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Politique Publié le vendredi 11 décembre 2009 | Nuit & Jour

France – Côte d’Ivoire - Les raisons économiques d’une amitié

Les relations historiques liant la France et la Côte d’Ivoire se sont intensifiées le 09 décembre dernier, et pour cause. Respectant les clauses de l’accord dit « de Cologne » du 15 mai 2009, la France a annulé 205 des 2000 milliards FCFA que la Côte d’Ivoire lui doit. 1er créancier de la Côte d’Ivoire avec 60% des engagements dudit pays, la France vient de démontrer son intérêt pour la normalisation de la vie économique ivoirienne, toute chose qui arrangera toute la sous-région Ouest-Africaine dont elle sert de locomotive dans une proportion de 40%. Il s’agit là, d’une nouvelle qui fera plaisir, d’abord à l’Administration financière ivoirienne. Non seulement, cet acte récompense des années de dur labeur, mais il lui permettra d’avoir une plus grande surface financière. Les populations ivoiriennes en sont les seconds bénéficiaires, elles qui ont ainsi la chance de bénéficier des investissements massifs prévus par le budget. « Je voudrais vous assurer de la détermination de la Côte d’Ivoire à affecter, prioritairement, les ressources issues de ces allègements de la dette au financement des dépenses pro-pauvres et des projets d’infrastructures de base », a d’ailleurs promis à l’Ambassadeur de France, le ministre de l’Economie et des Finances Charles Diby Koffi. Les opérateurs économiques et le grand monde des finances sont non moins aux anges, de constater que les partenaires renforcent le volet économique du processus de sortie de crise. C’est donc une leçon que la France vient de donner à la médiation de Blaise Compaoré, qui ne s’intéresse qu’au volet politique de la sortie de crise. Ce grand geste de la France renforce ainsi la relance post-crise de l’économie ivoirienne, étant entendu que tous les efforts dans ce sens sont voués à l’échec si cela n’est pas agrémenté de richesse et d’emplois nouveaux. Après près de 10 ans de crise ponctués par les dysfonctionnements de toutes sortes, alors qu’elle représente l’essentiel du poids financier de la sous-région, la Côte d’Ivoire a plus besoin d’embellie économique que de conclaves interminables sur sa vie politique. C’est donc le lieu de féliciter ce deux pays, de privilégier leurs rapports économiques, que cette annulation de dette contribuera à consolider.

Une affaire d’intérêt mutuel

Si la France est le 1er créancier de la Côte d’Ivoire, c’est que cette dernière a eu besoin de l’argent de la France pour se bâtir. Si la France a préféré lui prêter cet argent plutôt qu’à un autre, c’est justement sur la base de la confiance générée par le relatif développement de la Côte d’Ivoire, toute chose l’autorisant à solliciter des prêts d’investissement. C’est donc une affaire d’intérêt mutuel parce qu’entre temps, ce climat propice aux investissements a permis à la France de s’implanter solidement au pays de Félix Houphouët-Boigny. Le patronat français pèse lourd dans presque tous les secteurs rentables de l’économie ivoirienne, au travers de pas moins de 240 filiales et plus de 600 entreprises. Parmi elles, les principaux poids lourds du capitalisme français que sont Bouygues, Vinci, Total et Bolloré. Leader du bâtiment et des travaux publics en France, Bouygues est présent en Côte d’Ivoire depuis 1960, de même que Vinci, son second. Il opère aussi bien dans le bâtiment et les travaux publics que dans la production électrique, l’assainissement et récemment de pétrole-Bouygues est actionnaire majoritaire de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE) et de la Compagnie de Production Electrique (CIPREL). La Société de distribution d’Eau de Côte d’Ivoire (SODECI) est aussi une filiale de Bouygues. Première entreprise de France, Total est détenteur du quart des actions de la meilleure entreprise de Côte d’Ivoire, la SIR, et propriétaire de 160 actions de distribution des hydrocarbures. La quasi-totalité des activités portuaires, ferroviaires et aéroportuaires de Côte d’Ivoire appartient à Bolloré, le leader des transports maritimes français depuis 2003. Ce groupe français manœuvre à travers SAGA, SDV, Delmas, les ports et l’Aéroport international Félix Houphouët-Boigny (AERIA). Bolloré est surtout maître du chemin de fer ivoiro-burkinabé, à travers la SITARAIL dont il a acquis une part décisive en 1990, ainsi que le principal terminal à conteneurs situé à Vridi. 7e entreprise de France et leader des télécommunications dudit pays, France télécom est l’actionnaire principal de Côte d’Ivoire télécom. Elle détient aussi 85% des actions de la Société Ivoirienne de Mobiles (SIM), depuis la mise en concession desdites entreprises dans le cadre de la privatisation des entreprises publiques. Avec ses 55 agences, la Société Générale de Banque en Côte d’Ivoire (SGBCI) est une filiale de la 6e Banque de France, la Société Générale. La Société Ivoirienne de Banque (SIB) l’est aussi pour le Crédit Lyonnais, lorsque AXA, le leader français du secteur des assurances est en Côte d’Ivoire depuis l’ère coloniale. La Compagnie Française de l’Afrique de l’Ouest (CFAO), Technic et Bivac sont aussi installés en Côte d’Ivoire depuis des lustres, assurant à la France un usufruit non moins important du climat favorable caractérisant la Côte d’Ivoire. Que dire enfin du secteur de la téléphonie mobile dont le leader n’est autre que ORANGE Côte d’Ivoire, avec plus de six millions d’abonnés, en plus des infrastructures qui la mettent hors de toute concurrence dans le domaine. Au regard de cette réalité économique qui lient ces deux pays depuis plus d’un demi-siècle, que dire ? Sinon qu’il est normal et de l’intérêt des deux parties, que les relations d’affaires aillent au delà de toute autre considération.

Franck Boyo


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