La vingtaine, à peine entamée. Après son invasion sur le marché du disque ivoirien. Si l'on en est à se poser cette question. C'est que l'heure est grave, pour parler comme l'Ivoirien lambda. 19 ans, après, où va le zouglou ? Qui n'avance pas, recule, dit l'artiste. Le zouglou avance-t-il ou va-t-il à reculons ?
La problématique mérite d'être posée. D'autant plus que les acquis à l'actif de ce genre musical sont énormes. Mais il y a encore beaucoup à faire. Et pour y parvenir, il faut avancer. Malheureusement, la lecture qu'il nous a été donnée de faire ces temps-ci montre qu'en terme de production, cette musique s'est mise à rechercher son origine. Pour ne pas dire qu'elle est en train de revenir à ses premières amours. Que sont tam-tam, grelots. Et plus encore, que d'être une musique d'écoute, de réflexion. Elle s'est muée en danse. Le coupé décalé et le zouglou rivalisent désormais sur les dancefloors. Est-ce cela l'essence de cette musique. Autant de questions. Il est vrai que le zouglou est reconnu dorénavant comme patrimoine culturel. D'où son identification à la Côte d'Ivoire dans les lexiques. Mais pour y arriver, il a fallu que cette musique fasse du chemin. Or, si elle en était restée à l'état primaire qu'on s'évertue à célébrer ces temps-ci. Elle n'aurait pas permis à la Côte d'Ivoire de gagner des lauriers.
Le mythique 1er Gaou dénué de grelots !
Si Albert 1er a dansé sur la musique de 1er Gaou, si des stars du monde entier se trémoussent sur ce rythme. Il a fallu qu'un ingénieux arrangeur du nom de David Tayorault, essaie d'y ajouter des notes musicales tirées d'instruments modernes. Même si Bob Sinclair a eu l'avantage de remixer ce son. La base acoustique demeure et reste celle de David Tayorault. Alors, la panacée pour que des “1er Gaou” rentrent dans des charts occidentaux. Sont-ce les notes qui sortent de “peaux d'animal”. En un mot, faut-il recourir aux grelots, percus, doum doum et que sais-je encore ?
Même avec les parents du campus, la syntaxe musicale était adossée à des textes bien muris. Auxquels se chevauchaient une rythmique savamment orchestrée. L'on n'a eu l'avènement du Woyô brut sur le marché du disque qu'avec les Poignon, Esprit de Yop, Potes de la rue… Qui, très vite se sont éclipsés.
Et arriva les Salopards
Trop de mots inanimés, des paroles grossières. On dansait à tout vent. Le zouglou, au niveau des maisons de disques. Ne vendait plus. Et allait vers une mort certaine. Il aura fallu quatre jeunes, sous la houlette de Touré Sound et Yao Guy Lasme arrangeur, dont on ne parle pas trop. Pour remettre cette musique sur les rails. Ventes records. On parle de 45 000 exemplaires. Et ce zouglou léché, dénonçant les tares de nos sociétés s'est mis à vendre. A écouler de milliers d'exemplaires. Dans la foulée, on aura des groupes comme Garagistes, Mercenaires, Yodé & Siro, Espoir 2000… avec des textes bien structurés. Au moment où Fitini, Petit Denis… ramaient à compte-courant avec de l'humour.
Etat des lieux !
Avec un zouglou en perpétuel changement de régime, nous voici à l'étape où avec la forte poussée du coupé décalé en boîte et dans les maquis. Une catégorie de producteurs se rue vers un zouglou, dit-on originel. Recourant à la percussion, style Cêkissa, sans façon… Et ceux qui s'en trouvent être derrière. Sont soit des garants de ce rythme soit de jeunes nouveaux riches. Qui veulent se rappeler leurs années universitaires. Et pourtant, le Zouglou doit aller de l'avant. Avec ces producteurs de renoms tels Gnadré Kouassi Ange, Touré Sound, Henri Kattié, Claude Bassolé, Constant Anangonou… Qui peinent aujourd'hui à sortir leurs catalogues. Parce que se disant qu'ils n'auront pas la faveur populaire. Or, il est démontré qu'à la réalité des ventes au niveau des maisons de disques. Les musiques qui se dansent en boîte sont à la traîne. Alpha Blondy, Tiken Jah, Ismaël Isaac… se jouent sur les platines chaque six mois, ou pratiquement pas. Et pourtant les maisons de disques vous diront qu'ils font les meilleurs chiffres. Ils sont abonnés aux grands festivals. Et les majors leur tendent les bras.
…On a vite fait d'accuser Magic System
Et pourtant, il ne le faut pas. Car voilà des garçons. Qui même s'ils n'ont pas inventé ce rythme ont la paternité de le vendre dans les quatre coins du monde. En y apportant une touche spéciale. On leur reprochera de ne pas donner l'occasion aux artistes zouglou de s'internationaliser. Mais si on reste dans nos grelots et autres, quelle maison sérieuse comme Virgin, Universal, Dune … voudront engloutir des sous dans de telles choses. Il faut simplement que le zouglou fasse sa mue. Et redevienne cette musique de réflexion, avec des textes bien élaborés. Epousant des sons occidentaux. Que de s'engager sur des voies “décalé coupé”. A moins qu'elle n'accepte de rester confinée dans les night clubs ivoiriens.
