Les commentaires vont toujours bon train sur le sens de la récente grève des greffiers qui a durement paralysé le fonctionnement de la justice. Me Dacoury Roger, président du Collectif autonome des syndicats des greffiers, qui avait appelé, sans succès, ses collègues à reprendre le travail, explique dans cette interview les dessous de cette grève.
Notre Voie : Après plusieurs jours de grève qui ont totalement paralysé Ie système judiciaire, quel sens donner à votre recul après la sortie musclée de l'Etat ?
Me Dakouri Roger : Notre prise de responsabilité ne doit nullement être regardée sous l'angle de la capitulation. C'est volontiers que nous avons choisi de nous abstenir de toute analyse quant à la faisabilité factuelle et juridique de ces mesures. Lorsque la justice demeure une denrée quotidienne pour la régulation des rapports entre les composantes de la même société, et que sans le greffier, la justice ne peut être rendue, que devenait le pays pour, par exemple, le temps du recrutement de ces “greffiers ad hoc”? Quel temps consacrerait-on à leur formation ? Si leur serment doit obligatoirement être reçu par un tribunal, dit la loi, avec quel greffier la formation de jugement qui devrait recevoir le serment de ces “greffiers ad hoc” devrait être constitué? La vie du pays s'arrêtait-elle à la réalisation du contentieux électoral? Non! L'activité du greffier étant de nature à entacher de nullité les actes et décisions émis par la justice, surtout que ce sont des dossiers qui opposent généralement deux parties, pour qu'un greffier soit véritablement opérationnel, il lui faut un stage de 5 années au moins. Voyez-vous! Donc c'est en toute connaissance de cause que nous nous sommes abstenus de décortiquer ces mesures quant à leur faisabilité et leur efficacité. Car, s'adonner à un tel exercice ne pouvait s'analyser autrement que comme l'entretien d'un bras de fer avec l'autorité suprême qu'est le Président de la République. Nous n'avons donc pas choisi de braver son autorité, de tenter inutilement de le contrarier, lui, l'autorité suprême. Sinon, dans la trouvaille des experts de la question, il y a à manger et à boire. Donc le sens à donner à notre démarche, à notre prise de responsabilité, l'opinion doit retenir tout simplement que, d'une part, nous avons tiré les conséquences de l’évidence, et, d’autre part, donné des réponses claires aux constats malheureux que nous avons faits.
N.V. : De quoi s’agit-il ?
D.R. : Dans tout dialogue social, l'Institution qu'incarne le Président de la République est l'ultime recours. Nous les syndicalistes, lorsque, par exemple, les discussions achoppent et qu'il nous arrive de claquer la porte d'un ministère, nous menaçons de ne discuter dorénavant qu'avec la dernière autorité qu'est le Président de la République, détenteur exclusif du pouvoir exécutif, chef de l'administration. Dans la situation des greffiers, le Président de la République n'a ménagé aucun effort pour les recevoir plusieurs fois et discuter avec eux pendant de longues heures. Il est déjà arrivé que, lui, le Président de la République, dans une humilité sans nulle pareille, nous abandonne son propre bureau pour nous permettre d'harmoniser nos points de vue entre nous. Et il revient après. Je révèle tout cela pour mettre en relief la disponibilité, les bonnes dispositions trouvées chez l'autorité suprême. Alors, lorsque des discussions sociales se déportent ainsi devant cette haute autorité qui demeure l'ultime recours, quelle que soit leur issue, les partenaires sociaux doivent nécessairement mettre de l'eau dans leur vin; car, après tout, c'est sa signature qui est recherchée, et nul ne peut le braver, par quelque moyen que ce soit pour l'obliger à l'apposer au bas d'un document.
N.V. : Malgré cette réalité, pourquoi les greffiers lui ont opposé l’épreuve de force ?
D.R. : Depuis le vendredi 11 décembre 2009, au cours d'une A.G.E que nous avons spécialement organisée à cet effet, certains amis du Collectif autonome et de la faitière judiciaire ont vainement prêché cette vision. Dès lors, nous les tenants de cette option, nous sommes résignés à rechercher méticuleusement les véritables motivations des bruyants tenants de l'aile dure, dirigée curieusement par un visage de proue de mon bureau, par ailleurs, et c'est là le paradoxe, conseiller technique du Président de la République”.
