvoirs préalable à la liberté du citoyen ; on se pose aujourd'hui la question de savoir si c'est la démocratie qui doit précéder le développement ou bien c'est le développement qui doit amener la démocratie ? Il y a dilemme ; et ce dilemme ressemble fort étrangement au cercle éristique de l'antériorité chronologique de l'œuf et de la poule ; car s'il est vrai que la démocratie est un moyen de gestion de l'économie politique, celle-ci est l'infrastructure de la démocratie. Comme on le voit, il ne peut donc y avoir de démocratie sans développement et vice-versa. Mais en l'état actuel de la situation chaotique et attristante de l'Afrique ce continent de la souffrance, nous pensons que le développement doit précéder la démocratie. Il est vrai que de nos jours, on assiste à une aspiration des peuples pour ce système politique ; étant entendu que la démocratie permet les débats nationaux sur non seulement les moyens mais les fins de l'organisation politique de la cité. Elle a pour vocation de favoriser la transparence dans la gestion des deniers publics. Mais sans développement, tout cela n’est que vanité. En effet, sans développement, la démocratie n'est qu'un leurre, une vue de l’esprit, une mystification des dirigeants africains pour distraire le peuple. Il est évident que des individus couverts de haillons, parqués dans les taudis, affamés, analphabètes n'auront ni la force, ni le temps à consacrer à des débats politiques. Leur premier souci est de faire face aux exigences nécessaires de l'existence. Il est par ailleurs, indiscutable qu'une société analphabète puisse réaliser une démocratie viable. Ainsi que vaut ce système politique cher à Périclès (Vème siècle av. J-C) dans une société où les individus ne savent ni lire, ni écrire, ni compter ? Aux USA, en 1776, les rédacteurs de la Constitution américaine croyaient au rôle essentiel et décisif de l'éducation, pour l'avènement d'une démocratie véritable. Car, il est clair que le citoyen moyen qui est appelé à faire des choix parmi les candidats et à trancher différentes questions doit être éclairé. C'est-à-dire il doit être capable de juger une information, de décider les points susceptibles de répondre au mieux à ses intérêts ; l'esprit critique nécessaire pour apprécier les différentes questions peut exiger un très haut niveau d'instruction. L'historien Jules Michelet ne disait-il pas que l'éducation était l’essence de la démocratie ? Aussi, tous les auteurs de l'antiquité, de Socrate à Plotin en passant par Platon et Aristote sont-ils unanimes à reconnaître la connaissance comme le tabernacle de la démocratie ! Mais cette superstructure ne peut impulser une démocratie éclairée que sur des fondements infrastructurels solides de nature à permettre aux individus d'avoir le minimum exigible pour une vie digne. Karl Marx ne disait-il pas que la superstructure était le reflet de l'infrastructure économique ? Peut-on avoir des élections crédibles alors que les infrastructures routières censées acheminer les bulletins de vote au lieu de dépouillement ne répondent pas aux exigences d'un Etat moderne ? Quelques fois, on est même obligé de traverser à pirogue des fleuves avec les bulletins de vote pour les acheminer à la capitale. On imagine déjà le tripatouillage avec son corollaire de conséquences désastreuses pour le résultat final. On comprend dès lors pourquoi on assiste toujours en Afrique à des tensions, à des affrontements après la proclamation des résultats des élections. Une démocratie efficace requiert donc un niveau de développement adéquat, à même de libérer les populations des besoins essentiels. C'est pourquoi, il faut éviter les mystifications et autres hyperboles à propos de ce système politique qui n'est pas une panacée. D'ailleurs, la démocratie a plus servi à protéger des régimes monolithiques et dictatoriaux qu'à affranchir les populations de la misère, à leur restituer leur liberté, à cimenter la cohésion sociale. Elle a été brandie comme prétexte par les gouvernants pour confisquer le pouvoir, réprimer l'opposition et distraire le peuple qui est simplement humilié. Ceux et celles qui ont encore de l'humour se demandent quand est ce que ce système politique sera mis en veilleuse en Afrique pour qu'ils puissent afin retrouver l'abondance alimentaire, avoir accès aux équipements collectifs, aux services sociaux, aux soins de santé primaire ; avoir en un mot, le minimum exigible par toute personne raisonnable ; au lieu de pinailler sur une notion que nos dirigeants ont dévoyée, galvaudée et qui est devenue une entorse à l'émergence de nos populations.


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