Soum Bill s'inspire de Richard Bona
Si cet artiste camerounais avait voulu épouser les airs du Bikutsi. Qui est resté primaire depuis des lustres. Et qui ne continue qu'à être distillé, que dans le périmètre camerounais, il ne serait pas invité sur des scènes de festivals. Il s'est ouvert à d'autres cultures. Avec d’autres notes musicales. Et c'est, justement ce qu'a fait Soum Bill. En s'inspirant de lui, à travers sa dernière œuvre discographique. Résultat. On ne l'entend pas dans les maquis ivoiriens. Mais ses sons résonnent sur les scènes aux Etats-Unis, en Suisse… Toujours parti pour des festivals. Il est en quête d'autres brassages musicaux. Ce qui est d'ailleurs à rechercher.
Bilé Didier dans la danse !
Pour son come-back, l'on devra reconnaître à Bilé Didier qu'il a travaillé. Cependant, à la faveur de ce retour, quel objectif recherche-t-il ? La faveur populaire ou le succès commercial. Pour le premier volet, les musiques d'ambiance qui se recrutent sur son tube feront l'affaire. En termes de textes, il y a quelques titres. On a ouïe dire que l'on a affaire à un album éclectique et hybride. Mais dans la démarche promotionnelle, que la production y réfléchisse à fond. D'autant plus que le titre qui aura retenu son jury d'écoute. N'est qu'un plagiat du titre : “A quand le prochain” de Bi Sery Zéphirin. Titre sorti et apprécié à Paris. Mais, moins connu en Côte d'Ivoire.
Epilogue
Cêkissa, Sans Façons… C'est bien beau. On danse. Le zouglou a désormais une large plage où les Djs peuvent faire danser leurs clients. Mais est-ce de ce “zouglou-dansé”, dont on a besoin à l'orée de 2010. Que le zouglou cherche à avancer. Au lieu de reculer. Auquel cas, il ne finira qu'à se perdre. En quête d'une quelconque identité. Qui n'est, et n'a jamais nullement était remise en cause. Mercenaires, Molière, Mêlêke, Oxygènes… On veut des textes. C'est ça le zouglou. Et c'est justement ce qui a permis à cette musique de réussir. Et non le folklore auquel on assiste ces temps-ci.
Guillaume Vergès
La problématique mérite d'être posée. D'autant plus que les acquis à l'actif de ce genre musical sont énormes. Mais il y a encore beaucoup à faire. Et pour y parvenir, il faut avancer. Malheureusement, la lecture qu'il nous a été donnée de faire ces temps-ci montre qu'en terme de production, cette musique s'est mise à rechercher son origine. Pour ne pas dire qu'elle est en train de revenir à ses premières amours. Que sont tam-tam, grelots. Et plus encore, que d'être une musique d'écoute, de réflexion. Elle s'est muée en danse. Le coupé décalé et le zouglou rivalisent désormais sur les dancefloors. Est-ce cela l'essence de cette musique. Autant de questions. Il est vrai que le zouglou est reconnu dorénavant comme patrimoine culturel. D'où son identification à la Côte d'Ivoire dans les lexiques. Mais pour y arriver, il a fallu que cette musique fasse du chemin. Or, si elle en était restée à l'état primaire qu'on s'évertue à célébrer ces temps-ci. Elle n'aurait pas permis à la Côte d'Ivoire de gagner des lauriers.
Le mythique 1er Gaou dénué de grelots !
Si Albert 1er a dansé sur la musique de 1er Gaou, si des stars du monde entier se trémoussent sur ce rythme. Il a fallu qu'un ingénieux arrangeur du nom de David Tayorault, essaie d'y ajouter des notes musicales tirées d'instruments modernes. Même si Bob Sinclair a eu l'avantage de remixer ce son. La base acoustique demeure et reste celle de David Tayorault. Alors, la panacée pour que des “1er Gaou” rentrent dans des charts occidentaux. Sont-ce les notes qui sortent de “peaux d'animal”. En un mot, faut-il recourir aux grelots, percus, doum doum et que sais-je encore ?
Même avec les parents du campus, la syntaxe musicale était adossée à des textes bien muris. Auxquels se chevauchaient une rythmique savamment orchestrée. L'on n'a eu l'avènement du Woyô brut sur le marché du disque qu'avec les Poignon, Esprit de Yop, Potes de la rue… Qui, très vite se sont éclipsés.