N.V. : Etes-vous finalement parvenu à cerner leurs réelles motivations ?
D.R.: Notre démarche signe également la paix des braves. En effet, la grève des greffiers ayant suffisamment fait mentir ceux qui ont le privilège de travailler aux côtés du Président et qui lui ont toujours fait croire que dans le système judiciaire, en dehors d'eux, et avec ou sans la participation du greffier, ils peuvent seuls faire fonctionner la justice et accomplir tous ses actes, le greffier n'étant relégué qu'aux tâches mécaniques, il était dorénavant inutile de le démontrer outre mesure. Tous les Ivoiriens ont été témoins que le greffier n’est le manutentionnaire de personne à la justice. Sans lui, a dit la loi, la justice ne peut accomplir sa mission la plus éminente.
L'un des facteurs les plus déterminants de notre démarche est la politisation outrancière de notre lutte corporatiste qui était inacceptable. Cette politisation de notre lutte se situe à deux niveaux.
Au premier niveau, les hommes politiques se sont jetés opportunément sur notre action syndicale pour la décrire comme étant commanditée par le Président de la République et son camp pour retarder le processus électoral, la sortie de crise. la seule manière de leur répondre que c'est archifaux, c'est de demander à nos camarades de reprendre le travail pour échapper à la politique politicienne en permettant ainsi aux uns et aux autres d'explorer ailleurs pour les thèmes de leur campagne électorale.
Au deuxième niveau, et c'est là que nous faisions allusion aux motivations des tenants de l'aile dure menée malheureusement par l’homme de confiance de mon bureau, par ailleurs conseiller technique du Président de la République, les Ivoiriens ont tous été surpris par les graves propos politiciens du camarade Tah Kolaté, se disant chargé de formation du Collectif, dans les colonnes du quotidien officiel d’un parti politique. Tout d'abord, le samedi 12 décembre 2009, le morceau choisi du camarade Tah Kolaté est de s'attaquer gratuitement au Président de la République et à son camp au travers des propos du genre : “Gbagbo refuse de signer notre décret parce qu’il ne veut pas que les élections se tiennent”. Plus grave, dès l'annonce des mesures par le gouvernement le lundi 14 décembre 2009, le même Tah Kolaté - il faut le dire n’a pu tout dernièrement parvenir au grade d’attaché des services judiciaires que grâce à l’appui décisif d’un cadre du FPI en la personne du directeur des concours par ailleurs président du conseil général de Tabou dont il est l’homme de main - dans le même quotidien officiel d'un parti, rebelote : “Gbagbo veut nous remplacer par des greffiers ad hoc pour tricher à l’élection présidentielle”. Les greffiers sont stupéfaits. Quels intérêts à transporter une noble lutte corporatiste des greffiers sur le terrain politique qui n’est pas en quête d’acteurs ? Plus grave, dans la matinée du même mercredi 14 décembre 2009, après leurs déclarations politiciennes, les mêmes camarades nous informent avoir pris contact avec les lieutenants de deux leaders politiques qui devaient nous recevoir et, après entretien, nous apporter leur soutien politique. C'est Ie nageur, lui-même dans sa nudité, qui est sorti de l'eau. Donc, face à une telle situation, nous avons cru devoir prendre notre responsabilité en répondant à ces camarades ainsi : “Comme le Président Gbagbo veut nous remplacer par des greffiers ad hoc pour gagner l'élection par tricherie, camarades greffiers, comme c'est nous qui sommes facteurs de transparence de l'élection présidentielle, reprenons le service afin que le candidat Gbagbo ne trichât point”. Voici l'autre sens de notre démarche.
N.V. : Mais c'est plutôt vous qu'on accuse de rouler pour le Président de la République et même du FPI, votre parti?
