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Société Publié le mardi 15 décembre 2009 | Le Nouveau Réveil

Soro Mamadou (porte-parole du mouvement) en colère : “Si nous nous mettons en grève, c`est la faute des ministres”

Une grave menace de grève plane une fois de plus sur l'école ivoirienne. En effet, depuis le 03 décembre dernier, quatre (4) enseignants croupissent encore dans les geôles des maisons d'arrêt et de correction d'Abidjan et d'Agboville, les salaires des responsables syndicaux suspendus pour fait de grève ne sont pas encore reversés et ce, malgré les instructions fermes du chef de l'Etat. Dans cet entretien à nous accordé, le porte-parole s'indigne contre cette situation et dénonce un dysfonctionnement de l'Etat.

Soro Mamadou, vous êtes le porte-parole du mouvement des syndicats de l'enseignement secondaire général et technique. Il y a peu, votre mouvement était en grève pour exiger du gouvernement, l'application intégrale du décret portant profil de carrière et le payement des indices y afférents. Suite à ce mouvement, et vu les engagements de l'Etat, vous avez levé le mot d'ordre. Aujourd'hui, certains de vos camarades croupissent encore en prison, suite à cette grève. Dites-nous ce qui explique cette situation.
Effectivement, du 12 novembre au 03 décembre 2009, nous avons observé un arrêt de travail, vu que le décret 2009/2008 du 29 juin 2009 avait été remis en cause par l'Etat. Donc à la suite de cet arrêt de travail qui a engendré la paralysie totale de tous les établissements de Côte d'Ivoire, la première dame a engagé des négociations entre le gouvernement et les syndicats d'enseignants, en présence des parents d'élèves. A l'issue de ces discussions et négociations, nous avons conclu un accord le 2 octobre. L'assemblée générale du mouvement des syndicats de l'enseignement secondaire général et technique a validé cet accord le 03 décembre et a autorisé que le document puisse être ratifié. Ces accords ont été donc paraphés par toutes les parties en présence. La première dame, les membres du gouvernement, les syndicats et les parents d'élèves. Le constat est que depuis le dimanche 6 décembre 2009, nous avons été informés que le président de la République a donné l'ordre de faire libérer les camarades qui ont été arrêtés dans le cadre de la grève et de procéder au reversement des salaires des différents secrétaires généraux des bureaux exécutifs nationaux, mis sous contrôle.

Où en êtes-vous aujourd'hui avec cet ordre donné par le chef de l'Etat?
Depuis cette date jusqu'à ce jour, le constat est très amer. Nos quatre (4) camarades sont encore détenus dans les différentes Maisons d'arrêt et de correction. Trois (3) sont incarcérés à la Maca d'Abidjan et un autre à la Maca d'Agboville.

Qui sont-ils ? Que leur reproche-t-on?
A Abidjan, il s'agit du camarade Bamba Adama, 2ème secrétaire général à la Formation syndicale du bureau exécutif national du Synesci, de Essis Latme, secrétaire général du lycée moderne d'Andokoi, et du camarade, Yéo Mamadou, secrétaire général du lycée moderne d'Attécoubé. A Agboville, le camarade Cyprien Adou Yapo, secrétaire général de la sous section d'Agboville. Ils sont accusés de trouble à l'ordre public, de violence et voie de fait. Vous savez, c'est la même chose qu'on répète lors des arrestations des syndicalistes. Au sorti des accords et après l'ordre du président de la République qui est le premier des magistrats et en même temps le magistrat le plus suprême, pour nous, dès l'instant où le président de la République a donné ordre de faire libérer les camarades, cela devrait être une décision d'exception pour que nos camarades recouvrent la liberté mais aucune procédure n'est engagée pour donner droit à l'ordre donné par le président de la République. Troisième chose, dans l'accord, il était prévu que la semaine qui vient de s'écouler, on puisse mettre en place le comité de suivi. Ce comité n'a pas été mis sur pied.

Devant ces promesses qui sont restées vaines, que va décider le mouvement?
Le mouvement se réunit ce jour (Ndlr : hier lundi 14 décembre) pour apprécier l'évolution de la mise en route desdits accords. Pour notre part, il faut constater que c'est un mécontentement général de l'ensemble des enseignants et nous pensons que dans les jours qui suivent, mercredi ou jeudi, si aucune alternative n'est trouvée, nous organiserons la journée nationale de protestation contre la non libération de nos camarades, contre le non reversement des salaires et contre la non mise en place du comité de suivi.

Dites-nous concrètement à quoi consistera cette journée?
Pour des questions de stratégie, nous ne pouvons vous dire de quoi sera faite cette journée, attendez le jour j, pour en savoir plus

Certains de vos camarades n'ont pas attendu de mot d'ordre pour se manifester, c'était le cas dans certains établissements d'Abidjan et de l'intérieur?
Nous ne pouvons que féliciter et remercier les camarades pour leur élan de solidarité. A Agboville, c'est le secrétaire général qui a été mis aux arrêts donc c'était logique qu'ils puissent exprimer leur attachement indéfectible à leur responsable syndical. C'est pareil à Andokoi, et à Attécoubé. Et je pense maintenant qu'il est de notre devoir, en tant que direction, en tant que coordonnateur national de tous les enseignants de pouvoir dire, tels que les évènements se déroulent, ce n'est pas bon pour la trêve qu'a souhaitée le gouvernement à l'école.

Selon vous, qu'est-ce qui peut expliquer cela?
Si nous arrivons aujourd'hui à un arrêt de travail, c'est de la faute des ministères techniques qui refusent, en tant que collaborateurs inférieurs du président de la République, d'exécuter ses ordres. Donc nous ne pouvons que constater un dysfonctionnement grave au niveau de l'Etat. Concernant la libération de nos camarades, c'est une information confirmée aussi par le ministère de l'Education nationale et confirmée par celui de l'Enseignement technique et je pense que instruction a été donnée au ministre de la Justice. Donc, il doit prendre une mesure d'exception pour mettre en liberté nos camarades qui doivent aller à l'école puisque depuis le 03 décembre, date à laquelle nous avons appelé à la reprise, nos camarades sont encore derrière les barreaux. Au niveau du reversement, cette information a été confirmée par le ministère de l'Education nationale et celui de l'Enseignement technique. Nous ne comprenons pas qu'il y ait encore des non ordres en vue d'exécuter cette mesure. Et pire, la mise en place du comité de suivi du reclassement qui devrait certifier si tous nos camarades étaient pris en compte, si le rappel de la moitié devrait être fait. Quand et dans les délais indiqués, réglementaire, cette commission n'a pas été mise sur pied. C'est encore le refus d'exécuter une instruction du président de la République donc c'est un dysfonctionnement total que nous constatons au niveau du gouvernement et c'est regrettable. Nous, en tant que travailleurs, ne pouvons pas subir le courroux du dysfonctionnement surtout que certains des nôtres croupissent dans les geôles des Maca d'Abidjan et d'Agboville. Il est clair que les enseignants et syndicalistes que nous sommes, ne pouvons partager cet immobilisme dans l'exécution des ordres et nous avons le devoir d'interpeller le président de la République, et la première dame qui a présidé et dirigé la négociation. C'est pour cela que nous allons organiser la journée nationale de protestation contre la non libération de nos camarades.

La première dame qui a mené les négociations a-t-elle été informée de ces blocages?
Je l'ai fait durant toute la semaine dernière à travers son directeur de cabinet. Nous allons continuer de les informer.
Interview réalisée par Jean Prisca

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