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Société Publié le vendredi 4 décembre 2009 | Le Repère

Santé : Comment les cliniques vident nos hôpitaux publics

Nos hôpitaux se vident au profit des cliniques privées. C'est le constat fait depuis quelques années dans nombre d'hôpitaux d'Abidjan. Personne ne s'inquiète de cette situation. Bien au contraire, tout le monde semble s’en accommoder. Qu'est ce qui fait donc courir les malades vers les cliniques ? Quels services offrent les cliniques, qu'on ne trouve pas dans nos hôpitaux publics ?

L'accueil décrié
"Les hôpitaux publics, c'est la merde. Depuis 7 heures que je suis ici, il n'y a aucun médecin pour nous consulter. Personne ne nous répond quand on veut en savoir plus. Si j'avais les moyens financiers, je serais allée dans une clinique ", se plaignait Mme Rosalie Akpoué, venue en consultation dans un établissement sanitaire public de Cocody. Il était 11h quand nous sommes arrivée dans cet hôpital. Comme elle, plusieurs autres patients se plaignaient de ce manque de considération de la part du personnel. " Ils donnent les rendez-vous et ne les respectent pas. Ils se foutent de la souffrance des malades ", nous dit une dame assise avec son enfant. Quelque temps après notre arrivée, une jeune fille arrive et entre aussitôt dans la salle de consultation, sans se soucier du rang. Ce qui n'a pas manqué de susciter la réaction de Rose Amani, couturière : "Nous nous réveillons tôt le matin pour être reçus. Mais quand on arrive, ils font passer d'abord leurs connaissances avant nous". L'accueil est très souvent décrié parce qu'il est reproché aux dames de l'accueil de ne pas recevoir convenablement les patients.

Les hôpitaux sous-équipés
Le manque d'équipement dans nos hôpitaux est un réel problème car, tout le monde en parle. Ce qui poussent souvent les médecins à demander aux patients de faire des examens dans des cliniques privées. C'est le cas du Chu de Yopougon où l'on demande aux patients d'aller dans une clinique dont nous taisons le nom, qui se trouve non loin de Siporex. De source sûre, cette clinique donnerait des pourboires à tous ceux qui lui enverraient des clients pour des examens, des échographies et autres. Il suffit de se mettent devant cette clinique en début de semaine pour remarquer l'affluence des malades venant du Chu pour faire des examens cliniques. Les médecins expliquent cela par le manque de matériels dans les hôpitaux. Cela a d'ailleurs été attesté par le docteur Gervais K.K. " Il n' y a rien dans nos hôpitaux. Les machines sont en mauvais état. Pour des résultats sûrs, nous préférons envoyer nos patients vers les cliniques ", a-t-il révélé. Il ajoute aussi que les machines ne sont pas entretenues et perdent de leur efficacité quand les années passent. Ce sous équipement se remarque aussi au niveau des pharmacies internes des hôpitaux où il arrive qu'on ne trouve pas de médicaments de première nécessité : "Il est souvent difficile de trouver une intraveineuse dans l'hôpital. Il y a une déficience des stocks ", explique-t-il.

Pas de soins sans argent
Il n'existe plus dans nos hôpitaux l'amour du prochain qui peut mener l'homme à s'occuper de l'autre, sans attendre quelque chose en retour. Il n'est pas possible de se faire consulter dans un hôpital sans argent. " Si tu n'as pas d'argent, ne pense pas qu'ils vont te recevoir. Il faut présenter d'abord le reçu de la caisse au médecin, avant qu'il ne te consulte. Si tu ne le lui montres pas, lui-même te le réclamera ", nous dit M. D. Koffi. Ce n'est pas le docteur Gervais K.K. qui nous dira le contraire " Ce n'est pas le médecin qui va payer les soins des malades. Aucune loi n'indique qu'on doit donner gratuitement les premiers soins ". Dans cette situation, des malades perdent la vie. C'est le cas d'une parturiente qui est décédée des suites d’une césarienne, sans anesthésie générale, à Divo, en février 2007, alors qu'elle venait de payer au gynécologue la somme de 150 mille francs. Dans la même année, dans la ville d'Aboisso, des habitants ont porté plainte contre le corps médical de l'hôpital de cette ville, pour racket.

Le bonheur
des cliniques privées
Le couple Gogbeu que nous avons rencontré à Yopougon nous donne les raisons de leur choix pour les cliniques. " Le service dans les hôpitaux publics est bâclé. On n'arrive même pas à voir les médecins. On est obligé de faire de longs rangs pendant des heures, souvent pour rien " nous disent-ils. Certains se plaignent de l'attitude des médecins et filles de salle qu'ils rencontrent dans les hôpitaux. Il faut aussi signifier que ce n'est pas seulement le mauvais côté qui fait fuir les patients, mais aussi l'obligation d'un bien-être. " Maintenant, tous les fonctionnaires quels qu'ils soient dans le public comme dans le privé, ont droit à une assurance qui leur permet de se faire suivre dans des cliniques. Pour être à l'aise et éviter les longs rangs, on préfère se rendre dans les cliniques où le client est roi ", ajoutent le couple Gogbeu. Ils déplorent l'état des locaux publics ainsi que le service qui perd de sa qualité. " Les locaux sont dégradés. Le personnel soignant préfère se rendre dans les cliniques que de faire le travail pour lequel ils sont payés toutes les fins de mois. Je préfère même accoucher dans une clinique avec une sage-femme du public que d'être dans un centre public avec cette même sage-femme. Car, elles n'ont pas le même comportement quand elles se retrouvent dans l'un de ces deux endroits. En clinique, ce sont des anges, au public, elles deviennent très hystériques", nous raconte une jeune dame. Ce n'est pas seulement les patients qui courent vers les cliniques, car les médecins eux-mêmes ne ratent aucune occasion pour y faire des vacations. Certains mettent cela au compte de l'inactivité après les études. Elisé N'Guessan, jeune diplômé en médecine, officie dans les cliniques privées depuis qu'il a fini ses études. " Je travaille dans le privé parce que je ne suis pas affecté. C'est l'Etat qui affecte. Tant que cela n'est pas fait, pour vivre, j'officie dans le privé ". Ces jeunes diplômés ne sont pas les seuls, car, ceux qui sont affectés au public vont aussi dans les cliniques. C'est le cas du Dr Gervais K.K. qui est dans l'un des Chu d'Abidjan et qui fait des vacations dans plusieurs cliniques privées. " Chacun a droit à une rémunération après avoir travaillé. Le salaire n'est pas suffisant, donc on va dans le privé pour arrondir nos fins de mois".

Mireille Appini (Stagiaire)
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