D.R. : Lorsque les gens sont en disette d'idées et d'arguments convaincants, ils versent dans l'amalgame et la diversion. Et pour cause! Au regard des démonstrations que je vous ai faites, en quoi mes activités extra syndicales ont-elles interféré sur la lutte sociale que je mène à la tête des greffiers depuis plus de 16 ans. Dans tous les cas, j'exhorte les uns et les autres à combattre leur amnésie. Ceux qui s’agitent bruyamment aujourd’hui feignent d’oublier que l'emblématique Union nationale des greffiers de Côte d'Ivoire a été créée en octobre 1992 et depuis sa création notre syndicat a initié cette lutte pour le changement de la situation statutaire du greffier en vain. Les greffiers, toutes obédiences politiques confondues se souviennent encore comme si c’était aujourd’hui que dès qu’ils avaient entamé leur première grève pour ce même statut, le mardi 24 novembre 1994, le chef de l’Etat d’alors n’avait trouvé mieux que de prendre son avion le même jour pour s’envoler pour Paris. Toutes nos archives l’attestent éloquemment. Même nos multiples démarches à l’effet de voir les organisations syndicales inscrites au protocole d’Etat pour tout juste prendre part aux festivités officielles de l’Etat de Côte d’Ivoire se sont heurtées à une fin de non-recevoir au motif que les greffiers ne sont pas représentatifs d’une corporation d’élite. Il a fallu Laurent Gbagbo pour que la question existentielle des greffiers trouve une solution. Or, depuis sa création, l'UNAGCI a vainement adressé de nombreuses demandes d'audiences aux différents Présidents de la République pour ne serait-ce qu'être reçus. Je détiens les copies des nombreuses demandes d'audiences infructueuses adressées en son temps à ces autorités. Il a fallu l'avènement de Laurent Gbagbo pour que les greffiers mettent pied à la Présidence de la République et se présentent dans le bureau du P.R. quand ils le veulent. C'est une réalité et aucun greffier, quelle que soit son obédience politique ne peut le contester. Les difficultés des greffiers ne sont donc pas nées avec l'avènement du Président Gbagbo. Bien au contraire, lorsque nous ferons le bilan, aucun chef d'Etat ivoirien ne peut se targuer d’avoir prêté attention à la situation des greffiers autant que lui. Les greffiers se souviennent encore parfaitement qu'après une grève observée du 10 au 17 mai 1995, un Conseil des Ministres tenu en juin 1995 avait non seulement décrété le statu quo sur la qualité d'auxiliaire de justice du greffier, mais avait opéré une mortelle ponction sur les salaires des greffiers pour le mois de juillet 1995. Qui dit mieux? Cessons donc d'être amnésiques! A-t-on besoin d'être militant du FPI pour restituer son âme à l'histoire? Les gens nous brocardent dans leurs journaux parce que nous ne mangeons, ni ne buvons point de leur eau faite d'amnésie et de mensonges.
N.V. : Quelle a été l’action du médiateur ?
D.R. : Je n'entends pas trop parler de lui. Il est crédible. Son action va permettre au chef de l'Etat de comprendre davantage les raisons de la guéguerre entre 2 catégories socio-professionnelle condamnées à cohabiliter mais dont les composantes de l'une méprisent, sans juste raison, l'autre dont les composantes sont regardées comme des sous hommes. C'est le lieu de stigmatiser les agissements de certains collaborateurs magistrats du P.R., tel l'opportuniste S.G. du gouvernement Tiéoulou Félix, magistrat n'ayant jamais rendu une décision de justice dans aucune juridiction, qui dit, à qui veut l'entendre, faire du dossier des greffiers, une affaire personnelle, c'est-à-dire que tant que lui Tiéoulou sera S.G., les greffiers ne bénéficieront point d'un décret revalorisant. D'ailleurs, il nous revient qu'il jure sur tous les dieux sanctionner à tout prix les greffiers pour leur dernière action syndicale même si le grand chef se ravisait et décidait autrement. Les greffiers le mettent en garde. D'ailleurs, nous avons pu identifier les autres motifs de sa rage contre Ies greffiers. Le S.G. Tiéoulou, semble-t-il, a un contentieux politico-régional avec le camarade Dohoulou Jean-Pierre, Président de la Mutuelle des greffiers en chef et greffier en chef du tribunal de Yopougon qu’il tient à humilier à tout prix même s'il doit profiter de sa position social temporelle pour préjudicier aux intérêts de toute une corporation.
