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Société Publié le jeudi 26 novembre 2009 | Nuit & Jour

Dabou/En grève pour une revalorisation salariale - 500 travailleurs bastonnés par les Forces de l’ordre

Les travailleurs de la société des Plantations Daval et compagnie ne sont pas au bout de leurs peines. En grève pour une revalorisation salariale, ils subissent le courroux des gendarmes et policiers de Dabou.

Travailleurs en haillons, au visage bouffis, fébriles et prêts à prendre la poudre d’escampette, c’est le triste spectacle qu’offrent les employés de la société des Plantations Daval et compagnie à Dabou depuis le 25 octobre 2009. Leur malheur, c’est d’avoir déposé un préavis de grève sur la table du patron, M. Richard Gabriel Matis, un opérateur économique français dont la structure est spécialisée dans la production de la banane douce. Les travailleurs ont déposé ce préavis de grève pour une revalorisation salariale. Trop audacieux de l’avis de l’employeur des 500 travailleurs qui n’a pas trouvé meilleur solution que de faire débarquer les Forces de l’ordre pour mater les grévistes. « Depuis quelques jours, nous sommes en grève. Nous ne cassons rien mais nous allons sur les différents sites pour faire des sit-in. C’est mal vu par notre patron qui a coopté des policiers et des gendarmes pour nous mater. Depuis lundi dernier, nous vivons un calvaire. Nous sommes traqués », a fait savoir Méledje Roméo Simplice, le porte-parole des travailleurs de la société des Plantations Daval et compagnie. Cet ouvrier et ses camarades sont déterminés à aller jusqu’au bout pour que justice soit faite. « Ce n’est pas normal que certains de nos travailleurs soient payés en dessous du SMIG. C’est une exploitation et cela doit prendre fin. Nous sommes traités comme des esclaves. Les heures supplémentaires ne sont pas payées, les salaires sont dérisoires. Les primes de tonnage, de logement, de palettes et de coups ne sont pas payées non plus. Nous sommes marginalisés parce que nous ne sommes pas pour la plupart déclarés à la CNPS. Mais le patron fait des prélèvements sur le salaire à la fin du mois », note le porte-parole des grévistes. Pire, les grévistes avouent être la cible des Forces de l’ordre depuis le déclenchement de leur mouvement d’arrêt de travail « trois de nos collègues sont en prison sans raisons valables depuis quelques jours. Nous comptons dans nos rangs des blessés qui ont reçu des soins à l’hôpital de Dabou. Tout ceci par la faute des Forces de l’ordre qui veillent au grain comme si nous étions des malfrats », a martelé Meledje Roméo hier à Dabou.

La chasse à l’homme à Dabou

« Je crains pour ma vie. Les hommes du Lieutenant Coulibaly me recherchent ardemment comme si le fait de revendiquer pour un meilleur traitement et un mieux-être quand tu travailles dans une grande entreprise est un crime », a confié Meledje Roméo quand nous nous sommes rendus à Dabou hier mercredi tôt le matin. Cet ouvrier n’a pas tort. Les responsables de la société des Plantations Daval et Compagnie n’ont pas lésiné sur les moyens. Ils ont offert un véhicule 4x4 aux Forces de l’ordre pour sillonner les alentours des installations de la société afin d’enrayer toute manifestation des grévistes. « On a plus accès aux champs. Que ce soit ici à Dabou, Lumen, 98 B et km 30, nous sommes interdits d’accès aux Plantations de bananes. Avec l’aide des Forces de l’ordre qui n’hésitent pas à lâcher du gaz lacrymogène, notre patron croit gagner la partie. C’est dommage», a renchéri un manœuvre de cette société qui a voulu garder l’anonymat. Selon ses camarades et lui, leur salut viendra de leur capacité à dénoncer l’esclavage dont ils font l’objet. « Si tu ne fais rien c’est mieux que souffrir pour un salaire qui ne peut pas te soigner en cas de maladie », s’est lamenté un autre manœuvre. A notre arrivée, les grévistes étaient terrés dans un endroit tenu secret pour des raisons de sécurité. Désemparés et craignant pour leur vie, ils affichaient une fébrilité déconcertante, chaque fois qu’ils voyaient passer les Forces de l’ordre. « C’est parce que nous sommes loin du champ qu’ils nous laissent ainsi. Sinon, ils allaient nous mater encore », nous a relaté un gréviste au passage des Forces de l’ordre sans toutefois révélé que le véhicule abord duquel ils effectuent les patrouilles appartient à leur société. Nos tentatives pour rencontrer les responsables de la société des Plantations Daval et Compagnie sont restées vaines. « Ils négocient avec certains de nos camarades pour reprendre le travail. Ils veulent ignorer notre grève », a conclu Meledje Roméo qui compte sur la réaction des autorités compétentes. Nous y reviendrons.

Dablemon Tasman envoyé spécial à Dabou

Légende : Fac simulé d’un bulletin de paie d’un manœuvre. 19000 F CFA comme salaire. Il y a de quoi à manifester.
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