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Politique Publié le mercredi 16 décembre 2009 | Le Nouveau Réveil

Temps d`antenne à la télé, retard du processus électoral/ Denis Zion Kah (pdt du GEPCI) : “Il faut mettre en place un fonds spécial de soutien à la presse pour la couverture des élections”

Ci-dessus l'intégralité de l'intervention de Denis Zion Kah, président du Groupement des éditeurs de presse de Côte d'Ivoire hier au premier jour du séminaire organisé par l'ONUCI sur le thème "Contribution des médias des partis et groupements politiques a un environnement apaisé".

Mesdames et messieurs,
Mes premiers mots seront des mots de remerciements aux responsables de l'Organisation des Nations Unies en.Côte d'Ivoire (ONUCI) de nous associer, nous communicateurs, nous agents de presse, nous membres du Groupement des Editeurs de presse de Côte d'Ivoire (GEPCI) à ce séminaire. En l'état actuel de la situation socio-politique de la Côte d'Ivoire, aucune démarche dans la recherche de la paix n'est de trop.
Dans cette perspective, vous nous demandez, vous organisateurs du séminaire sur la "Contribution des médias, des partis et groupements politiques à un environnement électoral apaisé", de nous prononcer sur le rôle de notre corporation en période électorale dans le sens du respect des codes de bonne conduite. Soyez remerciés de la confiance. Notre contribution va s'articuler autour de deux points essentiellement.
I/ Un bref rappel historique du rôle de la presse depuis l'éclatement de la crise ivoirienne.
II/ De la contribution des Editeurs de presse et des journalistes à un climat apaisé.

I-Rappel historique
C'est dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 qu'a éclaté le coup d'Etat qui va se muer en rébellion. La Côte d'Ivoire va se retrouver divisée en deux. Cette situation de division va se ressentir dans tous les domaines d'activités du pays. La presse ne va pas échapper à l'environnement ainsi installé. Les lignes éditoriales des journaux vont refléter le choix des antagonismes. Selon que l'on est d'un bord ou de l'autre, les écrits donnaient la mesure de votre engagement. Il arrivait même, au début de la crise, que le combat politique et même armé se faisait au bout de la plume. Les médias défendaient la cause qui leur paraissait juste. D'aucuns, dans ces moments, ont qualifié et continuent de qualifier les médias de "presse sofas". Les journalistes sont accusés de caisse de résonance des hommes politiques ou des parties en conflit. Ils sont considérés et vus comme ceux qui jettent de l'huile sur le feu, qui livrent la bataille à la place des vrais combattants. La presse est donc décriée au cours de cette crise. On est allé même jusqu'à dire que c'est la presse Ivoirienne qui est responsable de cette crise.
