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Politique Publié le lundi 21 décembre 2009 | Le Patriote

Grève des médecins et du personnel soignant : Le service minimum débordé dans les CHU

Assise la tête entre les mains, Dogbo Samira n’en revient toujours pas. Son fils, Jean-Luc, visiblement très malade, traîne par terre. Il est 15h04 mn, ce dimanche 20 décembre. Depuis 14h qu’ils sont arrivés aux urgences du Centre hospitalier et universitaire (CHU) de Cocody, la pauvre dame et son enfant attendent toujours d’être reçus par un médecin. Très affectés certainement par la maladie de cellui-ci, elle ignore peut-être que les médecins et autres agents de santé sont en grève. Et pour la circonstance, seul au niveau des urgences, le service minimum est assuré. Au moment où nous arrivons sur les lieux, plusieurs parents de malades attendent au rez-de-chaussée de l’immeuble principal du CHU de Cocody. Tous vivent le même calvaire que dame Dogbo. «C’est grave ce qui arrive en Côte d’Ivoire. Comment comprendre que notre pays décide de laisser mourir ses enfants de la sorte ? C’est vraiment inhumain !», dénonce avec rage, un jeune homme, la vingtaine environ. Dans l’enceinte du bâtiment des urgences, on court dans tous les sens. Le ‘’petit’’ personnel chargé d’assurer le service minimum, se débat tant bien et que mal. On s’occupe des malades comme on le peut. Mais pas besoin de confort pour assurer le minimum. Ainsi, dans les chambres prévues pour deux, nous constatons la présence de trois, quatre voire cinq malades. Les deux premiers arrivés occupent les lits et les autres se «débouillent» à même le sol. La majorité des personnes dans cette situation sont les enfants. Cela fait bientôt une semaine qu’Oumar Diakité est arrivé au CHU de Cocody avec sa fillette de six ans. Selon lui, les médecins soutiennent qu’elle souffre d’un ictère, caractérisé par la coloration jaune de la peau, des yeux et des muqueuses. «Tout se passait bien. Mais depuis que la grève a commencé, la situation est devenue difficile. Nous sommes obligés de partager la chambre avec plusieurs autres malades. Et naturellement, l’effectif restreint du personnel soignant n’arrange pas les choses. Nous attendons toujours les soins. Mais rien. C’est vraiment la désolation», déplore M. Diakité, les yeux remplis de larmes quand il regarde sa fillette qui se trouve dans un état critique.


«Dans 3 jours, la situation sera incontrôlable»

Interrogé, un infirmier accepte de se confier à nous, mais sous le couvert de l’anonymat. Selon lui, il est entièrement faux de dire que les agents de la santé laissent mourir les malades. «Nous faisons notre part de travail, qui est d’assurer le service minimum. Alors qu’on n’arrête d’accuser le personnel de santé», affirme-t-il. Avant d’ajouter que contrairement à ce qu’on veut faire croire, les médecins et le personnel soignant ont du cœur. «Car le fait même d’assurer le minimum est un grand sacrifice», soutient-il. Selon notre interlocuteur, l’Etat doit nécessairement prendre ses responsabilités avant que les choses n’empirent. «Il est clair que dans trois jours, nous serons face à une situation incontrôlable. Le flux de malades sera tel que le service minimum sera entièrement assailli. Et là, c’est quelque chose à craindre», avertit notre interlocuteur.
De Cocody, nous mettons le cap sur le CHU de Treichville. Il est 1622 mn et le centre est presque vide. Là, la situation est encore plus grave. Car le service minimum ne s’occupe que des malades déjà admis dans les lieux. Les nouveaux arrivants sont tout simplement renvoyés chez eux.
Cette situation devient de plus en plus pénible pour de nombreux Ivoiriens. C’est pourquoi, une prise de conscience collective s’impose. Avant de distribuer les torts, il faut faire le nécessaire vital pour les populations qui souffrent et cela est du ressort de l’Etat.

Diawara Samou
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