Le livre, nourriture de l’esprit, est de plus en plus abandonné par les Ivoiriens. Les raisons de ce désintérêt sont diverses. La jeune génération s’est trouvé d’autres centres d’intérêts, au détriment du livre.
Le livre est-il destiné à mourir en Côte d’Ivoire ? Le peu d’intérêt qu’il suscite au sein de la société ivoirienne, notamment parmi les jeunes, pourrait le laisser penser. Le livre – objet de plaisir, de distraction et de connaissance – n’est plus prisé par les Ivoiriens. Ils lui préfèrent d’autres choses. Les référents actuels en matière de recherche et d’acquisition de connaissance sont diamétralement opposés à ce qu’ils ont été jadis. Il suffit de lire les copies des élèves et étudiants, de les entendre s’exprimer pour s’en convaincre. Cette mauvaise manipulation de la langue française, même si elle a plusieurs causes « repose fondamentalement sur le manque de lecture de bons livres et de bons auteurs », estime Coulibaly Sié, conseiller d’orientation dans un lycée de la place. Siaka Sidibé, responsable de la salle de lecture de la bibliothèque du Centre de recherche et d'action pour la paix (Cerap) fait cette remarque : « avant 1990, les Ivoiriens avaient accès aux livres dans les bibliothèques, ils avaient envie de lire ». « Cela se traduisait par une présence remarquée dans les bibliothèques et par l’incidence positive sur le niveau de langue», continue-t-il. Les Ivoiriens d’aujourd’hui s’intéressent-ils au livre ? Siaka Sidibé fait une nuance. « Si l’on considère ceux qui fréquentent la bibliothèque dans le cadre de recherches liées à leurs études, on peut dire que les étudiants s’intéressent au livre », note-t-il. Mais dans l’autre sens, « les amoureux de la lecture, ceux qui lisent pour leur simple plaisir se comptent sur le bout des doigts », affirme-t-il. De fait, ils ignorent que « la lecture de bons livres, de bons auteurs procure une connaissance qui édifie l’homme », explique-t-il. Le bibliothécaire établit à ce niveau un parallèle avec les sports comme le jogging où les bienfaits – ici sur l’esprit – sont personnels. Un point de vue que partage Brahima Soro, responsable des achats à la Librairie de France Groupe. « La nouvelle génération n’a plus la culture du livre », attaque-t-il. Il explique cet état de fait par la tendance actuelle qui accorde plus d’importance au visuel, à l’image. « L’éducation aujourd’hui accorde beaucoup plus d’importance à l’image. Ce qui a une incidence sur la capacité de lecture des jeunes », estime-t-il. Dans tous les cas, pense Brahima Soro, « c’est l’importance que l’on accorde à une chose qui fait que l’on s’y intéresse ». Un autre aspect évoqué par Yves Séry, doctorant à l’université de Cocody, l’explosion des nouvelles technologies qui permettent, grâce à l’internet notamment de trouver ce que l’on cherche en un seul clic. « Les dernières technologies permettent d'accéder rapidement à des informations précises. Il y a quelques années, pour accéder à l'information, il fallait absolument passer par les livres. Aujourd'hui, par quelques clics, l'information est instantanée, ce qui contribue encore à éloigner les Ivoiriens du livre », renchérit de son côté le doctorant. L’argument de la pauvreté qui est souvent brandi pour expliquer le désintérêt pour le livre est battu en brèche par Brahima Soro. Il explique : « C’est vrai que la conjoncture économique a des conséquences sur les populations, mais même dans ce cas, les jeunes préfèrent aller dans les bistrots et autres maquis pour s’évader et fuir les réalités existentielles. Alors que la lecture d’un livre peut permettre aussi de se réfugier dans un ailleurs merveilleux ». C’est là l’une des caractéristiques de la lecture. Elle est aussi incitation à la prise de conscience. Convenons alors avec l’économiste et écrivain Georges Elgozy que « La lecture est un exercice profitable, sous condition qu'elle ne se substitue pas à la réflexion ».
