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Politique Publié le jeudi 3 décembre 2009 | Le Nouveau Réveil

Laurent Gbagbo sur France 24, hier : “Laissez l`opposition ivoirienne là où elle est”

Le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, a accordé récemment une interview à la chaîne de télévision française France 24. Nous vous livrons quelques extraits de cette interview.

Laurent Gbagbo, bonjour et merci de nous recevoir au palais présidentiel d'Abidjan
Bonjour

Pourquoi les Ivoiriens n'ont-ils pas voté dimanche dernier ?
Ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette question. Vous savez, il y a une erreur qu'on commet souvent dans les démocraties d'Europe occidentale. On croit que toutes les situations se ressemblent. Chez nous ici, ce n'est ni le gouvernement, ni le président de la République qui organise les élections. Ce n'est pas le ministre de l'Intérieur qui organise les élections. C'est la Commission électorale indépendante (Cei). Et elle accueille tous ceux qui veulent la rencontrer. Elle accueille tous ceux qui veulent parler avec elle. Je sors là d'ailleurs d'une réunion avec le président de la Commission électorale indépendante sur la sécurisation des élections à venir. Donc elle est prête à discuter avec tout le monde. Mais en se trompant de cible, je vois souvent des hommes et des femmes en Europe qui font fausse piste et ceci pour rien.

En l'occurrence, les critiques ne viennent pas d'Europe mais de l'opposition ivoirienne qui accuse la mouvance présidentielle de vouloir faire traîner les choses.
Non. Laissez l'opposition ivoirienne là où elle est. Elle sait que ce qu'elle dit est faux. Puisque c'est l'opposition ivoirienne qui est maîtresse de la Commission électorale indépendante.

Elle est indépendante elle n'est pas maitresse dans ce cas ?
Mais si si si. Puisque la Commission électorale indépendante a été formée par les partis politiques issus des discussions de Marcoussis. Nous avons pris cette décision à Pretoria pour calmer l'opposition qui était très excitée. Mes partisans sont 1/3 dans la Commission électorale indépendante. Ceux qui se disent opposition et qui ne sont pas une opposition en réalité sont 2/3. Je peux vous dire que le président de la Cei est issu du Pdci-Rda. Et il a été élu par l'ensemble. Donc, il a eu la majorité. Ce qui démontre bien ce que je suis en train de vous expliquer à savoir qu'ils sont les plus nombreux que nous. Donc ce n'est pas un problème. Si ceux qui se disent opposition aujourd'hui, parlent, c'est parce qu'il faut dire quelque chose.

Quand est-ce que cette élection va avoir lieu selon vous ?
Mais, je n'en sais rien ! Demandez à la Commission électorale indépendante !

Mais vous êtes également candidat ?
Ah oui ! Mais j'attends comme les autres.

Cette élection c'est une question de jours, de semaines, de mois ?
Monsieur, je vous recommande d'aller interroger le président de la Commission électorale indépendante. Il s'appelle Beugré Mambé. Il vous recevra très gentiment. Il vous donnera les indications pour que vous vous retrouviez. Nous les candidats, nous attendons.

Vos partisans s'inquiètent. Ils disent qu'il ne faut pas aller aux élections tant qu'il n'y a pas désarmement. Que répondez-vous à ceux-là ?
Les observations sont partagées. J'observe qu'hier (Ndlr mardi) certains de mes partisans on dit, nous voulons la date des élections le plutôt possible. C'est cela qui nous intéresse. Mais c'est vrai que dans un pays qui a connu la guerre, le problème du désarmement est toujours un problème central. On a connu ce débat au niveau de la Sierra-Léone, du Libéria, en République Démocratique du Congo (Rdc). Nous prenons des précautions. Et là, je viens de présider une réunion, avec outre le président de la Cei et quelques-uns de ses vice-présidents, toutes les forces de sécurité de la Côte d'Ivoire pour voir comment organiser la sécurisation des élections. C'est une réunion qui s'est bien passée.