Entretien réalisé par Charles Bédé
Notre Voie : Après plusieurs jours de grève qui ont totalement paralysé Ie système judiciaire, quel sens donner à votre recul après la sortie musclée de l'Etat ?
Me Dakouri Roger : Notre prise de responsabilité ne doit nullement être regardée sous l'angle de la capitulation. C'est volontiers que nous avons choisi de nous abstenir de toute analyse quant à la faisabilité factuelle et juridique de ces mesures. Lorsque la justice demeure une denrée quotidienne pour la régulation des rapports entre les composantes de la même société, et que sans le greffier, la justice ne peut être rendue, que devenait le pays pour, par exemple, le temps du recrutement de ces “greffiers ad hoc”? Quel temps consacrerait-on à leur formation ? Si leur serment doit obligatoirement être reçu par un tribunal, dit la loi, avec quel greffier la formation de jugement qui devrait recevoir le serment de ces “greffiers ad hoc” devrait être constitué? La vie du pays s'arrêtait-elle à la réalisation du contentieux électoral? Non! L'activité du greffier étant de nature à entacher de nullité les actes et décisions émis par la justice, surtout que ce sont des dossiers qui opposent généralement deux parties, pour qu'un greffier soit véritablement opérationnel, il lui faut un stage de 5 années au moins. Voyez-vous! Donc c'est en toute connaissance de cause que nous nous sommes abstenus de décortiquer ces mesures quant à leur faisabilité et leur efficacité. Car, s'adonner à un tel exercice ne pouvait s'analyser autrement que comme l'entretien d'un bras de fer avec l'autorité suprême qu'est le Président de la République. Nous n'avons donc pas choisi de braver son autorité, de tenter inutilement de le contrarier, lui, l'autorité suprême. Sinon, dans la trouvaille des experts de la question, il y a à manger et à boire. Donc le sens à donner à notre démarche, à notre prise de responsabilité, l'opinion doit retenir tout simplement que, d'une part, nous avons tiré les conséquences de l’évidence, et, d’autre part, donné des réponses claires aux constats malheureux que nous avons faits.
N.V. : De quoi s’agit-il ?
D.R. : Dans tout dialogue social, l'Institution qu'incarne le Président de la République est l'ultime recours. Nous les syndicalistes, lorsque, par exemple, les discussions achoppent et qu'il nous arrive de claquer la porte d'un ministère, nous menaçons de ne discuter dorénavant qu'avec la dernière autorité qu'est le Président de la République, détenteur exclusif du pouvoir exécutif, chef de l'administration. Dans la situation des greffiers, le Président de la République n'a ménagé aucun effort pour les recevoir plusieurs fois et discuter avec eux pendant de longues heures. Il est déjà arrivé que, lui, le Président de la République, dans une humilité sans nulle pareille, nous abandonne son propre bureau pour nous permettre d'harmoniser nos points de vue entre nous. Et il revient après. Je révèle tout cela pour mettre en relief la disponibilité, les bonnes dispositions trouvées chez l'autorité suprême. Alors, lorsque des discussions sociales se déportent ainsi devant cette haute autorité qui demeure l'ultime recours, quelle que soit leur issue, les partenaires sociaux doivent nécessairement mettre de l'eau dans leur vin; car, après tout, c'est sa signature qui est recherchée, et nul ne peut le braver, par quelque moyen que ce soit pour l'obliger à l'apposer au bas d'un document.
N.V. : Malgré cette réalité, pourquoi les greffiers lui ont opposé l’épreuve de force ?
D.R. : Depuis le vendredi 11 décembre 2009, au cours d'une A.G.E que nous avons spécialement organisée à cet effet, certains amis du Collectif autonome et de la faitière judiciaire ont vainement prêché cette vision. Dès lors, nous les tenants de cette option, nous sommes résignés à rechercher méticuleusement les véritables motivations des bruyants tenants de l'aile dure, dirigée curieusement par un visage de proue de mon bureau, par ailleurs, et c'est là le paradoxe, conseiller technique du Président de la République”.
