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Politique Publié le vendredi 18 décembre 2009 | Notre Voie

Alors que Gbagbo présente ses excuses pour avoir été surpris par la guerre - Les commanditaires se moquent des victimes

«Je voudrais évoquer notre crise. Je ne parle pas de Soro Guillaume, qui a rendu un immense service à la Côte d’Ivoire d’ailleurs, en se déclarant chef de la rébellion et en négociant avec moi pour qu’on sorte de cette situation. Je ne parle pas non plus de tous ces jeunes gens comme Tuo Fozié, mais de la conception même d’une guerre armée, qui prend sa source sur, uniquement, le désaccord avec l’autre. J’ai été surpris de cette violence et aujourd’hui, les langues se délient petit à petit. Les gens comme Charles Pasqua citent des noms (…).Je voudrais présenter mes excuses aux Ivoiriens. Ils m’ont élu et ils m’ont confié leur destin. J’ai été assez naïf pour être surpris par une guerre civile. Je ne pensais pas que quelqu’un pouvait faire la guerre civile pour le pouvoir. Je voudrais dire aux Ivoiriens que cela ne se répétera plus ni avec moi ni avec un autre. Parce que les dispositions seront prises pour que la Côte d’Ivoire, notre pays, ne soit plus surprise par une guerre civile d’où qu’elle vienne». Cette déclaration faite par le Président Laurent Gbagbo, le mercredi 16 décembre 2009, à l’occasion de la conférence de presse qu’il a animée lors de la célébration des 45 ans du quotidien gouvernemental Fraternité-Matin, a suscité des commentaires désobligeants dans la presse pro-RHDP. Dans son édition d’hier, le quotidien Le Patriote, proche d’Alassane Dramane Ouattara, estime sur un ton morbide que le chef de l’Etat doit démissionner parce que, écrit-il, «un naïf ne doit plus gouverner la Côte d’Ivoire». Les pro-Ouattara conçoivent mal les excuses du Président Gbagbo aux Ivoiriens. Pour eux, ces excuses ne sont pas nécessaires d’autant que «le pays avait des exilés au Burkina Faso qui s’apprêtaient à attaquer la Côte d’Ivoire» et le ministre de l’intérieur de l’époque, Emile Boga Doudou ne l’ignorait pas. Le journal du RDR va plus loin en citant les «péchés», qu’aurait commis Laurent Gbagbo accusé d’avoir organisé «des législatives bâclées», tenu des «discours de haine»,organisé une «chasse aux longs boubous…». Le regard que la presse pro-Ouattara et pro-RHDP porte sur la déclaration du Président Laurent Gbagbo est faux. Il contient également un non dit. A savoir que ni Ouattara ni ses alliés du RHDP ne songent à une quelconque excuse à présenter aux Ivoiriens pour avoir préparé et soutenu une guerre qui a été catastrophique à tout point de vue pour les Ivoiriens. C’est désormais un secret de polichinelle que c’est Alassane Ouattara qui a financé cette guerre. L’on se souvient de la déclaration, lors d’un meeting dans le nord, du chef rebelle, Koné Zakaria. «On a pris les armes à cause d’Alassane Ouattara. C’est lui qui nous envoyait 25 millions de fcfa au Burkina pour qu’on mange et qu’on s’entraîne», avait-il révélé. L’on sait également que l’appellation forces nouvelles que porte la rébellion armée lui a été donnée par Henri Konan Bédié. Mensonges et orgueil des bourreaux Les désastres matériels et humains causés à la Côte d’Ivoire par cette guerre inutile qui a retardé le développement de certaines régions du pays ne sont pas des motifs d’inquiétude pour Ouattara et son allié Bédié. Bien au contraire, Ouattara s’en réjouit puisque c’est le malheur des Ivoiriens qui fait aujourd’hui de lui un candidat à titre exceptionnel à la présidentielle. Seul le pouvoir préoccupe Ouattara et Bédié. La misère des Ivoiriens, leurs larmes leur importent peu. Face à l’humilité dont a fait preuve le Président Laurent Gbagbo en présentant ses excuses aux Ivoiriens pour une guerre dont il est aussi une victime, les bourreaux bombent la poitrine. Leurs thuriféraires brandissent, comme à l’accoutumée, le sceptre du mensonge et de désinformation pour tenter de disqualifier le chef de l’Etat. Pourtant les observateurs savent que les législatives de 2001 n’étaient pas bâclées. Elles se sont bien déroulées avec les candidats qui remplissaient les conditions sauf Alassane Dramane Ouattara. Le Président Gbagbo n’a tenu aucun langage de haine ni envers le RDR ni envers le PDCI. Il a même organisé un forum de la réconciliation nationale qui était loin d’être foireux. A preuve, toutes les forces sociales et politiques y ont pris part. Bédié a mis fin sur insistance de Gbagbo à son «exil volontaire» entamé en décembre 1999, pour dire sa part de vérité à la tribune du forum. Ouattara a aussi pris la parole au forum où il a présenté un bien curieux passeport de son père. La liberté de parole et de ton était au rendez-vous. Après le forum, Gbagbo, Bédié, Ouattara et Guéï et leurs épouses (Simone, Henriette, Dominique et Rose) ont sabré le champagne à l’initiative du Président de la République. Bien plus, tous les partis politiques ont pris part aux élections municipales de 2001 et, un an plus tard, aux élections départementales pour la désignation des conseils généraux. Alassane Ouattara qui avait refusé que son parti entre au premier gouvernement avait fini par autoriser le RDR à y entrer. Ainsi le 5 août 2002, un nouveau gouvernement de large ouverture était formé comprenant les représentants des partis significatifs. Alors, dans ces conditions, comment ne pas croire en la sincérité de telles personnes ? Comment penser que Alassane Ouattara dont le parti avait participé aux municipales et aux départementales qui venait d’entrer au gouvernement était en même temps en train de préparer l’attaque de la Côte d’Ivoire ? Et Laurent Gbagbo est bien gentil quand il dit qu’il a été naïf. Il aurait pu parler de trahison. Mais, lui au moins est suffisamment humble pour reconnaître qu’il n’aurait jamais dû croire en la bonne foi de ceux qui avaient accepté d’entrer dans son gouvernement alors qu’ils préparaient un coup contre lui. Finalement, le seul tort de Laurent Gbagbo, c’est d’avoir fait confiance à des gens qui ne méritaient pas cette confiance. Si Laurent Gbagbo n’avait pas mis son orgueil de côté pour engager son pays sur la voie du dialogue constructif, certains leaders politiques devaient s’expliquer devant un tribunal pour haute trahison. Mais ce n’est pas aujourd’hui le cas. Alors les leaders de l’opposition qui échappent ainsi à un jugement, devraient au moins, en toute humilité, venir devant le peuple reconnaître s’être trompés en initiant et en soutenant une guerre qui a fait tant de mal à leurs concitoyens.
Didier Depry didierdepri@yahoo.fr
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