Toutefois, une constance se dégage. Depuis que les protagonistes ont signé le premier cessez-le-feu et qu'on a parlé de négociations et d'accords sur la crise ivoirienne, la presse a toujours été présente. Que ce soit à Lomé au Togo, la presse était là pour rendre compte. Pour dénoncer quand il faut dénoncer, surtout les acteurs des blocages, pour encenser aussi quand il le faut. A Kléber ensuite à Linas-Marcoussis, en France, en janvier 2003, la presse était au rendez-vous. Toutes les gesticulations autour des postes à pourvoir, de signatures respectées ou non, les médias ont constamment informé le peuple ivoirien, selon les différentes sensibilités et chapelles. A Prétoria I et II, à Accra I, II et III, à New-York et maintenant à Ouagadougou, il n'y a pas de sommet sur la sortie de crise auquel les médias n'ont pas participé. Partout, la presse s'invite, puisqu'elle n'a jamais été invitée encore moins prise en charge comme on le fait pour les belligérants et les leaders politiques. Ce qui dénote de son implication volontaire dans la recherche de la paix. Hélas, elle est chaque fois payée en monnaie de singe. A toutes les tribunes, tant nationales qu'internationales dans tous les communiqués sanctionnant les sommets sur la crise ivoirienne, la presse est interpellée et même vouée aux gémonies. On tend à faire croire que cette presse n'est pas responsable. Pourtant, c'est le corps de métier le plus organisé. Il existe bien des organes de régulation et d'auto-régulation des médias Ivoiriens dont les principaux sont : Le Conseil national de la presse (CNP), le Conseil national de la communication audio-visuelle (CNCA), au titre des organes de régulation. Au titre des organisations professionnelles du secteur on peut citer, l'Union Nationale des Journalistes de Côte d'Ivoire (UNJCI), l'Observatoire de la Liberté de la Presse, de l'Ethique et de la Déontologie (OLPED), le Syndicat National des Agents de la Presse Privée de Côte d'Ivoire (SYNAPPCI) et le Groupement des éditeurs de presse de Côte d'Ivoire (GEPCI) qui jouent tant bien que mal le rôle d'organes d'auto-régulation. Quand le CNP et le CNCA avertissent, blâment et condamnent à payer des amendes ou ferment des entreprises de presse, les organes d'auto-régulation font leurs propres critiques. L'UNJCI, par exemple, existe depuis 1991, soit un an après l'ère du printemps de la presse ivoirienne, pour essayer de canaliser les dérapages et éviter la presse de la poubelle. Les journalistes ivoiriens à travers leur union commune ont même vite compris l'importance de se doter d'un code d'éthique et de déontologie de leur métier et plus tard vont mettre en place pour l'application effective de ce code d'éthique et de déontologie un observatoire : (OLPED). Le seul corps de métier donc en Côte d'Ivoire à se doter de "gendarmes". Pour ce qui concerne le Groupement des éditeurs de presse de Côte d'Ivoire, l'idée première qui a guidé ses fondateurs en août 2005 était de fédérer toutes les tendances éditoriales autour des sujets qui leur sont communs à savoir entre autres la viabilité des entreprises de presse, le statut social des journalistes, et une politique de veille sur le contenu de nos journaux. Le GEPCI s'est évertué, depuis sa création, à tisser de bons rapports avec tout le monde de tous bords. Et c'est dans ce sens qu'il a été invité en février 2008 avec d'autres partenaires par la Commission électorale indépendante (CEI) à la réflexion, à l'élaboration et à la mise en place d'une plateforme de collaboration.

