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Art et Culture Publié le mercredi 16 décembre 2009 | L’expression

Bouaké / Centre artisanal reine Pokou - La galère des vendeurs d’objets d’art

Crée en mai, le Centre Reine Pokou de Bouaké avait suscité beaucoup d’espoirs chez les artisans de Bouaké. Quelques mois plus tard, les perspectives entrevues se sont effritées.

Quelques stands fermés, des vendeurs étendus sur des hamacs en train de somnoler, l’enceinte du centre calme et désert. Ce lundi 7 décembre est un jour comme les autres au Centre artisanal reine Pokou de Bouaké, situé entre le cabinet du maire et le commandement de la zone 3 du commandant Chérif Ousmane. A l’instar des autres propriétaires de stands, présents à cette heure de la matinée, Bougnin Mamadou est pensif. Selon lui, les clients se comptent du bout des doigts. Ce qui gèle ses activités commerciales. La dernière visite que lui a rendue un client, remonte à des semaines. « C’est toujours le même scénario. On passe des semaines entières sans clients. Les matins, on ouvre et le soir on ferme », regrette le vendeur. Et d’ajouter : « nous sommes passés dans les organismes internationaux pour signaler notre présence ici. On a fait des spots publicitaires, mais les clients viennent au compte gouttes. On ignore à quel saint se vouer ». Pourtant la création du centre en mai dernier, avait selon lui, suscité beaucoup d’espoir. Suite au départ des militaires de la Force Licorne, les vendeurs qui exerçaient devant le campement français, ont choisi ce site, situé au centre de la ville en vue d’assurer la pérennité de leur activité commerciale. Ce regroupement visait les forces onusiennes. « Malheureusement, on constate amèrement que ces dernières s’intéressent peu à nos articles », note-t-il. « Avec les français, au moment des relais de contingents, on faisait de bonnes affaires. Avec leur départ, on est venu ici. On pensait qu’on allait s’en sortir avec les soldats onusiens. On misé sur eux car, avec l’avènement de la crise armée qu’a vécue le pays, la destination Côte d’Ivoire est de plus en plus boudée par les touristes. Beaucoup de vendeurs, en provenance des autres villes touristiques nous ont rejoints, pour créer ce centre. Sept mois après sa création, les attentes sont largement en deçà de nos espérances », regrette le vendeur. Désarmé, Bougnin compte sur la tenue rapide des élections, pour la redynamisation de cette destination. Pour un véritable décollage dans cette période post électorale, les pensionnaires du centre Reine Pokou, souhaitent avoir un site définitif, pour se muer en village touristique. « Je pense que c’est après les élections que nous allons voir le bout du tunnel. Les activités liées au tourisme prospèrent dans un climat de quiétude et de paix. Les touristes viennent pour se distraire. Ils ont besoin de sérénité et de tranquillité pour cela. Nous sommes plus pressés que les politiciens », indique-t-il. Eu égard aux difficultés relevées, le directeur régional du tourisme et de l’artisanat de la vallée du Bandama, Traoré Mamadou, exhorte les vendeurs et fabricants d’objets d’art, à changer de fusils d’épaule. Selon lui, la raréfaction de charters touristique en direction de la Côte d’Ivoire en général et en particulier dans la zone centre du pays, n’est pas une fatalité. En attendant la disparition des effets de la crise et pour la redynamisation de la destination touristique, la seule alternative pour les artisans et vendeurs du centre Reine Pokou, réside dans une bonne structuration de leur milieu, ce qui leur permettra d’aller à la rencontre des gros acheteurs, à travers des participations aux foires et expositions internationales. « Pour pallier à cette absence chronique d’acheteurs, il faut qu’ils saisissent les opportunités de foires, tant au plan national qu’international. On peut citer pèle mêle, le Ciao de Ouagadougou, la foire de Paris, la foire de Milan, de Bordeaux. Le dégel de leurs activités passe par une participation à ces rendez-vous d’envergure internationale. Au niveau du ministère du Tourisme et de l’artisanat, tout est fait pour les aider dans ce sens », affirme-t-il. Les expositions et foires, croit-il, sont intéressantes dans la mesure où les artisans ou vendeurs, ont la possibilité d’échanger en un lieu précis, avec des grandes firmes, spécialisées dans le commerce des produits d’art. Ces échanges se font également avec des mécènes et organismes qui œuvrent dans le domaine de l’art. Toutefois, poursuit Traoré, une organisation interne est indispensable pour tirer un meilleur parti de ces expositions car, les places coûtent excessivement chères. A titre d’exemple, cite-t-il, au Ciao, un stand climatisé coûte près de 700.000 Frs Cfa, quand au stand ventilé, il revient à 300 000 Frs. « Pour supporter ces frais de location, les commerçants doivent s’associer. Un commerçant qui n’a pas assez de produits à vendre, ne pourras amortir les dépenses effectuées. C’est pour cela que je leur conseille la location à plusieurs », recommande le directeur régional du tourisme et de l’artisanat. Pour Traoré Mamadou, le second aspect que l’organisation des vendeurs et artisans du centre reine Pokou, doit prendre en compte, est l’anticipation. Cela se traduit, à l’en croire, par la prise en compte des préparatifs à long termes. « On leur demande d’avoir en mémoire le calendrier des manifestations choisies par le ministère, dans le but d’anticiper. L’anticipation ne se fait à moins d’un mois de l’exposition. Celui qui décide de participer l’année prochaine, à une telle exposition doit commencer dès cette année à se préparer », propose t-il. Et de poursuivre : « Cette préparation se fait en fonction des tendances, des couleurs en vogue. Car, à chaque foire, une tendance. Cela est nécessaire, pour constituer un stock de produits, susceptible d’être consommé par le public cible. C’est pour faire une sorte d’étude de faisabilité pour faire de bonnes affaires ». Concernant les préparatifs au plan financier, il trouve que les vendeurs, n’ont pas à s’inquiéter. Le Fond national d’épargne et de crédits (Fnec), disponible à la Chambre des métiers, est la réponse à cette préoccupation. « Ils doivent s’y rendre pour ouvrir un compte. L’ouverture se fait à 20.000 frs Cfa. Ils épargnent aisément à leur rythme. En cas de besoin de financement pour se rendre à une exposition, ils font une demande. Sans difficultés majeures, ils seront satisfaits », rassure t-il. Pour ce qui est de la construction d’un site définitif pour accueillir le centre, le directeur régional, a révélé l’existence d’un projet à cet effet. Bouaké, comme 5 autres chefs lieux de régions choisis, recevra un village artistique. « La réalisation de ce projet nous permettra de pendre le taureau par les cornes. Le constat est que de façon générale, les artisans et vendeurs de statuettes, sont installés sur des sites précaires. Cela les expose à des mesures de déguerpissements récurrents. Nous envisageons construire dans les villes choisies, des infrastructures dotées de toutes les commodités. Entres autres, des ateliers et hall de productions, des restaurants, des infirmeries. A Bouaké, grâce au concours de la mairie, un site de 5 hectares à été trouvé. Il est localisé à Kongodékro. Le seul problème, c’est qu’on n’a pas encore le financement qu’il faut pour sa mise en valeur », informe t-il.

Marcel Konan, Correspondant régional
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