N.V. : Etes-vous finalement parvenu à cerner leurs réelles motivations ?
D.R.: Notre démarche signe également la paix des braves. En effet, la grève des greffiers ayant suffisamment fait mentir ceux qui ont le privilège de travailler aux côtés du Président et qui lui ont toujours fait croire que dans le système judiciaire, en dehors d'eux, et avec ou sans la participation du greffier, ils peuvent seuls faire fonctionner la justice et accomplir tous ses actes, le greffier n'étant relégué qu'aux tâches mécaniques, il était dorénavant inutile de le démontrer outre mesure. Tous les Ivoiriens ont été témoins que le greffier n’est le manutentionnaire de personne à la justice. Sans lui, a dit la loi, la justice ne peut accomplir sa mission la plus éminente.
L'un des facteurs les plus déterminants de notre démarche est la politisation outrancière de notre lutte corporatiste qui était inacceptable. Cette politisation de notre lutte se situe à deux niveaux.
Au premier niveau, les hommes politiques se sont jetés opportunément sur notre action syndicale pour la décrire comme étant commanditée par le Président de la République et son camp pour retarder le processus électoral, la sortie de crise. la seule manière de leur répondre que c'est archifaux, c'est de demander à nos camarades de reprendre le travail pour échapper à la politique politicienne en permettant ainsi aux uns et aux autres d'explorer ailleurs pour les thèmes de leur campagne électorale.
Au deuxième niveau, et c'est là que nous faisions allusion aux motivations des tenants de l'aile dure menée malheureusement par l’homme de confiance de mon bureau, par ailleurs conseiller technique du Président de la République, les Ivoiriens ont tous été surpris par les graves propos politiciens du camarade Tah Kolaté, se disant chargé de formation du Collectif, dans les colonnes du quotidien officiel d’un parti politique. Tout d'abord, le samedi 12 décembre 2009, le morceau choisi du camarade Tah Kolaté est de s'attaquer gratuitement au Président de la République et à son camp au travers des propos du genre : “Gbagbo refuse de signer notre décret parce qu’il ne veut pas que les élections se tiennent”. Plus grave, dès l'annonce des mesures par le gouvernement le lundi 14 décembre 2009, le même Tah Kolaté - il faut le dire n’a pu tout dernièrement parvenir au grade d’attaché des services judiciaires que grâce à l’appui décisif d’un cadre du FPI en la personne du directeur des concours par ailleurs président du conseil général de Tabou dont il est l’homme de main - dans le même quotidien officiel d'un parti, rebelote : “Gbagbo veut nous remplacer par des greffiers ad hoc pour tricher à l’élection présidentielle”. Les greffiers sont stupéfaits. Quels intérêts à transporter une noble lutte corporatiste des greffiers sur le terrain politique qui n’est pas en quête d’acteurs ? Plus grave, dans la matinée du même mercredi 14 décembre 2009, après leurs déclarations politiciennes, les mêmes camarades nous informent avoir pris contact avec les lieutenants de deux leaders politiques qui devaient nous recevoir et, après entretien, nous apporter leur soutien politique. C'est Ie nageur, lui-même dans sa nudité, qui est sorti de l'eau. Donc, face à une telle situation, nous avons cru devoir prendre notre responsabilité en répondant à ces camarades ainsi : “Comme le Président Gbagbo veut nous remplacer par des greffiers ad hoc pour gagner l'élection par tricherie, camarades greffiers, comme c'est nous qui sommes facteurs de transparence de l'élection présidentielle, reprenons le service afin que le candidat Gbagbo ne trichât point”. Voici l'autre sens de notre démarche.
N.V. : Mais c'est plutôt vous qu'on accuse de rouler pour le Président de la République et même du FPI, votre parti?