II- De la contribution des Editeurs de presse et des journalistes à un climat apaisé
Depuis la signature de l'accord politique de Ouagadougou (APO), le 24 mars 2007, la Côte d'Ivoire s'est installée dans la période des symboles. Tout le monde s'accorde à dire que la tension belligérante a baissé d'un cran. Ce qui aurait pu être fait depuis fort longtemps avec les accords précédant celui de Ouagadougou.
Une fois encore, tout le monde s'accorde, non seulement à reconnaître l'importance de la presse, mais à dire qu'elle peut aider à susciter un climat encore plus apaisé. C'est dans cet ordre d'idée que la CEI, structure chargée de l'organisation des élections a invité le GEPCI le CNCA, le CNP et l'OLPED à la signature d'une plate-forme de collaboration, le 13 février 2008. Il s'agit en fait, d'établir un partenariat avant, pendant et après les élections en vue d'instaurer un climat favorable au retour définitif de la paix en Côte d'Ivoire. A ce sujet, le GEPCI a marqué son adhésion et a lancé un mot d'ordre clair à tous ses membres, c'est-à-dire l'ensemble des éditeurs de presse, afin que les journaux accompagnent la CEI, et cela se fait de façon gracieuse jusqu'à ce jour. Dans le même ordre d'idée, le GEPCI a étendu son partenariat à toutes les structures techniques impliquées dans le processus électoral, à savoir, l'Institut National de la Statistique (INS), la Commission Nationale de Supervision de l'Identification (CNSI), la SAGEM. Dans notre entendement, en marquant notre adhésion claire et entière à cette plate-forme de collaboration, c'est que personne ne doit s'exclure du processus, encore moins les patrons de presse et leurs employés, les journalistes professionnels et les professionnels de la communication.
Malheureusement, depuis le 13 février 2008, date de la signature, le contenu de cette plate-forme n'a jamais été vulgarisé. Maintes fois interpellée, la CEI est restée jusqu'à ce jour sans réaction positive. Comment peut-on, dans ce cas, instruire les Journalistes, les Rédacteurs en Chef et même l'opinion publique dans le sens souhaité ? Pour l'heure, le GEPCI souhaite que la mise en route de la plate-forme de collaboration avec la CEI soit effective et totale. De façon gracieuse, il a accepté d'accompagner la CEI, que la CEI pense à organiser un séminaire de vulgarisation et la production des brochures relatives à cette plate-forme. Afin que la CEI, les Patrons de presse et les journalistes sachent chacun quels sont leurs droits et leurs devoirs. Pour notre part nous éditeurs de presse propriétaires des entreprises et employeurs des journalistes sommes prêts à jouer notre partition. La preuve de notre bonne foi a été donnée depuis la signature de l'APO. Certes, il y a quelques dérives ça et là mais convenez avec moi qu'il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas. Pour le reste, nous ferons tout pour nous tromper moins afin que la presse ivoirienne soit une presse responsable respectée et impliquée totalement et sincèrement dans le dénouement heureux de cette crise. En respectant le code d'éthique et de déontologie de la loi de 2004 portant régime juridique et surtout la plateforme de collaboration avec la CEI.
Je voudrais toutefois saisir votre tribune pour souligner une préoccupation qui taraude l'esprit de tous les Patrons de presse et des Journalistes. Tout au long de ce séminaire, l'importance de la presse sera marquée d'un sceau. Mais, combien de fois les journalistes ne sont-ils brimés, brutalisés à des reportages? Plus d'une fois, nos rédactions ont été encerclées, envahies, saccagées. Personne ne nous porte assistance. La presse, toujours vilipendée, mais jamais célébrée à des tribunes en dehors de ses propres tribunes (Prix CNP, Prix EBONY).
Le GEPCI exige à cette tribune de l'ONUCI que nos dirigeants et la commission électorale indépendante prenne des mesures sécuritaires afin que nos employés journalistes travaillent en toute quiétude. Que cesse en cette période électorale la barbarie et les agressions contre les journalistes et les entreprises de presse. Que l'ONUCI nous aide à porter à message très loin, ce cri de cœur partout. Car que serait le processus électoral sans les journalistes?
Aussi, est-il connu de tous que l'indépendance éditoriale que tous exigent de nous s'accompagne d'une indépendance économique. Or malheureusement toutes les entreprises de presse de Côte d'Ivoire sont sinistrées depuis le début de la crise. Beaucoup ont d'ailleurs fermé. Parmi celles qui résistent encore, il y a un lot d'entreprises qui sont en voie de fermeture. Il faut faire quelque chose. Il faut écouter le cri de cœur des Patrons de Presse car se serait le processus électoral sans journaux? La presse ivoirienne a besoin d'être soutenu financièrement et matériellement comme le sont les Partis Politiques, les Militaires, les Miliciens et les ONG. Il faut mettre en place comme nous l'a promis le Premier ministre il y a un an un fonds spécial de soutien à la presse pour la couverture des élections. C'est un impératif.
En conclusion dans cette période sensible de sortie de crise, les éditeurs de presse sont conscients qu'il va falloir être plus regardant avec les écrits. C'est pourquoi, le GEPCI a marqué son adhésion à la plate-forme de collaboration avec la CEI pour que les élections se passent dans un environnement apaisé. Le GEPCI prend l'engagement, par des rencontres périodiques avec ses membres (ce qu'il fait déjà du reste), d'œuvrer à "désarmer" les plumes. Toutefois, que la mise en route de la plate forme de collaboration avec la CEI sort effective pour une vulgarisation large de son contenu. Mais aussi et surtout que la recherche d'un environnement apaisé ne tue pas le sens de la critique et de la vérité, synonyme de mort de la presse privée.

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