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Politique Publié le lundi 21 décembre 2009 | Le Patriote

Les limites de la politique de roublardise

Pour Laurent Gbagbo, «la politique est un métier». Non pas pour faire des propositions de bonne gouvernance à ses compatriotes, mais pour user de malices, de ruses, d’artifices, pour parvenir au sommet de l’Etat et y demeurer…sans rien faire pour le pays. Pour lui donc, «la fin justifie les moyens». Pour ce faire, il a trahi des amitiés, défait des alliances, renié des serments, pour se retrouver à la Magistrature Suprême. Arrivé au pouvoir par le plus curieux des hasards, parce que lui-même n’y croyait pas, Laurent Gbagbo n’a pas varié dans sa trajectoire, ni dans ses pratiques. Il continue de gérer la nation, comme il a rusé avec ses alliés et adversaires, dans l’opposition. A l’aide de subterfuges, de double langage, Gbagbo espérait pouvoir dribbler tout le monde. Avec la grève qu’ils ont initiée, et qu’ils continuent de plus belle, pendant cinq jours encore, les médecins viennent de montrer au camarade socialiste que sa duplicité et sa politique de roublardise ont vécu et ne peuvent plus prospérer en Côte d’Ivoire. C’est le Pr Samba Diarra, qui a su, certainement le mieux, illustrer la personnalité du patron de la refondation, lors d’une interview qu’il nous a accordée: «Gbagbo est comme un homme qui marche avec une cuvette sur la tête et à mesure qu’il avance, les objets ne finissent pas de tomber. De sorte qu’il ne reste plus rien dans la cuvette». Pour dire que, pour avoir trop usé de roublardise dans son rapport avec la classe politique et surtout avec les Ivoiriens, le camarade socialiste ne peut plus abuser quelqu’un dans notre pays. Quand on ne respecte pas la parole donnée, quand on foule au pied sa signature apposée sur les différents décrets pris, documents officiels de l’Etat, on ne peut que susciter la méfiance des autres. Avec Gbagbo, la parole et la signature renvoient à la même réalité de la roublardise. Avec l’affront qu’il vient de subir de la part des médecins, le candidat socialiste apprend à ses dépens que la ruse a des limites. Un dirigeant ne doit pas pouvoir jouer avec son peuple, entreprendre de le rouler dans la farine. Si tant est que ce dernier est le détenteur exclusif du pouvoir, il importe aux autorités, principalement le Chef de l’Etat, de le respecter et de lui tenir le langage de la vérité et de la réalité du moment. Il ne sert à rien de promettre des choses qu’on ne peut pas réaliser. Le risque est grand de se décrédibiliser aux yeux de la communauté, comme c’est le cas précis dans notre pays, depuis l’avènement de la refondation. Laurent Gbagbo ne disait pas autre chose en 1995, lorsqu’il vitupérait contre le PDCI: «quand les dirigeants mentent au peuple, il n’y a pas de République». Cette République existe-t-elle encore sous la Refondation ? Autant le dire tout net. La politique n’est nullement un métier. Elle est l’art de gérer la cité. Cela demande une posture d’homme d’Etat, des compétences avérées et surtout la capacité d’inscrire la morale et l’éthique au cœur des actions.

Bakary Nimaga
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