Et arriva les Salopards
Trop de mots inanimés, des paroles grossières. On dansait à tout vent. Le zouglou, au niveau des maisons de disques. Ne vendait plus. Et allait vers une mort certaine. Il aura fallu quatre jeunes, sous la houlette de Touré Sound et Yao Guy Lasme arrangeur, dont on ne parle pas trop. Pour remettre cette musique sur les rails. Ventes records. On parle de 45 000 exemplaires. Et ce zouglou léché, dénonçant les tares de nos sociétés s'est mis à vendre. A écouler de milliers d'exemplaires. Dans la foulée, on aura des groupes comme Garagistes, Mercenaires, Yodé & Siro, Espoir 2000… avec des textes bien structurés. Au moment où Fitini, Petit Denis… ramaient à compte-courant avec de l'humour.
Etat des lieux !
Avec un zouglou en perpétuel changement de régime, nous voici à l'étape où avec la forte poussée du coupé décalé en boîte et dans les maquis. Une catégorie de producteurs se rue vers un zouglou, dit-on originel. Recourant à la percussion, style Cêkissa, sans façon… Et ceux qui s'en trouvent être derrière. Sont soit des garants de ce rythme soit de jeunes nouveaux riches. Qui veulent se rappeler leurs années universitaires. Et pourtant, le Zouglou doit aller de l'avant. Avec ces producteurs de renoms tels Gnadré Kouassi Ange, Touré Sound, Henri Kattié, Claude Bassolé, Constant Anangonou… Qui peinent aujourd'hui à sortir leurs catalogues. Parce que se disant qu'ils n'auront pas la faveur populaire. Or, il est démontré qu'à la réalité des ventes au niveau des maisons de disques. Les musiques qui se dansent en boîte sont à la traîne. Alpha Blondy, Tiken Jah, Ismaël Isaac… se jouent sur les platines chaque six mois, ou pratiquement pas. Et pourtant les maisons de disques vous diront qu'ils font les meilleurs chiffres. Ils sont abonnés aux grands festivals. Et les majors leur tendent les bras.
…On a vite fait d'accuser Magic System
Et pourtant, il ne le faut pas. Car voilà des garçons. Qui même s'ils n'ont pas inventé ce rythme ont la paternité de le vendre dans les quatre coins du monde. En y apportant une touche spéciale. On leur reprochera de ne pas donner l'occasion aux artistes zouglou de s'internationaliser. Mais si on reste dans nos grelots et autres, quelle maison sérieuse comme Virgin, Universal, Dune … voudront engloutir des sous dans de telles choses. Il faut simplement que le zouglou fasse sa mue. Et redevienne cette musique de réflexion, avec des textes bien élaborés. Epousant des sons occidentaux. Que de s'engager sur des voies “décalé coupé”. A moins qu'elle n'accepte de rester confinée dans les night clubs ivoiriens.
Soum Bill s'inspire de Richard Bona
Si cet artiste camerounais avait voulu épouser les airs du Bikutsi. Qui est resté primaire depuis des lustres. Et qui ne continue qu'à être distillé, que dans le périmètre camerounais, il ne serait pas invité sur des scènes de festivals. Il s'est ouvert à d'autres cultures. Avec d’autres notes musicales. Et c'est, justement ce qu'a fait Soum Bill. En s'inspirant de lui, à travers sa dernière œuvre discographique. Résultat. On ne l'entend pas dans les maquis ivoiriens. Mais ses sons résonnent sur les scènes aux Etats-Unis, en Suisse… Toujours parti pour des festivals. Il est en quête d'autres brassages musicaux. Ce qui est d'ailleurs à rechercher.
Bilé Didier dans la danse !
Pour son come-back, l'on devra reconnaître à Bilé Didier qu'il a travaillé. Cependant, à la faveur de ce retour, quel objectif recherche-t-il ? La faveur populaire ou le succès commercial. Pour le premier volet, les musiques d'ambiance qui se recrutent sur son tube feront l'affaire. En termes de textes, il y a quelques titres. On a ouïe dire que l'on a affaire à un album éclectique et hybride. Mais dans la démarche promotionnelle, que la production y réfléchisse à fond. D'autant plus que le titre qui aura retenu son jury d'écoute. N'est qu'un plagiat du titre : “A quand le prochain” de Bi Sery Zéphirin. Titre sorti et apprécié à Paris. Mais, moins connu en Côte d'Ivoire.
Epilogue
Cêkissa, Sans Façons… C'est bien beau. On danse. Le zouglou a désormais une large plage où les Djs peuvent faire danser leurs clients. Mais est-ce de ce “zouglou-dansé”, dont on a besoin à l'orée de 2010. Que le zouglou cherche à avancer. Au lieu de reculer. Auquel cas, il ne finira qu'à se perdre. En quête d'une quelconque identité. Qui n'est, et n'a jamais nullement était remise en cause. Mercenaires, Molière, Mêlêke, Oxygènes… On veut des textes. C'est ça le zouglou. Et c'est justement ce qui a permis à cette musique de réussir. Et non le folklore auquel on assiste ces temps-ci.
Guillaume Vergès