M’Bah Aboubakar
Le livre est-il destiné à mourir en Côte d’Ivoire ? Le peu d’intérêt qu’il suscite au sein de la société ivoirienne, notamment parmi les jeunes, pourrait le laisser penser. Le livre – objet de plaisir, de distraction et de connaissance – n’est plus prisé par les Ivoiriens. Ils lui préfèrent d’autres choses. Les référents actuels en matière de recherche et d’acquisition de connaissance sont diamétralement opposés à ce qu’ils ont été jadis. Il suffit de lire les copies des élèves et étudiants, de les entendre s’exprimer pour s’en convaincre. Cette mauvaise manipulation de la langue française, même si elle a plusieurs causes « repose fondamentalement sur le manque de lecture de bons livres et de bons auteurs », estime Coulibaly Sié, conseiller d’orientation dans un lycée de la place. Siaka Sidibé, responsable de la salle de lecture de la bibliothèque du Centre de recherche et d'action pour la paix (Cerap) fait cette remarque : « avant 1990, les Ivoiriens avaient accès aux livres dans les bibliothèques, ils avaient envie de lire ». « Cela se traduisait par une présence remarquée dans les bibliothèques et par l’incidence positive sur le niveau de langue», continue-t-il. Les Ivoiriens d’aujourd’hui s’intéressent-ils au livre ? Siaka Sidibé fait une nuance. « Si l’on considère ceux qui fréquentent la bibliothèque dans le cadre de recherches liées à leurs études, on peut dire que les étudiants s’intéressent au livre », note-t-il. Mais dans l’autre sens, « les amoureux de la lecture, ceux qui lisent pour leur simple plaisir se comptent sur le bout des doigts », affirme-t-il. De fait, ils ignorent que « la lecture de bons livres, de bons auteurs procure une connaissance qui édifie l’homme », explique-t-il. Le bibliothécaire établit à ce niveau un parallèle avec les sports comme le jogging où les bienfaits – ici sur l’esprit – sont personnels. Un point de vue que partage Brahima Soro, responsable des achats à la Librairie de France Groupe. « La nouvelle génération n’a plus la culture du livre », attaque-t-il. Il explique cet état de fait par la tendance actuelle qui accorde plus d’importance au visuel, à l’image. « L’éducation aujourd’hui accorde beaucoup plus d’importance à l’image. Ce qui a une incidence sur la capacité de lecture des jeunes », estime-t-il. Dans tous les cas, pense Brahima Soro, « c’est l’importance que l’on accorde à une chose qui fait que l’on s’y intéresse ». Un autre aspect évoqué par Yves Séry, doctorant à l’université de Cocody, l’explosion des nouvelles technologies qui permettent, grâce à l’internet notamment de trouver ce que l’on cherche en un seul clic. « Les dernières technologies permettent d'accéder rapidement à des informations précises. Il y a quelques années, pour accéder à l'information, il fallait absolument passer par les livres. Aujourd'hui, par quelques clics, l'information est instantanée, ce qui contribue encore à éloigner les Ivoiriens du livre », renchérit de son côté le doctorant. L’argument de la pauvreté qui est souvent brandi pour expliquer le désintérêt pour le livre est battu en brèche par Brahima Soro. Il explique : « C’est vrai que la conjoncture économique a des conséquences sur les populations, mais même dans ce cas, les jeunes préfèrent aller dans les bistrots et autres maquis pour s’évader et fuir les réalités existentielles. Alors que la lecture d’un livre peut permettre aussi de se réfugier dans un ailleurs merveilleux ». C’est là l’une des caractéristiques de la lecture. Elle est aussi incitation à la prise de conscience. Convenons alors avec l’économiste et écrivain Georges Elgozy que « La lecture est un exercice profitable, sous condition qu'elle ne se substitue pas à la réflexion ».
M’Bah Aboubakar