D.R. : Lorsque les gens sont en disette d'idées et d'arguments convaincants, ils versent dans l'amalgame et la diversion. Et pour cause! Au regard des démonstrations que je vous ai faites, en quoi mes activités extra syndicales ont-elles interféré sur la lutte sociale que je mène à la tête des greffiers depuis plus de 16 ans. Dans tous les cas, j'exhorte les uns et les autres à combattre leur amnésie. Ceux qui s’agitent bruyamment aujourd’hui feignent d’oublier que l'emblématique Union nationale des greffiers de Côte d'Ivoire a été créée en octobre 1992 et depuis sa création notre syndicat a initié cette lutte pour le changement de la situation statutaire du greffier en vain. Les greffiers, toutes obédiences politiques confondues se souviennent encore comme si c’était aujourd’hui que dès qu’ils avaient entamé leur première grève pour ce même statut, le mardi 24 novembre 1994, le chef de l’Etat d’alors n’avait trouvé mieux que de prendre son avion le même jour pour s’envoler pour Paris. Toutes nos archives l’attestent éloquemment. Même nos multiples démarches à l’effet de voir les organisations syndicales inscrites au protocole d’Etat pour tout juste prendre part aux festivités officielles de l’Etat de Côte d’Ivoire se sont heurtées à une fin de non-recevoir au motif que les greffiers ne sont pas représentatifs d’une corporation d’élite. Il a fallu Laurent Gbagbo pour que la question existentielle des greffiers trouve une solution. Or, depuis sa création, l'UNAGCI a vainement adressé de nombreuses demandes d'audiences aux différents Présidents de la République pour ne serait-ce qu'être reçus. Je détiens les copies des nombreuses demandes d'audiences infructueuses adressées en son temps à ces autorités. Il a fallu l'avènement de Laurent Gbagbo pour que les greffiers mettent pied à la Présidence de la République et se présentent dans le bureau du P.R. quand ils le veulent. C'est une réalité et aucun greffier, quelle que soit son obédience politique ne peut le contester. Les difficultés des greffiers ne sont donc pas nées avec l'avènement du Président Gbagbo. Bien au contraire, lorsque nous ferons le bilan, aucun chef d'Etat ivoirien ne peut se targuer d’avoir prêté attention à la situation des greffiers autant que lui. Les greffiers se souviennent encore parfaitement qu'après une grève observée du 10 au 17 mai 1995, un Conseil des Ministres tenu en juin 1995 avait non seulement décrété le statu quo sur la qualité d'auxiliaire de justice du greffier, mais avait opéré une mortelle ponction sur les salaires des greffiers pour le mois de juillet 1995. Qui dit mieux? Cessons donc d'être amnésiques! A-t-on besoin d'être militant du FPI pour restituer son âme à l'histoire? Les gens nous brocardent dans leurs journaux parce que nous ne mangeons, ni ne buvons point de leur eau faite d'amnésie et de mensonges.
N.V. : Quelle a été l’action du médiateur ?
D.R. : Je n'entends pas trop parler de lui. Il est crédible. Son action va permettre au chef de l'Etat de comprendre davantage les raisons de la guéguerre entre 2 catégories socio-professionnelle condamnées à cohabiliter mais dont les composantes de l'une méprisent, sans juste raison, l'autre dont les composantes sont regardées comme des sous hommes. C'est le lieu de stigmatiser les agissements de certains collaborateurs magistrats du P.R., tel l'opportuniste S.G. du gouvernement Tiéoulou Félix, magistrat n'ayant jamais rendu une décision de justice dans aucune juridiction, qui dit, à qui veut l'entendre, faire du dossier des greffiers, une affaire personnelle, c'est-à-dire que tant que lui Tiéoulou sera S.G., les greffiers ne bénéficieront point d'un décret revalorisant. D'ailleurs, il nous revient qu'il jure sur tous les dieux sanctionner à tout prix les greffiers pour leur dernière action syndicale même si le grand chef se ravisait et décidait autrement. Les greffiers le mettent en garde. D'ailleurs, nous avons pu identifier les autres motifs de sa rage contre Ies greffiers. Le S.G. Tiéoulou, semble-t-il, a un contentieux politico-régional avec le camarade Dohoulou Jean-Pierre, Président de la Mutuelle des greffiers en chef et greffier en chef du tribunal de Yopougon qu’il tient à humilier à tout prix même s'il doit profiter de sa position social temporelle pour préjudicier aux intérêts de toute une corporation.
Entretien réalisé par Charles Bédé