Après l'interdiction des marches, Gbagbo vient de franchir un autre cap. A travers sa décision de suspendre les salaires des greffiers grévistes, de procéder au recrutement d'un nouveau personnel pour remplacer ces greffiers qui ne réclament que de meilleures conditions de travail et de vie, le Chef de l'Etat vient de leur denier le droit de faire grève. Un droit fondamental pour le travailleur.
Dans un Etat sérieux, un Chef d'Etat ne peut s'autoriser pareille mesure qui est une violation de la liberté syndicale et des droits inaliénables du travailleur. Encore qu'ici les greffiers ne sont pas livrés à une grève sauvage. Ils ont pris le temps d'engager des négociations sérieuses avec les services compétents de l'Etat, le ministère de la Fonction publique et celui de l'Economie et des finances. Ils ont pris soin de rencontrer le Chef de l'Etat Gbagbo à sa propre demande. La délégation des greffiers s'est rendue nuitamment à Mankono où séjournait le chef de l'Etat, avec tous les risques dus au mauvais état de la route.
Là-bas, il leur est fait une promesse ferme, le décret est prêt, il sera signé dès que Gbagbo rentre à Abidjan. Pour les greffiers, c'est un grand jour, ils peuvent pousser un ouf de soulagement. Mais pas si vite, la promesse ferme du chef n'était pas le dernier mot du chef. Volte-face à Abidjan, Gbagbo brandit une curieuse menace des magistrats. Ces derniers seraient opposés aux avantages contenus dans le décret de Gbagbo. Mais où est donc leur problème, on a envie de dire. Eux qui ont bénéficié, il y a peu, d'énormes avantages de l'Etat en ce qui concerne leur traitement salarial et leur profil de carrière.
Colère légitime des greffiers qui rentrent en grève et accusent. Gbagbo se braque, pèche par amour propre et prend des décisions sous le coup de l'émotion. C'est que le Chef de l'Etat n'a pas supporté que des greffiers qui ne comprennent rien de son jeu, l'accusent de vouloir torpiller le processus de sortie de crise.
Pas question donc de négocier un nouveau décret. Le père auto-proclamé de "asseyons-nous et discutons" opte pour la solution radicale. Décret suspendu, salaires des greffiers grévistes suspendus, les palais de justice placés sous haute surveillance policière, recrutement de nouveaux greffiers sur le tas.
Voilà la démocratie telle qu'elle se vit en terre ivoirienne. C'est comme si en France les cheminots de la Sncf ou le personnel naviguant de Air France décident de se mettre en grève et que Nicolas Sarkozy décide de recruter de nouveaux cheminots ou de nouveaux pilotes pour les remplacer.
En réalité, et comme l'ont dit si justement les greffiers grévistes, Gbagbo ne veut rien d'autre que retarder le processus électoral. Car, à supposer que les grévistes maintiennent le cap, combien de temps va prendre le recrutement et la prise de service des nouveaux greffiers ? Le calendrier électoral va immanquablement en souffrir. Parce qu'en fait Gbagbo n'a pas une solution au problème. Il veut simplement déplacer le problème et montrer qu'il est le seul commandant à bord. Une dictature en pleine croissance sur les bords de la lagune Ebrié.
AKWABA SAINT CLAIR
Dans un Etat sérieux, un Chef d'Etat ne peut s'autoriser pareille mesure qui est une violation de la liberté syndicale et des droits inaliénables du travailleur. Encore qu'ici les greffiers ne sont pas livrés à une grève sauvage. Ils ont pris le temps d'engager des négociations sérieuses avec les services compétents de l'Etat, le ministère de la Fonction publique et celui de l'Economie et des finances. Ils ont pris soin de rencontrer le Chef de l'Etat Gbagbo à sa propre demande. La délégation des greffiers s'est rendue nuitamment à Mankono où séjournait le chef de l'Etat, avec tous les risques dus au mauvais état de la route.
Là-bas, il leur est fait une promesse ferme, le décret est prêt, il sera signé dès que Gbagbo rentre à Abidjan. Pour les greffiers, c'est un grand jour, ils peuvent pousser un ouf de soulagement. Mais pas si vite, la promesse ferme du chef n'était pas le dernier mot du chef. Volte-face à Abidjan, Gbagbo brandit une curieuse menace des magistrats. Ces derniers seraient opposés aux avantages contenus dans le décret de Gbagbo. Mais où est donc leur problème, on a envie de dire. Eux qui ont bénéficié, il y a peu, d'énormes avantages de l'Etat en ce qui concerne leur traitement salarial et leur profil de carrière.
Colère légitime des greffiers qui rentrent en grève et accusent. Gbagbo se braque, pèche par amour propre et prend des décisions sous le coup de l'émotion. C'est que le Chef de l'Etat n'a pas supporté que des greffiers qui ne comprennent rien de son jeu, l'accusent de vouloir torpiller le processus de sortie de crise.
Pas question donc de négocier un nouveau décret. Le père auto-proclamé de "asseyons-nous et discutons" opte pour la solution radicale. Décret suspendu, salaires des greffiers grévistes suspendus, les palais de justice placés sous haute surveillance policière, recrutement de nouveaux greffiers sur le tas.
Voilà la démocratie telle qu'elle se vit en terre ivoirienne. C'est comme si en France les cheminots de la Sncf ou le personnel naviguant de Air France décident de se mettre en grève et que Nicolas Sarkozy décide de recruter de nouveaux cheminots ou de nouveaux pilotes pour les remplacer.
En réalité, et comme l'ont dit si justement les greffiers grévistes, Gbagbo ne veut rien d'autre que retarder le processus électoral. Car, à supposer que les grévistes maintiennent le cap, combien de temps va prendre le recrutement et la prise de service des nouveaux greffiers ? Le calendrier électoral va immanquablement en souffrir. Parce qu'en fait Gbagbo n'a pas une solution au problème. Il veut simplement déplacer le problème et montrer qu'il est le seul commandant à bord. Une dictature en pleine croissance sur les bords de la lagune Ebrié.
AKWABA SAINT CLAIR