Les universités publiques, déjà dans un coma profond depuis des années, sont fermées depuis près d'un mois. La raison est que les enseignants du supérieur public, regroupés au sein de la Coordination nationale des enseignants et chercheurs (Cnec), ont déposé craie et fascicules pour rentrer chacun chez soi, en attendant que le gouvernement de Côte d'Ivoire daigne leur trouver un interlocuteur pour trouver des solutions à leurs revendications légitimes. Près d'un mois de grève sans interlocuteur, pendant que les étudiants se tournent les pouces à la maison. Cela donne une idée de la place que ce gouvernement accorde à l'éducation de la jeunesse. Les personnels du corps médical, après une grève dont les conséquences restent encore vivantes dans l'esprit de tous les Ivoiriens, ont annoncé une autre grève pour le mardi 15 décembre prochain. Au menu de cette grève, presque les mêmes revendications de la dernière grève et vis-à-vis desquelles, le gouvernement, après les promesses faites en grandes pompes, a coupé le téléphone. Les greffiers de Côte d'Ivoire, qui n'en finissent pas de se faire bastonner par les policiers, sont encore en grève depuis la semaine dernière pour réclamer l'application d'un décret pris par le chef de l'Etat et qui a du mal à produire ses effets pour de sombres raisons que personne au niveau du gouvernement ne veut prendre le risque d'expliquer aux mécontents. Entre-temps, le service public de la justice qui "est dans un état déplorable tant dans son fonctionnement que dans ses infrastructures", pour utiliser le bon mot de l'ancien bâtonnier de l'ordre des avocats, maître Claude Mentenon, continue de s'enfoncer dans l'immobilisme et la routine. Les assistants sociaux de Côte d'Ivoire, que personne au gouvernement ne prend au sérieux alors qu'ils jouent un rôle extrêmement important pour les populations, durcissent aujourd'hui même leur grève, selon une source proche de leur syndicat, pour interpeller le chef de l'Etat, après l'échec de leur rencontre avec leur ministre de tutelle, madame Jeanne Peuhmond. Les agents des collectivités territoriales (mairies et conseils généraux) qui ont les mêmes problèmes que tous ceux des autres corps suscités, entrent en grève généralisée, à la fin du mois en cours. Il est certain qu'au niveau du gouvernement, rien ne sera mis en œuvre pour désamorcer cette grève. Du côté des transporteurs, on annonce depuis quelques jours et cela pour le 15 décembre prochain, un débrayage général pour interpeller les autorités sur leurs difficultés. Et là également, on peut être sûr qu'il n'y aura aucune anticipation des autorités compétentes en charge de ce secteur et que les populations déjà essoufflées par la cherté de la vie vont devoir subir seules, les conséquences de ce futur débrayage. C'est donc peu dire, au regard de tous ces mouvements sociaux en cours ou à venir, que d'affirmer que la société ivoirienne vit un profond malaise, dû essentiellement, ayons le courage des mots, aux promesses fallacieuses du gouvernement qui lâche chaque fois du lest devant la détermination des grévistes, pour gagner du temps et se donner du temps, en sachant très bien, qu'il ne fera rien pour que les promesses se tiennent dans le temps. Et cette façon de faire qui n'est en réalité qu'une piteuse fuite en avant, a fini par ruiner la confiance entre toutes les couches socioprofessionnelles et le gouvernement de Côte d'Ivoire. Jusqu'ici, tout semble aller… mais si rien n'est fait, si le gouvernement ne met pas fin aux rafistolages et la fuite en avant devant les revendications légitimes des fonctionnaires qui ont l'impression que les autorités veulent grossir en omettant de les engraisser, c'est tout le front social qui risque de s'embraser. Avec les conséquences que tout le monde sait. La politique de l'autruche, on le sait, n'a jamais rien résolu. N'en déplaise au....
ASSALE TIEMOKO
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