Les greffiers sont dans la mêlée des revendications sociales. La grève qu’ils ont déclenchée paralyse les tribunaux. Et les Ivoiriens au quotidien vivent les effets de ce débrayage. Les commissariats, les gendarmeries ne peuvent plus déférer les prévenus qui s’entassent dans les cellules. A la Maca, maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, les détenus ne peuvent plus se rendre dans les palais de justice. Les délibérés de jugements comme les nouvelles audiences sont suspendus. Les citoyens ordinaires, les opérateurs économiques, tous, broient du noir. Pas possible de se faire établir le moindre document à la justice. Les préjudices sont énormes. Mais contrairement à la grève par exemple des enseignants, où l’Etat a bandé les muscles, celui des greffiers semble rencontrer une certaine sympathie au sommet de l’Etat. Des proches du chef de l’Etat dans les coulisses s’en réjouissent. Et pour cause. Pas de greffier au travail, pas d’établissement entre autres des certificats de nationalité. Ce document est réclamé au plus d’un million d’Ivoiriens versés dans le panier des « cas douteux ». Pour prouver leur nationalité, il leur faut le certificat de nationalité ivoirienne. Lequel est délivré par les juges mais établis et enregistré par les greffiers. Comme ceux-ci ont fermé les bureaux, les Ivoiriens doivent attendre un accord entre les grévistes et l’Etat. C’est-à-dire en l’état actuel des choses entre les greffiers et Laurent Gbagbo, le chef de l’Etat. La situation de blocage qui prévaut dans les tribunaux est une aubaine cependant pour ce dernier. Indirectement, les greffiers en paralysant les tribunaux rendent la poursuite des contentieux de la liste électorale quasi impossible. Ainsi, l’échéance de début mars prochain pour le premier tour de la présidentielle est compromise. Au grand bonheur du prince !
D. Al Seni
D. Al Seni