Cela s'est bien passé, vous êtes confiant dans le processus ?
Oui ! Tous ceux qui vivent en Côte d'Ivoire sont très excités à l'idée d'aller aux élections très prochainement. Ils sont très confiants. A commencer par les responsables de l'Onu, de la Cedeao. Nous sommes tous confiants. Nous sortons d'un grand trou noir et aujourd'hui nous voyons le bout du tunnel. Nous voyons le jour. Nous, nous sommes tranquilles. Nous sommes heureux.

On voit le bout du tunnel en ce qui concerne le processus électoral. Est-ce qu'on voit le bout du tunnel en ce qui concerne le désarmement ?
Mais c'est notre affaire. Laissez-nous travailler. Laissez-nous tranquilles. Vous allez voir que nous allons aller aux élections tranquillement.

Et pourtant, l'accord de Ouagadougou prévoyait d'abord le désarmement ensuite les élections.
Laissez-nous travailler. C'est nous qui travaillons pour notre pays, dans notre intérêt, nous savons ce que nous faisons. Je vous dis qu'il y aura élection sans guerre. C'est cela qui est important.

Monsieur le président, peut-être que les gens ne savent pas toujours vu de l'extérieur. En même temps qu'on obtient la carte d'électeur, beaucoup sont en train de recevoir leur carte nationale d'identité. Est-ce que cela va régler pour vous un problème qui était prépondérant auparavant ? Les gens qui s'accusaient entre eux de ne pas être Ivoiriens ?
Non, oui !

Est-ce que c'est important cette histoire de carte d'identité ?
C'est important pour la vie de la nation. Ce que je remarque, c'est que beaucoup de gens en Côte d'Ivoire n'ont aucun papier. C'est ce que les échéances passées comme l'identification nous ont montré. On a découvert par exemple que des gens de mon ethnie qui ne sont pas des gens du nord du tout, qui habitent dans le quartier populaire d'Abobo gare sont pour la plupart sans papier. Ce n'est pas une question du nord. Et donc n'importe qui peut dire on ne me donne pas des papiers parce que je suis ceci, cela. Mais les gens vivent sans papier. Il nous faut régler ce problème. C'est aujourd'hui que la Côte d'Ivoire se met à régler ce problème avec une identification généralisée. Nous allons y arriver et nous y arrivons. Donc tous ceux qui seront inscrits sur la liste électorale auront en même temps leur carte d'identité nationale. C'est cela aussi qui fait courir beaucoup de fraudeurs. Mais je leur dis à ceux-là qu'ils ne sont pas Ivoiriens. Ceux qui veulent avoir une carte d'identité ivoirienne peuvent venir déposer leur dossier. Le Président de la République que je suis n'a jamais refusé de donner la nationalité à qui que ce soit. J'ai toujours signé des décrets de naturalisation à qui que ce soit. J'ai toujours signé des décrets de naturalisation pour tous ceux qui l'ont demandé régulièrement. Ce n'est pas la peine de s'exposer aux coups de la loi quand on peut obtenir légalement quelque chose.

Monsieur le Président de la République, au plus de fort de la crise, il y a eu un ressentiment contre les Français. Aujourd'hui, que pensent vos concitoyens de la France et des Français ?
Non, moi, je n'en sais rien ! Il y a eu des attitudes incompréhensibles. Le gouvernement français d'alors avait eu une attitude très mauvaise par rapport à la Côte d'Ivoire. Je le dis tel que je le pense. Le gouvernement de Chirac et de De Villepin qui était alors ministre des Affaires étrangères n'était pas bien avec la Côte d'Ivoire. Bon ! Ces temps sont en train d'être passés. Nous sommes en train d'avancer et nous avançons.

L'un des points d'accroc a été la disparition du journaliste Guy André Kieffer. Récemment le procureur de la République a dit qu'il était encore vivant. Qu'est-ce que vous pensez de cette thèse ?
La disparition de Guy-André Kieffer n'est pas un point d'accord entre nous et le gouvernement français ! Il y a des Ivoiriens qui disparaissent en France, il y a des français qui disparaissent en Côte d'Ivoire, ça c'est des faits…(...)
Interview retranscrit par SERGE AMANY

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