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Politique Publié le mercredi 16 décembre 2009 | Le Patriote

enlevement des citoyens par les forces de l’ordre - Le Premier ministre interpellé

S’il y a, sur l’échiquier politique ivoirien, une personne qui doit se sentir contrariée, voire heurtée par ce qui se trame en ce moment, c’est bien le Premier ministre, par ailleurs et surtout, secrétaire général des Forces Nouvelles, Guillaume Kigbafory Soro.
Il doit avoir mal, le pauvre, de voir peut-être s’écrouler sous ses yeux, au moment où il est en droit de s’y attendre le moins, le principal fondement du combat qu’il a mené avec abnégation et courage, voici maintenant huit ans : le combat pour le retour dans son pays de la justice, de l’équité entre les citoyens d’un même pays. La lutte sans merci engagée par lui et les siens, depuis le 19 septembre 2002, pour que soit mis fin à ce qu’une bonne partie des habitants de ce pays avait perçu, et surtout vécu dans leur chair, comme une véritable dérive identitaire. Laquelle avait donné lieu à une catégorisation systématique des citoyens ivoiriens, selon leur origine ethnique et religieuse, elle-même perceptible pour l’essentiel, à la consonance patronymique et, parfois tout simplement, à l’apparence vestimentaire, voire physique des victimes. Cela donnait de voir le triste spectacle d’un pays où des citoyens étaient suppliciés, persécutés, pourchassés, parfois dans leurs derniers retranchements, passés même de vie à trépas, pour la simple raison que certains de leurs concitoyens avaient décidé de les regarder sous le prisme de la haine, de l’intolérance, de la xénophobie, car, faut-il bien le préciser, ces malheureux étaient présentés pour la plupart comme des étrangers, des non nationaux. Bien sûr, la dimension politicienne du phénomène, qui les assimilait à des adhérents captifs d’un parti politique, le RDR, dont le leader, Alassane Dramane Ouattara, appartient à cette communauté ethno-religieuse, n’était pas faite pour arranger les choses. Surtout quand ce personnage s’avérait un redoutable adversaire politique.
Comme il ne s’en est du reste jamais caché, en prenant les armes contre le régime de Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, lui-même issu de cette communauté persécutée, tenait à réparer ce schisme sociologique que le FPI avait contribué dès son accession au pouvoir, à exacerber. Ces sous ce régime que, sans aucune commune mesure, des citoyens ivoiriens, pour les « crimes » que nous évoquions plus haut, ont été massacrés par dizaines, les plus chanceux chassés de leurs localités d’adoption, de leurs plantations, leurs cartes d’identité déchirés lors des contrôles de routine, etc.
Près d’une décennie plus tard, avec la sortie de crise plus que jamais proche, une élection présidentielle sans exclusion quasiment à portée de mains, mais par-dessus tout, un processus d’identification plus ou moins réussi, qui voit bien des Ivoiriens rétablis dans leur droit de citoyens, Guillaume Soro devrait avoir des réels motifs de satisfaction. Il devrait être un homme comblé d’avoir pu réussir sa mission.
Las ! Les démons semblent de retour avec cette nouvelle chasse aux nordistes qui s’intensifie au fil des jours et dont le CeCOS est le fer de lance. C’est peut-être le lieu, en tant que Premier ministre, mais surtout leader de l’ex-rébellion, de frapper du poing sur la table. Peut-être est-ce une question de jours.
KORE EMMANUEL

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