La Coordination des syndicats des personnels soignants de la santé, comme indiqué dans son mot d'ordre de grève, a entamé sa première journée d'arrêt de travail de cinq jours, hier. Arrivé hier au Centre hospitalier universitaire de Treichville, nous avons noté que l'ambiance habituelle semblait inexistante. Nous nous dirigeons vers le service médical. Dans les salles, il y a de nombreux patients. Les uns sur un lit, les autres couchés à même le plancher. Brahima est le parent d'un malade hospitalisé. Il accepte de répondre à nos préoccupations. "Nous sommes ici depuis le lundi passé. Jusqu'à ce matin (hier) tout se passait bien. Le personnel soignant était là tôt le matin. Mais pour ne pas qu'il ait un affrontement avec leurs camarades grévistes, ils sont très vite repartis. Et maintenant, nous sommes livrés à nous-mêmes. Mon patient souffre d'hypertension", a-t-il témoigné vers 11 h 20. L'infirmier major de ce service nous a laconiquement lancé : "Allez-y voir le directeur du Chu. Vous voyez bien que la grève est suivie car l'hôpital est vide." C'est sur ces entrefaits que nous tombons nez à nez avec le comité chargé de suivre l'effectivité de ce mouvement de protestation dans les centres de santé. Ce comité nous convie à assister à leur réunion-bilan dans la salle de conférence du Chu de Treichville. "Nous sommes passés pour faire le point de la grève de la mi-journée. Nous avons été satisfaits de constater que le mouvement est largement suivi partout où nous sommes passés. Restons vigilants. Nos revendications existent depuis 2007. Cette grève n'est pas dirigée contre la population. Elle est pour nous une question de survie. Nous ne savons pas quelle est la priorité pour un gouvernement dans un pays. Pour nous, c'est la santé. Cette fois-ci, nous irons jusqu'au bout de notre action, quitte au gouvernement de nous virer ou suspendre nos salaires", a martelé le syndicaliste Gnakri Criwa Sosthène. Au Chu de Cocody, certains patients ont été vidés de leur chambre afin de regagner leur domicile, seuls les cas extrêmement jugés graves pouvaient être admis en hospitalisation. Les nouveau cas d'hospitalisation n'étaient pas à l'ordre du jour. Oumar Diarrassouba, 42 ans, assis dehors dans l'indifférence totale des médecins, se tord de douleur à la tête. L'homme ne peut articuler de mots. C'est son frère qui explique ceci. "Il devait subir une intervention chirurgicale de la joue. Ce matin (hier), le corps médical, à cause de sa grève, est venu mettre une dizaine de malades que nous étions dans la salle, dehors." Une sage-femme qui a requis l'anonymat, assurant un service minimum, a reconnu l'effectivité de la grève au Chu de Cocody. L'Hôpital général Félix Houphouët- Boigny d'Abobo nous a convaincu du véritable suivi de cette grève de la coordination. Bureaux, salles de soins, salles d'attente, pharmacies publiques, tous les services étaient fermés. Quelques malades hospitalisés broyaient de la solitude dans leur chambre. Un service minimum était assuré dans tous les hôpitaux que nous avons visités.
Foumséké Coulibaly
Foumséké Coulibaly