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Société Publié le samedi 12 décembre 2009 | Le Nouveau Réveil

Grève des greffiers : A quoi joue le président Gbagbo ?

Sans peut-être le savoir, le président Gbagbo est en train de donner raison à tous ceux qui pensent qu'il est le seul responsable des nombreux reports successifs de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire. En effet, voilà bientôt trois semaines que les greffiers de Côte d'Ivoire sont en grève, bloquant tout le fonctionnement de l'appareil judiciaire ivoirien avec des conséquences directes sur la vie de milliers de personnes. Pour la simple raison que les greffiers, comme tout le monde le sait, sont au début et à la fin de toute procédure judiciaire et qu'en leur absence, pas grand-chose ne peut-être fait par un magistrat dans un tribunal. Ainsi, depuis près de trois semaines, les grosses pour les justiciables ayant obtenu une décision de justice, les certificats de nationalité, les actes d'individualité, les registres de commerces, ne sont plus acceptés ou délivrés. On imagine aisément les conséquences pour les justiciables. Quant aux audiences, qu'elles soient civiles ou correctionnelles, elles ne se tiennent plus. Parce que sans greffier, aucun procès n'est valable et personne ne peut s'amuser à dire que la présence des greffiers n'est pas indispensable au procès. Pas de greffier, pas de procès. Comme on le voit, les conséquences de cette grève sont très nombreuses. Et c'est pour cette raison qu'il est difficile de comprendre l'attitude du chef de l'Etat qui n'est pas sans ignorer qu'il est extrêmement dangereux de laisser tout l'appareil judiciaire bloqué pendant des jours, quand on sait qu'à terme, cette situation va compromettre tout le processus électoral. Et son attitude est d'autant plus incompréhensible que ce qui l'oppose aux greffiers, pour ne pas dire oppose les greffiers à l'Etat, n'est pas quelque chose de nouveau. Comme il a tenté de le faire croire aux Ivoiriens, à sa descente d'avion le mercredi dernier, de retour de Malabo (Guinée Equatoriale) : " On a commencé à discuter et on va continuer. On suit toujours les dossiers quel que soit l'endroit où on est. Je vais appeler le Premier ministre et le ministère de la Fonction publique pour discuter. " A-t-il déclaré. Pure ruse et tentative de manipulation de l'opinion. Car, en réalité, il ne s'agit guère d'une quelconque discussion avec les grévistes. Les discussions en question ont été engagées l'année dernière après une autre grève et se sont achevées par la prise d'une ordonnance. Ordonnance dont les effets devraient se produire après la signature de son décret d'application. Décret dont la signature avait été promise par le chef de l'Etat depuis la ville de Mankono où il avait reçu les greffiers en colère. A deux heures du matin. Il y a donc eu une promesse ferme du chef de l'Etat. Aujourd'hui, tout ce que les greffiers lui demandent, c'est de respecter sa parole en apposant sa signature au bas de ce décret. Mais selon les mécontents, le chef de l'Etat refuserait de signer ce décret au motif que des magistrats lui auraient conseillé de ne pas le faire. Si cette information, à laquelle nous n'osons pas croire, est avérée, il faudrait alors désespérer de ce pays et de ses autorités. Depuis quand et dans quel pays des magistrats s'ingèrent-ils dans les actes de gouvernance d'un chef de l'Etat ? Les magistrats feraient-ils partie du gouvernement dans notre pays ? Il n'y aurait-il donc plus de séparation entre les pouvoirs dans ce pays ?. En réalité, les raisons de la non signature de ce décret sont ailleurs. Car, comme le disait hier, monsieur Blé Antoine, président du tribunal d'Abidjan, dans les colonnes du journal gouvernemental, " Ce ne sont pas les magistrats qui fixent les salaires ". Ce qui signifie qu'ils n'ont pas le pouvoir d'empêcher le chef de l'Etat d'augmenter les salaires des membres de quelque corporation que ce soit. Donc le blocage qu'on observe en ce moment, est dû, comme le pensent de nombreuses personnes, y compris les mécontents eux-mêmes, à des raisons politiciennes. Et dans ce cas, il faut attirer l'attention du chef de l'Etat sur le danger qu'il y a à continuer de jouer avec les nerfs de toute une population appauvrie par une crise qui profite finalement à des individus qu'on trouve dans le sérail du chef de l'Etat, du Premier ministre et qui mettent tout en œuvre pour qu'il n'y ait aucune évolution rapide vers la sortie de crise. Et le chef de l'Etat, en laissant trainer cette grève des greffiers dont la solution se trouve entre ses mains, est en train de jouer avec des étincelles à côté d'une botte de foin. Peut-être faudrait-il lui rappeler, en bon historien… cette pensée de Mao : "A force de jouer avec les étincelles, on met le feu à toute la plaine.". Surtout dans une longue saison sèche comme celle que traverse la Côte d'Ivoire depuis 2002.
ASSALE TIEMOKO

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